Dix années de turbulences pour la Coupe d’Afrique des nations

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Le 15 mai 2010, la Confédération africaine de football décidait que la Coupe d’Afrique des nations (CAN) allait à nouveau avoir lieu les années impaires. Dix ans plus tard, l’organisation de la CAN a résisté à bien des turbulences, entre guerres, épidémies et réformes. Mais ce n’est peut-être pas fini…

Le 15 mai 2010, quatre mois après une Coupe d’Afrique des nations (CAN) houleuse en Angola, la Confédération africaine de football (CAF) prend une décision majeure : la CAN va  à nouveau avoir lieu les années impaires. Le but : éviter que la compétition préférée des Africains se déroule les mêmes années (paires) que la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques.

La CAN sort alors d’une décennie globalement stable et positive, si l’on excepte évidemment le drame de Cabinda. La formule à 16 équipes (inaugurée en 1996) a trouvé son rythme. Toutes les phases finales se sont déroulées dans les pays prévus : au Mali en 2002, en Tunisie en 2004, en Égypte en 2006, au Ghana en 2008, en Angola en 2010. Quant à la deuxième co-organisation de l’histoire du tournoi – après un attelage forcé Ghana-Nigeria en 2000 – elle s’avèrera  convaincante. Mais c’est justement après l’édition 2012 au Gabon et en Guinée équatoriale que les choses se sont gâtées.

Guerres en Libye

En 2010, la CAF, pleine de confiance, demande ainsi à la Libye d’organiser la CAN 2014 avec une année d’avance. La Première guerre civile libyenne en 2011 et l’intervention de forces étrangères menées par la France balaient toutefois ce projet. Face au contexte très précaire, les Sud-Africains sont priés d’abriter la CAN 2013 plutôt que la CAN 2017, confiée en échange aux Libyens. Le temps est alors censé jouer en faveur de Tripoli.

Mais la Deuxième guerre civile libyenne (toujours en cours) force la CAN 2017 à changer de pays hôte, elle aussi. Après un processus raccourci, le Gabon est ainsi désigné en tant que remplaçant.
L’imbroglio Maroc-Ebola

L’Afrique centrale va donc recevoir cet événement sportif majeur pour la troisième fois en six années. Car, après la CAN 2012, la Guinée équatoriale, elle, a dû sauver la CAN 2015. Et ce en deux mois seulement.

Cette fois, ce n’est pas une guerre qui est à l’origine de ce coup d’éclat, mais une épidémie (déjà…). Fin 2013, le virus Ebola commence en effet à faire des ravages en Afrique de l’Ouest, surtout au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée. Des foyers infectieux loin, certes, du Maroc. Mais le Royaume chérifien, qui assure ne vouloir prendre aucun risque, réclame à la CAF un report de la phase finale de quelques mois. Demande refusée par l’instance basée au Caire. Après un bras-de-fer avec les Marocains, la Confédération décide de trouver une nouvelle terre d’accueil à la CAN 2015, afin qu’elle se tienne aux dates prévues.

Une CAN à 24 équipes au pas de charge

En 2017, deux mois après la phase finale au Gabon, nouveau coup d’éclat : l’omnipotent patron de la CAF, Issa Hayatou, doit quitter ses fonctions après 29 années d’exercice. À l’issue de l’élection présidentielle, il s’incline face au Malgache Ahmad. Ce dernier, d’entrée de jeu, annonce son intention d’organiser une grande réflexion autour des compétitions. L’été suivant, le passage de 16 à 24 équipes en Coupe d’Afrique des nations est adopté. Les matches auront par ailleurs désormais lieu en juin/juillet plutôt qu’en janvier/février.

Les pays hôtes déjà désignés sous Issa Hayatou, le Cameroun (2019), la Côte d’Ivoire (2021) et la Guinée (2023), se retrouvent contraints de relever un sacré défi : organiser un tournoi nettement élargi, avec un cahier des charges grandement alourdi.

Le Cameroun de changements en changements

Fin 2018, le Cameroun, déjà en retard pour une CAN à 16 équipes, se voit dessaisi de l’édition 2019, confiée peu après à l’Égypte. La CAF se lance en parallèle dans un difficile exercice de réattribution : les Camerounais se consoleront avec la CAN 2021 promise aux Ivoiriens, tandis que ces derniers se  voient proposer la CAN 2023. Et les Guinéens ? Les voilà tournés vers 2025.

Fin de l’affaire ? Pas pour le Cameroun qui, après discussion avec la CAF, doit héberger la CAN 2021… en janvier/février. On avance l’échéance de cinq mois. Officiellement à cause de la saison des pluies qui rend la pratique du football difficile en juin/juillet.

La Covid-19 va-t-il encore changer la donne ?

L’histoire aurait pu en rester là, sans la Covid-19. La pandémie mondiale de nouveau coronavirus menace désormais la tenue des qualifications pour la CAN 2021. Pour l’heure, CAF et Camerounais n’ont pas de raison de paniquer. Il reste théoriquement encore six fenêtres, à travers trois trêves internationales, pour caser les quatre journées restantes, boucler les éliminatoires, et disputer ainsi cette 33e édition aux dates prévues (9 janvier au 6 février). Mais il reste beaucoup d’incertitudes autour du calendrier du football mondial, en 2020.

En une décennie, la Coupe d’Afrique des nations n’a échappé à aucune surprise, bonne ou mauvaise. Récemment, le patron de la Fédération guinéenne de football, Antonio Souaré, n’a pas exclu l’idée une co-organisation de la CAN 2025 avec le Sénégal. Un projet que les Sénégalais appellent de leurs vœux depuis plusieurs mois. Alors, nouveau rebondissent à venir ?

Auteur : Jeune Afrique 

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