Croissance, Déficit Budgétaire, Dette, Subventions : Les notes du Fmi au Sénégal

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SENTV : L’économie sénégalaise poursuit son renouveau après les nombreux chocs qui l’ont secouée. La deuxième revue du programme de réformes économiques du gouvernement du Sénégal soutenue par le Fmi a été l’occasion de déceler les belles performances et les niches d’amélioration. Pour 2025, le Sénégal table sur une croissance de 10,1 %, soit la plus forte de l’Afrique subsaharienne.
Après un séjour de deux semaines au Sénégal, la mission du Fonds monétaire international (Fmi) conduite par Edward Gemayel a livré, hier, lors d’une conférence de presse à Dakar, ses constats sur l’économie sénégalaise. Pour 2024, a indiqué le chef de mission, les projections pour la croissance sont maintenues à 7,1%, soit l’estimation faite à l’issue de la visite en avril. Même s’il estime que ce taux constitue une baisse par rapport aux prévisions antérieures qui tablaient sur 9,3%, le chef de mission du Fmi indique qu’il s’agit d’une performance assez considérable. « Pour ce qui est de l’inflation, elle va continuer à baisser et on sera en deçà des 4% (3,9% plus exactement). Pour 2025, la croissance est projetée à 10,1% et l’inflation devrait continuer à baisser à peu près à 2% », a-t-il ajouté. Selon M. Gemayel, si les perspectives économiques à court terme ont été légèrement revues à la baisse, cela s’explique essentiellement par les tensions socio-politiques en début d’année, ainsi que le retard supplémentaire dans la production des hydrocarbures. Toutefois, au plan sous-régional, le Sénégal enregistre les meilleures performances. En effet, la croissance moyenne an Afrique subsaharienne est estimée à 3,8% en 2024 et 4% en 2025. De même pour l’inflation, ajoute M. Gemayel, pour 2024 et 2025, la moyenne subsaharienne est au-delà de 10%, contre 3,9% cette année et 2% en 2025 pour la zone Uemoa.
1800 milliards de FCfa pour les subventions à l’énergie sur les trois dernières années
Cette mission du Fmi qui entre dans le cadre de la deuxième revue du programme économique et financier soutenu par le Mécanisme élargi de crédit (Mec), la Facilité élargie de crédit (Fec) et la Facilité de résilience et de durabilité (Frd) a été l’occasion de passer en revue les forces et faiblesses des finances sénégalaises. Et les experts ont remis le doigt sur les subventions. Selon le chef de mission du Fmi, rien que pour les trois dernières années, le Sénégal a dépensé près de 1800 milliards de FCfa en subventions pour le secteur de l’énergie, dont 500 milliards de FCfa cette année.
En ce qui concerne la politique budgétaire, le déficit de cette année va être de 4,6%. « L’objectif initial était d’atteindre 3,9% du Pib, mais on a tablé jusqu’à 4,5% du Pib », précise M. Gemayel. Mais, selon lui, cette situation ne manque pas d’explications. Elles ont pour noms, paiement élevé de la dette, accroissement des subventions à l’énergie… « Pour 2025, il serait très important que le déficit soit à 3% du Pib afin de créer un coussin budgétaire au cas où d’autres crises surviendraient », conseille le chef de mission du Fmi. Ainsi, a-t-il dit, il est important de réduire le niveau de la dette afin de la rendre soutenable. Ce qui permettra également de maintenir les taux d’inflation à la baisse. Au niveau du budget, l’assainissement des finances publiques devrait continuer en 2024-2025 à quatre niveaux, notamment la mobilisation des recettes fiscales pour atteindre un taux de pression fiscale de 20%, la rationalisation des exonérations qui pèsent sur le budget et constituent un manque à gagner considérable au niveau des recettes, soit entre 800 et 900 milliards de FCfa.
Oumar FÉDIOR
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BAISSE DES PRIX DES DENRÉES
Le Fmi pour un ciblage des ménages vulnérables
Même s’il approuve la baisse des prix des denrées de première nécessité, le Fmi estime qu’il est possible de faire mieux. Selon M. Gemayel, il est important de cibler les ménages vulnérables et leur faire profiter de ces mesures. « Ce sont des mesures qui ne sont pas ciblées. Donc, même les Sénégalais qui n’ont pas forcément besoin de ces baisses en ont profité », regrette le chef de mission du Fmi. Pour M. Gemayel, cela peut peser sur le budget de l’État. Le Fmi souhaite que ces subventions soient des mesures plus ciblées, mais surtout neutres au niveau du déficit du budget qui est à 4,5% du Pib cette année. « La position du Fmi pour aider les couches vulnérables a toujours été de dire qu’il est préférable de faire des transferts de cash. Cela donne plus de flexibilité aux ménages. À travers le Registre national unique, le Sénégal a déjà un dispositif. Il faut que l’aide soit en nature et neutre sur le budget », a-t-il indiqué. Selon M. Gemayel, il ne s’agit guère d’éliminer les subventions, mais plutôt de les cibler. Par exemple, a dit le chef de mission, en mettant autant d’argent sur l’énergie et en ne ciblant pas les bénéficiaires qui en ont le plus besoin, cela empêche le Sénégal de dépenser sur l’éducation, la santé…« Par exemple, le Fmi au Sénégal ne devrait pas bénéficier de subventions. Il y a des ambassades, des partenaires internationaux…il est inconcevable que ça continue. Ils n’en ont pas besoin. Il faut plutôt augmenter les dépenses sociales, afin d’aider les ménages vulnérables », a-t-il plaidé.
O. FÉDIOR
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EUROBOND
Le Fmi pour une réorientation du surfinancement
Le Sénégal a récemment levé près de 450 milliards de FCfa sur le marché des euro-obligations. Pour le Fmi, il y a un surfinancement pour cette année. C’est-à-dire, explique M. Gemayel, le gouvernement a plus de liquidités dont il n’a pas besoin. « Nous sommes en train de discuter avec le gouvernement pour utiliser ce surfinancement afin de faire des opérations de gestion de passifs. C’est-à-dire racheter une dette à court terme, plus coûteuse, par cette liquidité qui est un peu plus à long terme et moins coûteuse. Ceci permettra de baisser le niveau de la dette. Ensuite, réduire ce surfinancement, parce que c’est de l’argent que le gouvernement peut réutiliser autrement et renforcer la soutenabilité de la dette, pour préparer un coussin pour les éventuelles crises », a conseillé Edward Gemayel.
O. FÉDIOR
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230 milliards de FCfa espérés du Fmi
Au sortir de la mission, la satisfaction est le sentiment le mieux partagé. Selon M. Gemayel, dans l’ensemble, tous les critères d’évaluation ont été respectés. Mais, dit-il, des discussions vont se poursuivre et des accords seront conclus sur, par exemple, la révision de la nouvelle formule de prix pour les produits pétroliers, la finalisation de l’audit de la Senelec, la facilité pour la résilience et la durabilité…À terme, a-t-il dit, toutes ces études seront soumises à l’appréciation et à l’examen du Conseil d’administration du Fmi, si tout va bien, assure M. Gemayel, « le Sénégal pourra accéder à 230 milliards de FCfa ».
O. FÉDIOR.

 

Le Soleil

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