Archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye aborde dans cet entretien divers sujets liés non seulement à la vie de l’Église mais aussi des Sénégalais. Il en est ainsi du retard dans la nomination de son successeur au diocèse de Kaolack, du désaccord actuel entre pouvoir et opposition en passant par le silence de l’Église dans le dossier Casamançais ou encore du retard du projet de rénovation de Poponguine dans le cadre du programme modernisation des cités religieuses. Il se prononce aussi sur les tensions récurrentes dans le secteur de l’éducation à l’origine de la mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou Sène.
Le Pèlerinage marial de Poponguine démarre et ce jusqu’au lundi. Comment cela se présente-t-il?
La présente édition du pèlerinage se prépare comme cela se fait tous les ans, d’abord par le choix d’un thème qui est fait sur proposition des différents directeurs des œuvres catholiques du Sénégal. Cette année, ce thème qui est « Ô Marie aide nous à dire oui au Seigneur», veut nous inviter à prendre Marie comme modèle de nos engagements pour que quand nous disons oui, cela demeure ferme, franc, ouvert, actif et concret. Les prêtres, dans les différents diocèses ont normalement, à travers certainement des annonces, célébrations de prières, cérémonies pénitentielles et enseignements, essayé de préparer déjà les fidèles pour que le jour où ils arrivent, ils se soient déjà confessés. Les jeunes se sont mis dans des conditions pour entreprendre la marche qui est un sacrifice. Et puis chacun sait qu’on y va pour prier ensemble et célébrer la foi, mais aussi faire en sorte que nous portions toutes les intentions de prière de notre pays qui va vers l’hivernage et des élections, pour que Dieu bénisse cet hivernage et que les élections se déroulent dans la paix. Nous ne manquerons pas aussi de prier pour notre jeunesse, surtout pour l’école sénégalaise qui depuis 50 ans est malade et a besoin de réformes. Nous portons la vie de notre pays aux pieds de Notre Dame de la Délivrande de Poponguine, pour lui dire : « Aide nous à dire oui au Seigneur ».
L’aménagement du sanctuaire dans le cadre du programme de modernisation des cités religieuses de l’Etat du Sénégal annoncé tarde toujours à se réaliser. Peut-on en connaitre les raisons ?
Poponguine est bien retenu dans le cadre de ce programme de modernisation des cités religieuses initié par l’Etat. Ce qu’on peut considérer comme des lenteurs aujourd’hui vient de mon fait. C’est moi qui ai demandé de revoir le projet, compte tenu de la foule immense qui vient chaque année en pèlerinage. Le projet est de délocaliser le sanctuaire et de l’amener au sommet de la colline, là où se trouve aujourd’hui l’emplacement du village des marcheurs, parce qu’il n’y a pas de possibilité de faire une extension de la cuvette où le sanctuaire se trouve actuellement. Cela a donc nécessité d’autres études de terrain, de nouveaux plans, de valider ces plans et de faire des appels d’offres. Mais tout cela est finalisé aujourd’hui et les services de l’Etat nous ont rassuré sur le démarrage du projet en début de cet hivernage. Donc, les catholiques ne sont pas oubliés, il y a un peu retard dans le démarrage des travaux à cause du fait que j’ai demandé à revoir le plan. Je voudrais donc saluer ici cette vision du président de la République de tenir compte de la dimension religieuse de notre peuple, de lui faciliter les meilleures conditions de son culte en aménageant les cités religieuses.
Le pèlerinage va entrainer un déplacement de beaucoup de personnes vers Poponguine avec tout ce qu’il y a comme risque, surtout au plan de la sécurité routière. quel appel lancez-vous aux automobilistes ?
Cette année encore, je réitère l’appel que je n’arrête pas de lancer et que les responsables de la prévention routière sénégalaise lancent aussi. La route est un lieu de cohabitation, et quand on cohabite, on respecte les règles de la cohabitation. D’ailleurs c’est pourquoi, il y a un Code de la route. A Mbodiène, lors des journées mondiales de la jeunesse, j’ai préconisé qu’on associe à l’examen du permis de conduire un examen de savoir-vivre, parce que la route ce n’est pas une arène de combat, mais un lieu de cohabitation, de convivialité. On se respecte en respectant les règles, comme ça, chacun pourra aller et venir en toute sécurité.
