SENTV : Le bruit agite depuis plusieurs semaines les milieux complotistes : des puces seraient insérées dans certains masques de protection contre le Covid 19. Une invention folle? Un délire sans fondement? Non, car disons-le clairement : oui, certains modèles sont bien dotés de puces! Seulement, elles n’ont pas le pouvoir de vous espionner… Promue par certains fabricants -c’est loin d’être une pratique généralisée-, cette technologie sert en réalité à connaître… le nombre de lavages effectués sur des masques réutilisables.
Vendredi matin, un auditeur de France Inter, autoproclamé « complotiste », a voulu en avoir le cœur net. « Trouvez-vous normal que certains fabricants proposent des masques avec des puces RFID incorporées? J’ai regardé sur Internet le nombre de fabricants avec puce, c’est impressionnant. Il y a même des vidéos qui circulent, des gens qui décortiquent leurs masques. Quel est l’intérêt de ces puces? », a-t-il lancé à Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, invité de la matinale.
Une puce connue dans la grande distribution
« Je peux vous dire que les masques français en tissu sont excellents, j’en porte tous les jours et ils ont un impact bien meilleur sur notre environnement, on peut les laver, les réutiliser. Ils sont fabriqués en France, à proximité de chez vous et n’ont pas de puce intégrée, je peux vous le garantir », a-t-il éludé. Une réponse pas vraiment calibrée pour calmer les inquiétudes alors que la réalité est pourtant toute simple.
Depuis le début de la crise, une entreprise française commercialise bien des masques à destination des professionnels dotés d’une puce RFID. Cette dernière est connue pour avoir « révolutionné » l’industrie. Apposée sur les cartes bleues ou sur les vêtements à travers une étiquette, elle est directement liée à une antenne.
Une fois activée, « elle émet alors ses données d’identification grâce à son antenne […]. Les informations sont ensuite récupérées et traitées dans la base de données correspondante : nom, prix, stock, validité », explique le CNRS. Surtout, avec une puce RFID, plus besoin du bon vieux code-barres. Elle permet de « scanner une centaine d’étiquettes à la fois, même en présence d’obstacles, et jusqu’à dix mètres de distance », poursuit le CNRS. C’est ainsi qu’à Décathlon, désormais, il suffit de déposer ses affaires dans un bac pour qu’elles soient identifiées par la machine.
« C’est le masque qui est tracé et pas l’utilisateur »
Quelle est l’utilité d’une telle technologie sur un masque contre le Covid ? L’entreprise UBI Solutions a intégré des puces RFID ainsi qu’un flashcode pour que l’utilisateur puisse « contrôler le nombre de lavages avec une application smartphone », peut-on lire sur leur site. Et ainsi ne pas dépasser la limite pour lesquels ils sont certifiés. L’entreprise, qui s’adresse aux professionnels, avait déjà développé ce système pour des draps de lits d’hôpitaux.
Sauf qu’il n’en fallait pas moins pour inquiéter les adeptes de la théorie du complot, qui accusent cette puce de tracer la population. « L’enjeu de cette technologie n’est pas de tracer les faits et gestes des individus ni d’atteindre leurs libertés, assure à Ouest-France Fabrice Zehra, président d’UBI solutions, leader européen dans le domaine. C’est le masque qui est tracé et pas l’utilisateur. Il n’y a aucun lien entre l’identité du porteur du masque et le masque. »
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Les théories autour de cette puce ne sont pas nées avec la crise. « Ce sont surtout les puces sous-cutanées, pas tant celles qui sont dans des objets qui sont régulièrement au cœur de ces théories », rappelle Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch. « Il y a le fantasme d’un contrôle et d’un puçage de la population, pour nous contrôler, pour nous tracer, nous géolocaliser, soit également pour amorcer une phase de transhumanisme. Voire, chez certains, pour nous empoisonner. Ces puces serviraient à nous injecter du poison qui altérerait nos facultés intellectuelles. Il y a toutes sortes de délires derrière ces puces », note Rudy Reichstadt.