Comment le coronavirus s’est imposé au monde

0

Pour la France et ses voisins, l’heure est au dé confinement prudent. De nombreux pays européens commencent doucement à rouvrir activités, écoles, parcs et restaurants. La Commission européenne devrait même proposer une levée “progressive et partielle” des restrictions aux frontières.

Mais cela ne veut pas dire que la pandémie de Covid-19 est derrière nous. Déjà, car le coronavirus circule encore sur les territoires. Mais surtout, car “bien que la situation en Europe s’améliore, dans le monde elle s’aggrave”. C’est le cri d’alerte lancé mardi 9 juin par le dirigeant de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le nombre de cas confirmés dans le monde, désormais supérieur à sept millions, a augmenté de plus de 100.000 sur neuf des dix derniers jours, et même de 136.000 dimanche, “le bilan le plus élevé jusqu’ici”, a-t-il précisé. Près de 75% des nouveaux cas enregistrés dimanche l’ont été dans 10 pays, principalement sur le continent américain et en Asie du Sud.

Notre vidéo en tête de cet article permet de mieux se rendre compte du déplacement de l’épidémie dans le monde, depuis l’apparition du coronavirus Sars-Cov2 en Chine. Le Pakistan et l’Inde par exemple, qui entament pourtant leur déconfinement, voient la maladie progresser fortement ces derniers jours, de même que le Brésil ou encore le Pérou.

La comparaison entre pays dans le temps est nécessaire pour comprendre l’évolution de la pandémie, alors que de nombreux États envisagent un déconfinement, malgré un nombre de cas en hausse. Mais il faut faire attention à ne pas comparer n’importe quoi, n’importe comment.

Lire entre les courbes
L’élément essentiel à regarder, c’est surtout l’évolution dans le temps plutôt que le nombre exact de cas ou de morts. En effet, ces données sont obligatoirement plus ou moins biaisées en fonction des méthodes de comptage de chaque pays.

Pour réaliser cette vidéo, nous avons choisi de nous appuyer sur les chiffres consolidés par Our World In Data, géré notamment par des chercheurs de l’université d’Oxford et référence de nombreux scientifiques (nous avons également lissé les chiffres quotidiens en réalisant une moyenne sur 7 jours, afin d’avoir une lecture du graphique plus lisible). Mais, quelle que soit la qualité de cette synthèse, elle n’efface pas des biais très clairs qui invitent à lire ces chiffres avec précaution, comme précisé dans notre vidéo.

Le nombre de cas répertoriés est ainsi totalement dépendant de la capacité de dépistage de chaque pays. Par exemple, pendant le confinement, la France a très peu testé sa population, à l’inverse de l’Allemagne, ce qui veut dire qu’une grande partie des infections est passée sous les radars (une situation qui a changé depuis le déconfinement). Au Brésil, les experts estiment que le nombre de cas pourrait être jusqu’à 15 fois plus élevé en raison de l’absence de dépistage massif dans ce pays de 210 millions d’habitants, rappelle l’AFP.

Si l’on prend cette fois en compte le nombre de décès quotidien, ici aussi, il peut y avoir des biais similaires. Par exemple, le nombre de morts en France semble exploser à certaines périodes pour redescendre: c’est simplement que les décès en Ehpad ne sont pas annoncés tous les jours. En plus de ces éléments, il faut rajouter le délai: plusieurs jours, voire semaines, peuvent séparer le moment où une personne contracte la maladie, développe les symptômes, se rend à l’hôpital puis décède.

Il faut donc plutôt se concentrer sur l’évolution de ces chiffres au long court, évolution qui permet de voir l’épidémie exploser, mais aussi refluer dans différents pays. Voire repartir à la hausse, comme au Pakistan ou en Iran. Une dynamique qui confirme bien que si certains pays, en Europe et en Asie, ont réussi à endiguer le virus, l’avenir est encore incertain.

- Advertisement -

commentaires
Loading...