SENTV : Elle en a bavé. Sué. Toussé… Mais, l’ancienne correspondante de « L’Évidence » et du journal « Les Échos » dit avoir géré sa peur. Testée positive à la Covid-19, il y a de cela plus de deux semaines, Khady Sène raconte comment elle vit jusque-là avec la maladie à l’hôpital régional de Thiès. Pour Dakaractu, la journaliste revient sur sa prise en charge et raconte l’angoisse et la solitude, ainsi que sa gratitude envers les soignants. Chargée de Com’ dans une structure de la place, elle témoigne de sa crainte d’être montrée du doigt, mais aussi du fait qu’elle souffre, aujourd’hui encore, de symptômes. Témoignage…
« Je croyais que j’avais la grippe… »
« J’ai été testée le 6 août dernier à l’hôpital 10e, à Thiès. Le lendemain vendredi, j’ai reçu le résultat : j’étais positive. Mais, mes symptômes avaient démarré bien avant. Je toussais et j’avais mal à la tête. C’est chez moi que j’avais commencé à développer ses premiers symptômes. C’est-à-dire la fièvre avec des courbatures. Je croyais que j’avais la grippe. Quand j’ai eu ces symptômes-là, presque les même symptômes qu’on ressent à l’état grippal, mon réflexe c’était d’aller voir un médecin. Je n’étais pas certaine que j’étais contaminée. »
« À l’hôpital 10e, il a été confirmé que j’étais infectée par le coronavirus… »
« À l’hôpital 10e, il a été confirmé que j’étais infectée par le coronavirus. J’ai été le deuxième cas confirmé dans la presse thièsoise. Au début, je ne voulais pas que ça se sache. C’est quand j’ai été intérnée que les rumeurs ont commencé à circuler. J’ai craint pour ma vie. J’ai dû attraper la maladie sans le savoir. À l’hôpital régional de Thiès, d’autres symptômes sont apparus : la fièvre et la fatigue intense. On m’a prescrit du paracétamol, de la chloroquine et de la Vitamine C, que je prends depuis quelques jours ».
« Assise sur le sol (…) en pensant que j’allais mourir »
« C’est probablement la période la plus douloureuse de ma vie. Je n’ai pas vu mon enfant depuis environ deux semaines. Je n’ai jamais été aussi malade. Ça a été dur. J’ai aussi perdu le goût et l’odorat. Mais, le pire, c’est la fatigue et les courbatures. Les vomissements m’ont fait pleurer. C’est vraiment douloureux. Il y a quelques jours, je me suis assise sur le sol de la chambre d’hôpital après avoir vomi, en pensant que j’allais mourir. Tout ce que je mangeais, je finissais par vomir. Des fois même, tu as envie de vomir mais rien ne sort. Chaque partie de mon corps souffrait. Je n’arrive plus à dormir. Aujourd’hui, la plupart des symptômes ont disparu. L’odorat et le goût reviennent progressivement ».
« Les médecins nous ont dit « tant que vous avez le moral, vous vaincrez n’importe quelle maladie »… »
« J’ai vu des personnes âgées qui développaient des formes graves de la maladie. Certaines ont été emportées par le coronavirus. Elles sont décédées. En regardant tous ces cas, je ne veux même pas y penser. C’est tellement pesant. Heureusement, il y a un groupe de soignants qui nous permet de nous sentir moins seuls. J’ai envie de dire que je suis dans de bonnes conditions même s’il y a toujours la peur. Les médecins nous ont dit « tant que vous avez le moral, vous vaincrez n’importe quelle maladie ». Après, je ne me suis pas beaucoup inquiétée et même l’équipe médicale a été surprise de me voir très joyeuse . »
« À l’hôpital régional (de Thiès), il y a des patients qui, après leur sortie d’hôpital, ne veulent pas que les gens sachent qu’ils avaient le coronavirus… »
Aujourd’hui, on a souvent tendance à faire comme si choper le virus résultait d’un acte délibéré. Certains développent un sentiment de rejet. C’est qui m’a motivé à faire ce témoignage. J’entends souvent les gens dire que le coronavirus, ce n’est pas une maladie honteuse. C’est vrai, parce qu’il y a eu beaucoup de gens qui ont eu la maladie et qui sont guéris aujourd’hui. À l’hôpital régional (de Thiès), il y a des patients qui, après leur sortie d’hôpital, ne veulent pas que les gens sachent qu’ils avaient le coronavirus. Je pense qu’ils auraient pu être importants dans la communication, dans l’approche communautaire. La stigmatisation n’est pas bien. Il faut qu’on arrive à faire comprendre aux gens que la Covid-19 est dangereuse. »
« J’espère qu’un jour je guérirai complètement… »
« Si Dieu le veut, tout ça fera partie de notre passé et les choses redeviendront normales. Pour moi, je rêve d’un retour à la normale. J’espère que tout va s’arranger. Nous allons nous en sortir. J’espère qu’un jour je guérirai complètement… »
Dakaractu