“Crise scolaire : le problème n’est pas Ngol Ngol, mais Macky”

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SENTV : De grâce ne perdons pas du temps et de l’énergie à ergoter sur les propos du pauvre Tall NGol NGol. Il est chroniqueur dans la sphère de l’émotionnel.

Les gens parlent le plus souvent sous le coup de l’émotion et rarement sur la base de la raison. Les propos de Ngol Ngol relèvent davantage de l’émotionnel que d’autre chose. L’ignorance est toujours insolente dit fort justement l’adage.

Il ne faut donc pas lui en vouloir autant. Chacun parle en fonction de son niveau d’entendement. Averroès (Ibn Rushd) faisant la distinction de ces niveaux d’entendement a classé les hommes en fonction des types d’argument qui leur convient :

1. Il y a des hommes simplement influencés par les mots : ils utilisent les arguments oratoires ou d’exhortation
2. Il y a des hommes capables d’interpréter : ils utilisent les arguments théologiens.
3. Il y a enfin les hommes capables d’interprétation certaine et de démonstration : ils utilisent les arguments savants.

“Lëg mën naa daw, waaye àttanul teg”. Ce n’est pas parce qu’on parle bien qu’on a de la science, sinon les tonneaux vides seraient des amphithéâtres ! La langue de Ngol Ngol a fourché, mais il n’est qu’un symptôme du dérèglement que la télé a introduit dans la société sénégalaise.

Le mal du siècle provient d’une confusion des genres et des stations. Lorsque le savant descend de son piédestal scientifique pour utiliser des arguments d’exhortation (incitation, propagande ou Xiirtal en wolof) ; lorsque l’ignorant prétend tenir tête au savant en balançant des idées et des formules savantes qu’il glane à la foire de l’opinion publique toujours frivole et versatile ; lorsque le théologien, pour des honneurs et des privilèges matériels, pervertit les versets ou les travestit en marchandise, la société est le théâtre de la plus grande tartufferie.

Si je vous dis que tout ça c’est Macky et sa politique, vous allez me dire que je suis trop dur envers lui. Mais que voulez qu’il se produise dans la cité lorsque celui qui gouverne donne de l’argent à des chroniqueurs parce que simplement ils lui sont favorables ?

Monsieur Ngol Ngol ne sait pas que les enseignants travaillent jour et nuit : un enseignant qui ne fait pas de la recherche n’en est pas un, c’est un répétiteur de ce qu’il ne comprend pas et c’est grave ! Un enseignant corrige à la maison et exploite le résultat de ses recherches pour préparer ses cours. S’ils ne bénéficiaient des vacances (destinées d’abord aux apprenants !) ils mourraient tous et deviendraient fous en l’espace de quelques années. Monsieur Ngol Ngol ignore ce que vivent les enseignants : votre serviteur est de la hiérarchie A1, mais par respect pour mes collègues, je ne présentai pas ici mes premiers bulletins de salaire, sous le régime socialiste. Je dirai simplement qu’il y a beaucoup de menteurs dans ce pays. Les luttes syndicales ont permis de débloquer le salaire misérable des enseignants.

Monsieur Ngol Ngol ne sait pas que l’enseignant du public ne peut être comparé à celui qui évolue dans l’enseignement confessionnel : c’est l’école de la République qui embauche des fonctionnaires. Allez demander aux maîtres coraniques de laisser l’Etat gérer le secteur et vous verrez pourquoi cette comparaison est un non-sens. Monsieur Ngol Ngol, ce n’est ni scientifique ni éthique de généraliser à partir de quelques cas négligeables dans une masse nécessaire. Que quelques enseignants ne payent pas le loyer ou soient entretenus par des villageois, ce n’est pas une règle, mais une exception. Monsieur Ngol Ngol, ne sait pas que nous détestons la grève, qu’elle nous pose des problèmes éthiques, qu’elle est difficile à supporter pour un enseignant, que nous n’allons en grève que la mort dans l’âme.

On aime tellement nos élèves ! on aime tellement travailler (le fait de travailler est en soi un moyen d’épanouissement (Ndax kuuy xala disa jaayu…). On aime tellement notre métier ! Les enseignants ne sont pas des étrangers, ils sont patriotes, mais ce serait illusoire de penser qu’ils vont se laisser coacher par Monsieur « wax sa xalaat », car « Ganaar du am faru siiru ».

Alassane K. KITANE

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