SENTV : Le 4 avril dernier, la commission de l’Organisation des Nations Unies pour les droits de la femme et le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes s’étaient penchés sur la question de la polygamie en Afrique. A travers un communiqué largement partagé, l’instance onusienne estime que les mariages polygames constituent une pratique discriminatoire vis-à-vis des femmes et exige son interdiction. Pourtant, cette pratique, combattue autrefois par les féministes, reste aujourd’hui très prisée par une nouvelle génération de femmes en Afrique surtout au Sénégal. Par choix, mais aussi du fait de la pression sociale, elles s’y adonnent. Seneweb a recueilli leur avis.
Âgée de 24 ans, Fatima Sow est étudiante en marketing et communication dans une école de la place. La jeune célibataire est en couple avec un homme marié, depuis quelques mois. Elle ne le cache pas. Son seul rêve, c’est de devenir une « Niarel »(seconde épouse). “Avant j’étais en couple avec un jeune homme célibataire, confie-t-elle. On a vécu ensemble pendant trois ans. Après, je me suis rendue compte qu’il n’était pas prêt à s’engager dans un mariage. On a rompu. Maintenant, tout ce que je rêve c’est de débarquer dans un ménage polygame et créer un peu de bruit. Ça me plait beaucoup. Je n’ai pas peur, car je suis issue d’une famille polygame. Actuellement, je suis en couple avec un homme marié que j’aime beaucoup”.
“Les hommes mariés gâtent bien les femmes”
Fatima assume sa prédilection pour les hommes mariés dans son choix de vie de couple : “Les hommes mariés se montrent beaucoup plus responsables que ceux qui sont célibataires. En plus de ça,ils gâtent bien les femmes. Quand tu sors avec eux,ils te prêtent une attention particulière, ils se soucient de toi, ils font des sacrifices quelle que soit la situation, ils ressentent de la pitié envers toi, ils te montrent qu’ils sont là, ils assument leur responsabilités et dépensent énormément sur toi contrairement aux célibataires. J’ai vu toutes ces qualités chez l’homme avec qui je suis en ce moment. Il est marié mais il s’occupe bien de moi. C’est lui-même qui paie mes études”.
L’étudiante voit la polygamie comme une réelle chance de s’épanouir dans un foyer : Au filles je dis, Dieu vous a donné une chance qui est la polygamie, n’ayez pas peur ça, osez et saisissez-la. Vu que les hommes célibataires ne font plus de déclaration de mariage, la nouvelle tendance exige la polygamie. L’on est passé d’une génération de femmes qui s’opposent farouchement à la polygamie, à une nouvelle génération qui l’assume voire,la revendique. D’ailleurs, mes copines et moi sommes en train de travailler sur un projet qui s’appelle « Dieukeurou Diambour Diambour Thia La » pour libéraliser un peu le marché de la polygamie au sénégal. »
Pour ce qui concerne la note de la Commission des Droits de l’Homme de l’Onu, Fatima a un avis tranché : « Nous sommes musulmans et la religion musulmane autorise les hommes musulmans à avoir jusqu’à 4 femmes. Je ne pense pas que la polygamie soit une pratique discriminatoire envers les femmes. Au contraire, elle est une pratique avantageuse pour les femmes car ça leur permet d’avoir du temps pour bien s’occuper d’elles, une fois que le mari est parti chez l’autre ou les autres femmes. En tout cas, nous les célibataires disons non à l’interdiction de la polygamie”.
“Celui que je vise a deux femmes…”
Dans le même sillage que Fatima, Dieynaba Diop, elle aussi célibataire ne partage pas l’avis de l’ONU. “J’ai 38 ans, un âge avancé, observe-t-elle. Les gens ne cessent de me répéter que je suis en train de vieillir. La pression sociale est intense. Je reçois des déclarations de mariage, mais ça vient le plus souvent d’hommes mariés. Je suis sûre que je finirai par me marier avec un homme polygame. Actuellement, celui que je vise a deux femmes. Je serai sa troisième épouse”.
Sur son choix de vouloir convoler avec un homme qui a deux épouses, Dieynaba décline les mêmes motivations que Fatima : “Ce qui me plaît chez lui, c’est son savoir-vivre, son sens de la responsabilité et sa maturité. Contrairement aux jeunes hommes, immatures qui passent tout leur temps à mentir, à fuir leurs responsabilités et à trahir les femmes, il me traite comme une reine. Il a quand même 66 ans, mais ça ne me dérange pas. Un foyer polygame est mon seul recours, vu que les hommes célibataires ont peur de s’engager dans le mariage.”