Le président français s’est rendu dans le petit village d’Egletons pour inaugurer le campus d’une école aux métiers des Travaux publics mercredi 4 octobre. Une visite consacrée à la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle
que veut mener le chef de l’Etat. Mais le déplacement a viré au bras de fer entre Emmanuel Macron et les salariés et d’anciens employés de l’équipementier automobile GM&S. Et à la polémique. En appelant « certains » à aller chercher du travail « au lieu de foutre le bordel », le président français a suscité les réactions outrées de la classe politique, pointant le « mépris » envers les moins nantis.
Lors d’un déplacement en Corrèze mercredi 4 octobre, Emmanuel Macron s’entretenait en aparté avec un responsable local qui évoquait les difficultés à recruter d’une entreprise. « Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas », a répondu le président de la République sans préciser à qui ces propos s’adressaient.
Peu auparavant, sa visite avait été perturbée par un rassemblement de quelque 150 salariés et ex-employés licenciés d’un équipementier automobile, qui se sont heurtés aux forces de l’ordre en tentant de rencontrer le chef de l’Etat.
« J’assume qu’un président de la République puisse nommer les choses et utiliser les mots que nous utilisons tous au quotidien », a répondu jeudi le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, après les vives réactions de l’opposition, qui a une nouvelle fois vu en Macron un « président des riches » coupé des classes populaires.
L’opposition dénonce le « mépris »
Valérie Boyer, porte-parole de Les Républicains a ainsi dénoncé le « mépris » du chef de l’État « pour les Français ». « C’est quoi le problème de Macron avec les gens qui ne paient pas l’ISF ? » s’est interrogé Rachid Temal, porte-parole du Parti socialiste, en référence à la réforme controversée qui allège cet impôt frappant les plus nantis.
« « Chercher du boulot », Macron ne sait pas ce que c’est. Le « bordel », c’est lui ! », a tancé Adrien Quatennens, député de La France insoumise (gauche radicale). Oliver Faure, chef de file des députés socialistes, a pointé « le mépris social pour les « illettrées », les « fainéants » et les « riens » », en référence à de précédentes expressions controversées utilisées par le président français.
Après les « illetrés » de l’entreprise Gad, les « Français qui détestent les réformes » lancé depuis la Roumanie, les « fainéants » prononcés en Grèce, le président Emmanuel Macron allonge donc sa liste de déclarations-choc. Bien qu’ayant fait à chaque fois beaucoup de bruit dans les médias, elles sont sans conséquences immédiates dans l’esprit des Français, analyse le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi : « Cela n’a pas de conséquence sur le court terme, ce n’est pas sur cela que les Français se déterminent, mais il peut y avoir un effet de « poison lent », c’est-à-dire que cette déclaration fasse système avec le sentiment que la politique menée par le président Macron n’est pas une politique juste. »
Selon des proches du chef de l’Etat cités par l’Agence France-Presse, celui-ci « assume sur le fond » ses propos tenus en Corrèze, tout en admettant qu’il n’aurait pas employé un « mot familier » dans le cadre d’un discours officiel.