Depuis quelques temps, vous effectuez des visites pastorales dans certaines paroisses de l’archidiocèse de Dakar. Pourriez-vous nous expliquer la portée de ces déplacements ?
C’est important de rappeler que les visites pastorales font partie des cahiers de charge d’un évêque. Il doit aller à la rencontre de ses fidèles et des populations. Etant donné que les communautés sont nombreuses, j’essaie chaque année d’en programmer un certain nombre pour pouvoir faire, au bout de quelques années, le tour. Et dans chaque localité, je prends le temps de rencontrer les gens, de les écouter, de parler de leur vécu, de ce qu’ils rencontrent comme difficultés dans la vie de tous les jours et aussi dans leur vie de foi, des défis auxquels ils doivent répondre. Nous prenons aussi beaucoup de temps pour faire des célébrations eucharistiques et discuter. Parfois les gens posent des questions de doctrine et j’apprécie beaucoup ces grandes assemblées où la parole est laissée à tout le monde, où chacun peut parler de ce qui le préoccupe, surtout en matière de foi. Souvent, les gens nous interpellent sur l’absence de lieux de culte dans leur localité. J’ai fait le secteur rural pendant le Carême et j’ai découvert beaucoup de petites communautés qui n’ont pas de chapelle ou bien celle-ci est vraiment dans un état très délabré. Il arrive aussi que les gens nous interpellent sur ce qui peut améliorer leurs conditions de vie par un accès à l’eau, la promotion de projet en termes d’élevage ou d’horticulture…
Quels enseignements avez-vous tire de ces visites ?
J’ai remarqué des problèmes dans certaines localités qui sont liés à la dispersion des fidèles dans un vaste territoire, surtout au niveau du secteur rural. Cela oblige les prêtres à passer beaucoup de temps, à aller de village à village, de localité en localité. Or ces visites sont indispensables, si on veut maintenir les gens dans la foi. Si le prêtre s’absente, les fidèles se découragent et c’est ce qui a amené qu’on ait abouti à un certain nombre de défaillants : des chrétiens qui ont apostasié parce qu’à un moment donné, des prêtres n’étaient pas suffisamment nombreux ou n’étaient pas disponibles, ou simplement n’avaient pas les moyens de leur travail. Parce que pour sillonner tous ces villages, c’est presque nécessaire d’avoir un véhicule dont ils ne disposaient pas malheureusement.
Donc le défi essentiel est la proximité pastorale : comment faire pour que les prêtres soient proches des fidèles. C’est le défi majeur, parce que les gens ont besoin que le prêtre soit proche d’eux. Ensuite, le deuxième défi, c’est la formation des fidèles dans la foi, parce que les gens disent : « On a été instruit dans la foi, mais au fond il nous est difficile d’expliquer notre foi». Et le dogme chrétien n’est pas toujours très facile à comprendre. Avec la cohabitation avec nos frères musulmans, ces derniers posent souvent des questions auxquelles les chrétiens ne peuvent pas répondre, et ça peut les déstabiliser aussi. A ces situations et interpellations, il faut naturellement ajouter des questions d’ordre économique, notamment des demandes d’appui pour la réalisation de projets pour un mieux-être.
Comment s’expriment-elles ?
La demande récurrente que j’entends depuis que je suis arrivé à Dakar, c’est des communautés qui veulent être érigées en paroisse. Quand on créé une paroisse, cela veut dire que les prêtres sont là disponibles et donc ils vont nous accompagner dans notre vie de foi. Mais, cette demande n’est pas toujours possible à réaliser pour de multiples raisons. D’abord même si on a des prêtres, leur nombre est insuffisant. En plus, nous devons aussi vivre la solidarité avec d’autres diocèses qui demandent des prêtres, et nous avons une quinzaine de prêtres qui sont en service à l’extérieur du diocèse au nom de cette solidarité missionnaire.
