SENTV : Âgée de 29 ans, la jeune dame présumée voleuse a été arrêtée par deux jeunes qui l’ont attachée avant de tripoter ses seins et faire des attouchements sexuels sur elle, à Sacré-Cœur. Cadre de la fonction publique sénégalaise, selon des informations de L’Observateur, elle a des soucis de santé… mentale, trois jours seulement après avoir rejoint son poste d’affectation dans un ministère.
Les images sont choquantes. Elles montrent une femme tenue en respect par deux gros bras. Des mains tripotant ses seins puis essayant de lui ôter son pantalon. Accusée de vol, la femme subit des attouchements sans broncher. Sans aucune défense, elle subit les assauts de deux jeunes hommes surexcités et qui jouissent du mal et de la souffrance de leur proie. La vidéo balancée sur le Net avec insouciance par le Président exécutif de la section sénégalaise de Amnesty international Seydi Gassama, affole les réseaux sociaux.
Les faits remontent au jeudi 16 juillet dernier, au quartier Sacré-Cœur de Dakar. La vidéo, rapidement devenue virale, a relancé la controverse sur le harcèlement sexuel au Sénégal, dénoncé depuis des années, par des groupes de femmes comme endémique et généralisé. Qui est cette jeune femme prise à partie par deux jeunes ? Est-elle réellement cette «voleuse» comme le prétendent ses bourreaux à travers la vidéo ? Qu’est-ce qu’elle était venue faire dans cette boutique ? Sa sœur aînée vivant en France raconte l’histoire incroyable de sa petite-sœur. Jointe par L’Observateur, elle préfère ne pas décliner son identité, mais confie que sa frangine vit depuis ces derniers jours des moments difficiles. «Cadre dans la Fonction publique sénégalaise, elle traverse une période compliquée sur le plan de la santé. Jeune dame de 29 ans, elle souffrirait de troubles mentaux».
«Elle n’a fait que trois jours à son poste»
Après avoir brillamment bouclé ses études (Bac+5) et décroché un diplôme supérieur au Centre africain d’études en gestion (Cesag), elle a réussi un concours d’admission dans la fonction publique sénégalaise, avant d’être affectée comme cadre administratif, dans l’un des départements ministériels du pays. C’est l’histoire de cette jeune femme de 29 ans devenue tristement célèbre, célibataire sans enfant, qui se raconte comme un film dramatique. «On lui a tout pris, même sa dignité. Il ne lui reste sur Internet que son identité, c’est la seule chose qu’on ne lui a pas prise. Elle ne mérite pas ce traitement», s’indigne sa sœur. La victime était partie pour faire carrière professionnelle dans l’administration sénégalaise au sein de laquelle elle a rejoint son poste la semaine dernière. Mais malheureusement, selon des informations de L’Observateur, la jeune dame de 29 ans n’a fait que 72 heures à son poste avant de se retrouver dans cette situation.
«C’est une fille très courageuse qui a consacré tout son temps à ses études. Elle est très réservée. Elle n’a fait que trois jours à son lieu de travail, révèle-t-on. Elle est fonctionnaire, elle venait juste d’être affectée dans un ministère de la place. Elle a rejoint son poste, le lundi 13 juillet 2020. Le plus dur, c’est quand elle aura repris ses facultés mentales, elle pourra revoir ces images qui vont détruire sa vie. Ça peut lui être fatal.»
Aujourd’hui, sa famille fait face à un dilemme. Elle se retrouve avec une personne qui a complètement perdu la tête. Et à en croire l’ainée de famille, les parents sont plus préoccupés à régler les soucis de santé de leur fille. Elle ajoute : «Ils veulent la soigner. Il y a l’Ong Jamra de Mame Matar Gueye qui nous a proposé de l’aide, sur tout ce qui est soin psychologique et Amnesty International de Seydi Gassama qui nous a proposé un avocat. Nous faisons appel à la justice. Il n’y a personne à Dakar. Elle était seule à la maison avec les parents. Nous sommes tous à l’étranger.»
