Drame en haute mer : Trois suspects inculpés pour meurtres dans une pirogue de migrants au large des Canaries
SENTV : Les responsables du massacre d’une pirogue sénégalaise placés en détention
Les autorités espagnoles ont incarcéré plusieurs suspects accusés d’avoir perpétré des meurtres à bord d’une pirogue de migrants partie du Sénégal en décembre dernier. Ces arrestations, fruit d’une enquête minutieuse, viennent éclairer un drame qui a coûte la vie à plusieurs personnes avant l’arrivée de l’embarcation à El Hierro, dans l’archipel des Canaries.
Selon des sources judiciaires, les suspects, identifiés comme étant de nationalité sénégalaise, auraient commis ces meurtres sous le prétexte que certaines victimes portaient « malheur » à l’expédition. Les autorités doutent de cette justification et jugent étrange que toutes les victimes soient originaires d’autres pays.
Une traque complexe sur le sol espagnol
L’enquête, coordonnée par le Service d’information des Canaries, a mobilisé les forces de l’ordre sur plusieurs fronts. Les suspects, dispersés entre Tenerife, Madrid, León et Alméria, ont été retrouvés grâce à une opération de repérage basée sur des photos et signalements physiques. Cette mission de traque a exigé une collaboration entre plusieurs provinces espagnoles, compliquée par le fait que certains individus avaient déjà quitté les centres d’accueil.
Finalement, les suspects ont été présentés au tribunal d’instruction n° 1 de La Laguna, sous la direction du juge César Romero Pamparacuatro. Trois d’entre eux ont été placés en détention à Tenerife, tandis que ceux arrêtés à Madrid, León et Alméria ont également été incarcérés. Le procureur en charge de la lutte contre la traite des êtres humains et les crimes transfrontaliers s’est félicité de cette avancée judiciaire.
Témoignages glaçants des survivants
Parmi les rescapés, une femme d’une trentaine d’années a livré un récit bouleversant. Elle a raconté comment son bébé et son frère ont été froidement assassinés avant que leurs corps ne soient jetés à la mer. Une autre victime, un homme ayant perdu son compagnon de voyage et son fils de 18 ans, a décrit une scène de chaos et de violence extrême, alimentée par la panique et la pénurie de vivres.
Les premiers éléments de l’enquête indiquent que la détérioration des conditions à bord, exacerbée par une avarie moteur, a déclenché un climat de tension insupportable. Dans ce contexte, les accusés auraient préféré éliminer ceux qu’ils jugeaient « faibles » ou « perturbateurs », afin d’assurer la poursuite de la traversée vers l’Europe.
Vers une justice pour les victimes
Si les inculpations marquent une étape cruciale dans ce dossier, les associations de défense des migrants réclament une vigilance accrue face à la montée des violences sur les routes migratoires. « Nous devons nous interroger sur les conditions extrêmes qui poussent des individus à commettre de tels actes », a déclaré un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations.
La suite de l’enquête devra déterminer si d’autres responsables sont impliqués et si ces crimes étaient prémédités ou résultaient d’une escalade de la violence en mer. En attendant, les survivants tentent de se reconstruire, tandis que la justice espagnole entend faire toute la lumière sur ce drame maritime.
La rédaction de la SENTV.info