L’autre aspect est que si on veut créer une paroisse en dehors de la question du personnel, c’est les infrastructures. En langue grecque,«paroisse» se dit «Paroikia» (ce qui gravite autour de la maison). Et cette maison, c’est l’Eglise ; mais parfois il n’y a pas une église conséquente pour ériger une paroisse. Donc il va falloir trouver les moyens parce que notre archidiocèse, dans sa pauvreté, n’est pas toujours en mesure de construire une Eglise qui répond vraiment à une entité paroissiale.
Qu’est-ce qui explique les lenteurs dans la nomination de votre successeur à Kaolack ?
Ces lenteurs s’expliquent par une concomitance des faits. Vous savez, dans la procédure de nomination d’un évêque, c’est le Nonce apostolique qui est chargé de faire les enquêtes et d’envoyer ensuite le produit à Rome où le résultat de cette enquête est dépouillé et analysé pour sortir un verdict. Mais il s’est trouvé qu’au moment où j’ai été nommé à Dakar, prenait pratiquement fin la mission du Nonce apostolique qui était là, Monseigneur Montemayor. Son départ a créé un vide pendant un certain temps avant qu’un autre Nonce apostolique soit nommé. Il a donc fallu attendre ce nouveau Nonce pour reprendre ce dossier. Ce dernier, aussitôt arrivé à Dakar, a eu une succession de décès dans sa famille. Ce qui l’a amené à s’absenter du pays pendant six mois et cela a contribué à ralentir le processus. Mais le Nonce est de retour et j’espère que les choses vont bientôt se concrétiser. C’est mon espoir. En tout cas, même si je continue à dire toujours : «notre temps n’est pas celui de Dieu. Il se donne le temps de mûrir le choix qu’il va faire pour un bon pasteur à Kaolack».
Où en êtes-vous avec le projet de construction du sanctuaire diocèse à Grand Yoff communément appelé projet Saint Paul ?
Je voudrais préciser qu’en octobre 2017, nous avons célébré une messe à Saint Paul de Grand Yoff, dans la cour du Collège Cardinal Hyacinthe Thiandoum. A cette occasion, nous avons fait la relance du projet Saint de Grand-Yoff qui a été revu dans sa physionomie par un architecte qui a bien voulu reprendre le dossier en main, parce que nous voulons faire quelque chose dont on pouvait minorer le coût et en même être en mesure de remobiliser les personnes. Nous avons produit en cette occasion un prospectus qui doit être distribué dans toutes les paroisses. Ce prospectus fait la situation de ce que nous avons obtenu jusqu’ici comme fonds pour la réalisation du projet selon la grille suivante : participation des fidèles 400 millions. Étant donné que cette somme ne suffisait pas, l’archidiocèse a contracté un prêt de 300 millions qu’il est en train de payer en plus des intérêts. C’est cet argent mis ensemble (700 millions environs) qui a permis de faire les fondations et voilà où nous en sommes.
Maintenant dans le cadre de la relance, j’ai confié à mon vicaire général de piloter le comité de la relance de ce projet, et ils sont en train de faire des réunions pour voir comment renouveler la méthode de collecte de fonds pour qu’on puisse avancer. Le projet a été scindé de telle sorte que nous allons avancer par palier, mais il ne faut s’étonner de rien du tout, puisque les belles cathédrales en Europe, il a fallu des années pour finir de construire certaines. Pour le projet Saint Paul, on a dépassé dix ans, mais on essaie de se relancer et l’Etat a décidé de nous soutenir dans le cadre du programme de soutien aux lieux de culte. Mais je reste convaincu que si nous nous organisons, nous pourrons trouver de l’argent. Car il y a des gens qui peuvent donner plus que ce qu’ils donnent dans nos quêtes qui ne nous font pas avancer. Je suis persuadé au moment où je vous parle, il y a des gens qui sont capables de mettre un million, cinq millions, vingt millions voire davantage, jusqu’à celui qui pourra donner cinq mille francs ou cent francs. Nous ne sous-estimons rien. Je salue l’audace du Cardinal Sarr qui a osé entreprendre ce projet, et je sais qu’il n’arrête pas de prier pour que les travaux connaissent une phase d’exécution qui soit enfin encourageante.
