L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé lundi avoir suspendu « temporairement » les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine qu’elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays, par mesure de précaution.
Cette décision prise samedi fait suite à la publication d’une étude la veille dans la revue médicale The Lancet jugeant inefficace voire néfaste le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l’hydroxychloroquine contre la COVID-19, a indiqué le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse virtuelle.
L’OMS a lancé il y a plus de deux mois des essais cliniques portant notamment sur l’hydroxychloroquine, baptisés « Solidarité », dans le but de trouver un traitement efficace contre la COVID-19.
Actuellement, « plus de 400 hôpitaux dans 35 pays recrutent activement des patients et près de 3500 patients ont été recrutés dans 17 pays », a expliqué le patron de l’OMS.
L’étude a analysé des données d’environ 96 000 patients infectés par le virus SARS-CoV-2 admis dans 671 hôpitaux entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, sortis ou décédés depuis. Environ 15 000 d’entre eux ont reçu l’une des quatre combinaisons (chloroquine seule ou associée à l’antibiotique, hydroxychloroquine seule ou associée à ce même antibiotique), puis ces quatre groupes ont été comparés aux 81 000 malades du groupe témoin n’ayant pas reçu ce traitement.
Les essais menées par l’OMS et ses partenaires concernant l’hydroxychloroquine seront suspendus le temps que « les données » recueillies par les essais Solidarité « soient examinées », a indiqué M. Tedros.
« Il s’agit d’une mesure temporaire », a précisé la Dre Soumya Swaminathan, en charge du département Scientifique à l’OMS.
L’hydroxychloroquine est un dérivé de la chloroquine, prescrite depuis plusieurs décennies contre le paludisme.
L’hydroxychloroquine connaît depuis fin février une notoriété inédite depuis que le professeur français Didier Raoult a rendu publiques plusieurs études, qui selon lui montrent une efficacité de l’hydroxychloroquine associée à un antibiotique, l’azithromycine.
L’effervescence autour de l’hydroxychloroquine a connu un regain lorsque le président américain Donald Trump s’en est fait l’apôtre, au point d’en prendre lui-même quotidiennement à titre préventif. Au Brésil, le ministère de la Santé a recommandé son usage pour tous les patients légèrement atteints.
Lundi, le chef de l’OMS a tenu à rappeler qu’hydroxychloroquine et chloroquine « sont reconnus comme généralement sûrs pour les patients atteints de maladies auto-immunes ou de paludisme ».
Deuxième vague ?
Apparu à la fin décembre en Chine, le nouveau coronavirus a fait près de 345 000 morts sur la planète. Alors qu’il n’existe aucun traitement, ni vaccin, de nombreux pays ont entamé leur déconfinement tout en maintenant les distances de sécurité et les gestes barrières pour éviter une possible deuxième vague.
Interrogé sur cette hypothèse, Michael Ryan, chef du programme d’intervention d’urgence à l’OMS, ne l’a pas écartée, indiquant qu’elle « pourrait être une réalité dans de nombreux pays dans un certain nombre de mois ».
Mais « nous ne pouvons pas déduire du fait que la maladie soit en recul, qu’elle va continuer à le faire, et que nous aurons alors plusieurs mois pour nous préparer à une deuxième vague », a-t-il prévenu. Si nous agissons de la sorte, « nous pourrions avoir un deuxième pic dans la foulée de la vague » qui vient d’avoir lieu, a-t-il ajouté.