«Ce qui s’est réellement passé»
Cette sordide histoire a touché toute une famille. Et les proches de la jeune dame sont dans le désarroi. Aujourd’hui, la seule chose qu’ils veulent, c’est retrouver leur fille saine et sauve au prix même de son travail qui serait à l’origine de tous les troubles mentaux. C’est avec une voix étreinte d’émotion que l’aînée de la famille défend que sa sœur «n’a absolument rien volé».
«Tout le monde sait comment les choses se sont passées. Elle était partie au travail lundi, mardi et mercredi. Elle était souvent la première à être bureau. Elle a dit puisqu’elle est souvent la première à arriver au bureau et qu’elle vient d’être recrutée, elle est partie faire de la boutique en attendant que les autres viennent. A ce moment, elle a commencé à perdre la tête, lorsqu’elle entrait dans la première boutique, explique-t-elle. Elle a eu une petite altercation avec le boutiquier avant de lui lancer : «Si tu refuses de me vendre, je vais dans une autre boutique.»
Elle est entrée dans la boutique d’à côté et le premier boutiquier l’y a trouvée en train d’essayer un boubou.» Selon des sources de L’Observateur, la robe de couleur bleue qu’elle porte sur la vidéo, c’est celle-là qu’on l’accuse d’avoir «volée», alors qu’elle l’avait prise pour l’essayage. «Que le gars l’ait traitée de voleuse lui a fait très mal. Et elle a réagi. Deux hommes qui étaient sur place l’ont neutralisée avant de la traîner dans l’arrière-cour d’une maison. Ils l’ont ligotée et harcelée. Ils ont ensuite pris son téléphone portable, son ordinateur et ses bijoux avant de l’amener à la police de Dieuppeul. C’est la police qui a appelé son père pour venir la récupérer. Elle était un peu agitée au Commissariat», poursuit notre interlocutrice.
Elle ajoute que la scène s’est déroulée le jeudi 16 juillet 2020, au quartier Sacré-Cœur. Ce n’est que trois jours après que la vidéo s’est retrouvée sur internet. «Ses «bourreaux» ont eu le temps de bien préparer leur coup avant de publier la vidéo le dimanche 19 juillet 2020».
D’après la sœur de la victime, devant les enquêteurs de la police de Dieuppeul, les «bourreaux» de la jeune dame auraient confié que la victime a saccagé leurs boutiques et aurait blessé l’un d’entre eux à la main. «Mon père s’est déplacé, malgré son âge, pour aller les voir. Arrivé, il a demandé à voir les vidéos surveillance pour comprendre. Et mon père a fini par demander pardon à ces derniers, parce qu’il a compris le comportement de sa fille qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Pourtant, ils ont confié à mon père qu’elle a perdu la tête et leur a dit qu’elle allait essayer par force les habits. En aucun moment, ils n’ont parlé de vol», raconte la même source. La famille de la jeune dame n’écarte pas de porter cette sordide affaire devant la justice.
JULES SOULEYMANE NDIAYE
Deux personnes arrêtées, une troisième activement recherchée
Ils ont voulu se faire justice, mais la situation semble retourner contre les auteurs de la vidéo. Les présumés auteurs de la vidéo dans laquelle une jeune dame accusée de vol est filmée presque nue, ont été arrêtés par la police de Dieuppeul. Des sources de L’Observateur, deux d’entre eux ont été interpellés hier dans l’après-midi du lundi, par les limiers du Commissariat urbain de Dieuppeul. Ils ont été placés en garde à vue pour outrage public à la pudeur. Un troisième mis en cause est activement recherché par les limiers de Dieuppeul. Et d’après certaines sources policières, il aurait été localité dans un coin de la capitale sénégalaise.
JULES S. NDIAYE