Quel commentaire faites-vous sur le vol d’un cierge pascal à l’église des parcelles qui semble relancer la question de la profanation des lieux de culte ?
Je voudrai surtout ne pas particulariser la profanation parce qu’il y a eu des cimentiers musulmans qui ont été profanés. Cela veut dire qu’il y a des personnes qui mettent en avant leurs intérêts propres. Elles sont à la recherche d’avantages matériels et ne respectent pas ce qui fait la référence et qui donne sens à leurs semblables qui croient en Dieu. Je ne peux que déplorer cela. C’est un manque d’éducation et de respect, c’est de l’égoïsme. Nous avons toujours dénoncé ces pratiques et parfois des cérémonies de réparation ont eu lieu pour nous redonner le sens du sacré qui veut dire que c’est Dieu qui nous a créé et il nous veut saints. Nous n’avons pas le droit de profaner ce que Dieu a créé.
Donc, je déplore ces agressions qui sont faites à l’égard des Chrétiens comme à l’égard des Musulmans. Cela participe d’une mauvaise compréhension de ce que c’est la religion et de ce que doit être le sacré qui est là pour rapprocher de Dieu qui est le Saint pas excellence. Car c’est lui qui nous sanctifie et à travers nos signes, que ce soit des statues à travers nos lieux de cultes, églises ou mosquées, à travers les lieux où reposent nos morts. C’est autant de lieux où nous devons respecter la sainteté de Dieu. J’invite vraiment les profanateurs à convertir leur cœur et ne pas penser que ce monde n’est dominé que par l’argent et par des avantages matériels. Tout cela va finir parce qu’on emporte rien de l’autre côté où nous serons, en face de Dieu. Et si nous avons vécu dans la justice, Il nous dira : venez, entrez dans la joie de votre maitre.
Où en êtes-vous également avec le dossier du deuxième cimetière à Guédiawaye ?
J’ai à plusieurs reprises reçu le Cogecic (Comité de gestion des cimetières catholiques) sur cette question, et nous avions même pris, en son temps, une date pour que j’aille faire une bénédiction des lieux. Apparemment, il y avait des questions pratiques plus sérieuses qui n’étaient pas réglées, et c’est ce qui nous a conduit à intervenir jusqu’en haut lieu. Mais, c’est vraiment le Cogecic qui peut vous donner plus de détails sur l’état des démarches. Mais nous gardions la préoccupation que ce projet soit finalisé et je m’en suis fait l’écho, le 1er novembre dernier, au cimetière Saint Lazare, avec l’assurance que m’a donné Me Augustin Senghor dans le cadre de la collaborations des maires de la région de Dakar, de faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’on ne reparle plus de cette question. Je suis resté sur cette promesse sans pouvoir vous en dire davantage.
Comment vivez-vous les rapts dont sont victimes les enfants ?
J’ai déjà eu à intervenir pour dire que la vie humaine est sacrée, les commandements disent : « Tu ne tueras point ». Pour aucune raison, l’homme n’a le droit d’attenter à la vie de son semblable. Je ne parlerai pas alors de motivations mystiques ou autres, parce que ça n’a pas sa raison d’être. Personne n’a le droit d’attenter à la vie de son prochain. C’est Dieu seul qui est le maitre de la vie et il nous invite à respecter cette vie. Je dénonce avec la dernière énergie tout attentat à la vie humaine.
On n’entend plus l’église dans le processus de paix en Casamance alors qu’elle était au centre de ce dossier. Peut-on savoir les raisons de ce silence ?
Au niveau de la Conférence des Evêques du Sénégal, nous avons insisté pour faire d’abord confiance à nos Evêques qui sont sur le territoire, à savoir monseigneur Paul Abel Mamba, évêque de Ziguinchor et monseigneur Jean Pierre Bassène, évêque de Kolda. Ce sont eux nos porte-paroles et nos facilitateurs pour ce qui peut se faire dans le processus de paix dans cette partie où tantôt on a des accalmies, tantôt des signaux alarmants. Je n’oublie pas également le rôle que le cardinal Sarr a joué, mais vous savez que dans ces questions-là, on ne peut pas dire ce que l’on fait ni qui on rencontre, même si nous sommes informés de tout ce qui se fait.
