Crises en ex-URSS: les limites de l’influence russe

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SENTV : Biélorussie, Haut-Karabakh et Kirghizstan : ces dernières semaines ont vu la multiplication des crises dans l’espace post-soviétique. Ces crises à répétition suscitent l’inquiétude à Moscou, mais aussi un constat d’impuissance, car le Kremlin ne parvient pas à jouer le rôle d’arbitre qui lui revient depuis la fin de l’ère soviétique.

C’est dans le Haut-Karabakh que l’impuissance russe est la plus flagrante. Après deux semaines d’attentisme, les efforts diplomatiques déployés par Moscou se sont soldés par un échec cinglant. La trêve négociée dans la nuit de vendredi 9 à samedi 10 octobre par Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a volé en éclats en seulement quelques heures. C’est un désaveu pour Moscou qui entretient pourtant de bonnes relations avec l’Arménie et avec l’Azerbaïdjan et qui, en 2016, n’avait eu besoin que de quatre jours pour faire taire les armes dans l’enclave indépendantiste à majorité arménienne.

Quatre ans plus tard, l’influence russe semble s’être érodée dans une région qui fait pourtant partie de son étranger proche, et de sa zone d’influence traditionnelle. La diplomatie russe va peut-être réussir malgré tout à renverser la vapeur, et à imposer une trêve durable ? Sergueï Lavrov continue à s’y employer en recevant ce lundi à Moscou son homologue arménien. Mais pour l’instant, c’est une guerre meurtrière qui se joue dans le Caucase, à une centaine de kilomètres seulement de la frontière russe. Une source d’incertitude et de déstabilisation majeure pour toute la région, et donc pour la Russie.

Le dilemme biélorusse

La guerre dans le Haut-Karabakh a éclaté alors que deux autres alliés de la Russie, la Biélorussie et le Kirghizstan, sont déstabilisés par des troubles post-électoraux. Premier problème pour Moscou, ces deux pays appartiennent aux deux alliances politiques et économiques fondées par la Russie pour renforcer ses liens dans la zone post-soviétique : l’Organisation de sécurité collective et l’Union économique eurasiatique. Un affaiblissement particulièrement inquiétant dans le cas de la seconde alliance, qui ne compte que cinq membres, et parmi eux l’Arménie.

Seconde difficulté, la contestation dans la rue d’élections truquées est un scénario qui déplaît fortement à Moscou, où l’on craint tout autant ce qui est forcément considéré comme des « révolutions de couleur » manipulées de l’étranger, que l’effet de contagion que ces mouvements pourraient créer dans la région.

Face au risque de contagion, et d’affaiblissement de ses principaux alliés, le Kremlin ne dispose que d’une marge de manœuvre réduite, et d’un choix pour le moins cornélien en Biélorussie. Si Vladimir Poutine lâche Alexandre Loukachenko, ce sera analysé comme un aveu de faiblesse, mais s’il le soutient malgré tout, il risque de se mettre à dos durablement une bonne partie de la population biélorusse.

La Turquie et la Chine aux aguets

Après avoir donné l’impression, ces dernières années, de se servir des crises et des rapports de force pour renforcer la place de la Russie sur la scène internationale, Vladimir Poutine est confronté à des soubresauts qui affaiblissent ses alliés, et qui témoignent d’une perte d’influence régionale.

Cette accumulation de crises est porteur d’un autre péril pour la Russie de Vladimir Poutine, car les pays de l’ex-URSS sont courtisés par plusieurs puissances régionales. En Asie centrale, c’est la Chine qui est aux aguets et qui dépense énormément d’argent pour investir dans les pays de la région. En témoignent les mégaprojets d’infrastructure liées à la « nouvelle route de la Soie ».

Dans le Caucase, c’est la Turquie qui aimerait concurrencer Moscou, comme le montre son soutien à l’offensive azerbaïdjanaise sur le Haut-Karabakh. Enfin, en Biélorussie, le risque existe de voir une partie de la population se détourner de la Russie pour lui préférer l’Europe – comme ce fut le cas en Ukraine en 2014.
« 2020 est l’année où la Russie aperçoit le fond du gouffre, résume dans un éditorial le quotidien à grand tirage Moskovski Komsomolets, et nous ne pensons pas au coronavirus, mais bien à la politique étrangère ».

RFI

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