CINÉMA : « 1776, Thierno Souleymane Baal Et La Révolution Au Fouta » Un sujet fascinant et crucial, mais un film peu génial

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SENTV : Réalisé par Moe Sow, le film « 1776, Thierno Souleymane Baal et la révolution au Fouta » a été projeté, le mardi 3 septembre, en avant-première, au Cinéma Pathé Dakar. Le rendez-vous a enregistré une forte affluence et une auguste audience qui ont répondu plus à la grande importance de son sujet qu’à la qualité cinématographique du film.
Par Mamadou Oumar KAMARA
L’avant-première du film « 1776, Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta » a été reçue, mardi 3 septembre, au Cinéma Pathé Dakar. Cette docu-fiction, réalisée par Moe Sow, célèbre la mémoire et l’héritage du mythique Thierno Souleymane Baal, père de la révolution tooroodo et de l’État théocratique du Fouta en 1776. Dès le 18e siècle, cet homme religieux et guerrier a instigué cette révolution qui a généré un régime politique dénommé l’almamyat, qui a vu succéder à la tête du Fouta 35 almamys sur 114 années jusqu’à l’occupation coloniale française. « Le régime politique de l’almamyat était basé sur une constitution écrite qui proscrivait la corruption des élites, la succession dynastique, le monopole du pouvoir par un seul groupe clanique, la violence faite aux femmes, aux personnes âgées et aux enfants. En lieu et place de la naissance, l’almamyat avait institué la compétence, l’intégrité et le mérite comme seuls critères de choix des almamys, dirigeants religieux et politiques du pays », rappelle le président de l’Association Thierno Souleymane Baal, Général Ousmane Kane. Ces critères fondateurs du Fouta, poursuit le général à la retraite, montrent que nos ancêtres avaient sérieusement réfléchi, il y a 240 ans, à un projet de société africaine fondée sur la souveraineté, l’égalité, les droits humains et la reddition des comptes.
Toutefois, la promesse des fleurs n’a pas été tenue. Pourtant, dès l’annonce de la projection du film « 1776, Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta » réalisé par Moe Sow, le public s’est montré très enthousiasmé au regard du sujet, du héros raconté et de sa portée historique. Seulement, la réalisation a déçu sur bien des points. Cette docu-fiction de 55 minutes, a ses scènes jouées sur fond vert, avec des décors recréés en postproduction. L’acteur principal, interprété par l’anglais Oris Erhuero, a vu sa voix être doublée passablement, avec un asynchronisme bien marqué dans une version originale française. Sur le jeu d’acteur, en passant, on a plus eu droit à une interprétation théâtrale. L’histoire du héros a été bien tenue par les interventions des historiens et philosophes interviewés. Sinon, la couture du récit n’est pas parue aussi limpide. Les effets numériques n’ont pas connu une meilleure maitrise, avec le décor ou les couleurs qui tremblent sur certaines scènes. Le maquillage des femmes n’était pas à propos sur ce film d’époque (18e siècle), de même que le musique (avec du synthé), notamment sur la scène de la réception royale. « La scène où Thierno tuait ses adversaires maures face-à-face à coups de chapelet m’a gêné. On dirait qu’on s’est plus basé sur les récits populaires. Avec la bande-annonce, je m’attendais à un grand moment de cinéma avec des effets spéciaux et une profonde recherche », souffle un spectateur, qui retient que l’essentiel reste toutefois d’avoir fait le film et de parler de ce grand héros.
Le réalisateur a bien semblé se reposer sur la fascination que suscitent le héros Thierno Souleymane Baal, la révolution tooroodo et l’architecture de la république théocratique du Fouta.
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Promouvoir notre imaginaire
L’avant-première du film « 1776, Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta », le mardi 3 septembre, au Cinéma Pathé de Dakar, a été un événement, sans conteste, avec l’engouement et la palette des invités. On comptait le Premier ministre Ousmane Sonko, le Haut représentant du Président de la république, Aminata Touré, la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, le Secrétaire d’État à la Culture, Bakary Sarr, ainsi qu’une significative présence du monde du cinéma et de la communauté halpulaar.
Une autre salle du Cinéma Pathé (Salle 6) a d’ailleurs été ouverte pour une projection simultanée. La présence d’anciens généraux notables de l’Armée affirme en même temps le caractère martial du Thierno. Le film, avant même sa découverte, était en train de connaitre un succès grâce à son sens historique et politique.
« En mettant en lumière ces figures historiques telles que Thierno Souleymane Baal, nous renforçons notre identité nationale et éduquons notre jeunesse sur les valeurs de courage, de justice et d’équité. La Révolution du Fouta, avec ses idéaux de justice et d’égalité, constitue une source d’inspiration fondamentale pour le projet que porte notre Gouvernement », a déclaré la ministre chargée de la Culture. Le Premier ministre, qui a pris le film en cours, s’est aussi enthousiasmé de cette initiative. « Nous souhaitons que (…) nos grands hommes, nos résistants qui ont connu des révolutions, qu’ils soient des chefs coutumiers ou religieux, soient célébrés à travers des œuvres de cinéma », a réagi Ousmane Sonko. Il a, par ailleurs, souhaité que ces films soient diffusés dans tout le pays. Le Premier ministre a aussi assuré du soutien de l’État du Sénégal aux acteurs culturels, des producteurs et des œuvres qualitatives qui célèbrent nos identités et promeuvent notre imaginaire.
Le Général Ousmane Kane, lui, considère que « les efforts de réarmement moral de la jeunesse cadrent avec le retour aux valeurs endogènes de la République du Fouta de 1776 » avec lesquelles il faut renouer. Dans le même sillage, la ministre Khady Diène Gaye a relevé l’importance des arts pour préserver notre mémoire collective, en faisait non seulement honneur à notre passé, mais en inspirant et éduquant aussi les générations actuelles et à venir.
M. O. KAMARA
Le Soleil

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