Toujours dans le cadre de l’engagement de l’Église pour une paix définitive en Casamance, en janvier dernier, au cours de notre réunion mensuelle, nous avions rencontré deux facilitateurs de la crise casamançaise qui nous ont aidés à faire la lecture la plus adéquate de l’incident survenu dans la forêt de Boffa. Ceci pour dire que nous continuons à nous préoccuper de ce dossier, mais nous ne battons pas le tam-tam pour dire ce que nous faisons.
Ensuite, chaque jour que Dieu fait, quand nous célébrons la messe nous prions pour la paix. Cette question est bien dans nos préoccupations mais pour nous, il faut beaucoup de discrétion dans la recherche de la paix. Je pense aussi que le Cardinal Sarr continue à influencer avec son autorité morale sur le processus de la recherche de la paix. « Seigneur Jésus Christ, toi qui a dit à tes Apôtres, je vous laisse la paix, Je vous donne ma paix». C’est cette paix-là que nous demandons pour tout notre pays, la Casamance en particulier.
Comment monseigneur Benjamin Ndiaye apprécie-t-il la situation politique actuelle du Sénégal marquée par la persistance du désaccord entre pouvoir et opposition à moins d’un an de la prochaine présidentielle.
Je peux comprendre que les gens s’activent, parce qu’on va vers des joutes électorales et que chacun rêve de gagner le pouvoir. Je pense que c’est normal que les gens aspirent à la conquête du pouvoir, mais je ne pense pas malheureusement qu’il soit nécessaire d’avoir 300 partis politiques pour un petit pays comme le nôtre. Il y a une ambition démesurée de nos politiciens qui ne savent pas se mettre ensemble. Il faudrait trouver des moyens légaux pour que si un parti politique ne remplit pas certaines conditions, il cesse d’exister parce qu’il y a une prolifération des partis politiques et du discours politique dans la société sénégalaise. On fait comme si on ne doit parler que de politique, alors qu’il y a d’autres préoccupations qui habitent les gens, il faut que les anciens parlent.
Ce n’est pas parce qu’on a un certain nombre de diplômes qu’on est le plus indiqué pour briguer le suffrage universel. Nous avons une histoire : qu’est-ce que nous en faisons ?
Nous avons aussi des valeurs qui nous indiquent que même si on n’est pas d’accord, il y a une manière dite civilisée de dire à l’autre que je ne suis pas d’accord avec toi. Est-ce qu’il faut toujours prendre l’arme de l’insulte, de la violence, ne pas écouter son interlocuteur ?Quelle image va-t-on donner à la génération future si on doit toujours faire du «wéranté». En tout cas si c’est ça, on est encore loin d’une démocratie civilisée.
Après Balla Gaye en 2001 et Bassirou Faye en 2015, c’est autour de l’étudiant Fallou Séne de l’université de Saint-Louis de tomber sous les balles des forces de sécurités lors de manifestations pour le paiement des bourses. Que dites vous de ce drame ?
Je tiens tout d’abord à m’incliner pieusement devant la mémoire des victimes qui ont été emportées par des événements violents qui mettent en péril la paix sociale. J’exprime ma sympathie aux familles endeuillées, ainsi qu’aux personnes blessées… Notre système éducatif doit répondre à de nombreux défis que les différents acteurs directement concernés maitrisent certainement mieux que moi. Je rappelle cependant qu’il y a deux ans, dans le cadre du pèlerinage de Poponguine, j’avais posé cette question : «A quand une année scolaire sans perturbation ?» Aujourd’hui, je pose cette autre question : «Comment ne pas entendre, pour tirer toutes les conséquences en matière de disposition pratiques, ce cri lancé par des milliers d’élèves sénégalais : «Nous voulons étudier» ?
Entretien réalisé par Seneweb.