L’un des marchés les plus secoués par l’épidémie de Covid-19 reste celui du pétrole. Les industries sont à l’arrêt et la population mondiale a réduit ses déplacements. Par conséquent, le marché du pétrole a brutalement chuté jusqu’à passer en négatif fin avril..
La raison pour laquelle les prix peuvent descendre sous la barre du 0 est que, privé d’acheteurs, le pétrole doit être stocké. Les unités terrestres étant déjà arrivées à saturation, des tankers sont affrétés dans l’unique but de conserver ces surplus de production dans leur cale et de rester au large le temps que leur cargaison trouve preneur –une opération qui peut coûter très cher.
Cela fait donc quelque temps que l’industrie réclame aux législateurs une autre solution de stockage: remettre le pétrole à l’endroit où il a été extrait, dans les entrailles de la terre. Le magazine Texas Observer révèle que la Commission des chemins de fer du Texas (qui malgré son intitulé régule en réalité les producteurs de pétrole) a finalement accepté cette demande.
Elle pourra désormais contourner la «règle 95», qui prohibe ce type d’installation. Ce n’est pas la première fois que du carburant est conservé de cette manière. La Réserve stratégique de pétrole des États-Unis (SPR), l’équivalent de plusieurs centaine de millions de barils, est en partie stockée sous terre.
Risque de pollution
Le pétrole et le gaz sous forme liquide ne peuvent pas être enfouis à nouveau dans les puits dans lesquels ils ont été pompés. La SPR se trouve donc dans des grottes de sel au Texas et en Louisianne, des cavités dont le carburant peut difficilement s’échapper pour contaminer les alentours.
Mais ces grottes sont pour la plupart déjà remplies et les cavités restantes présentent des risques pour l’environnement. C’est la raison pour laquelle le stockage souterrain était jusqu’ici interdit car il pourrait notamment causer des infiltrations dans des sources d’eau potable.
Les producteurs auront pourtant le droit de les utiliser pour une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans. Ils auront aussi le droit de démarrer un tel projet sans consultation publique préalable, à moins que ne surgissent des protestations.
Ces dispositions inquiètent les organisations écologistes. L’État compte neufs immenses aquifères, qui procurent environ 60% de l’eau potable de la région. Or, certaines de ces réserves vitales se situent à proximité de cavités qui risquent de bientôt se retrouver pleines à ras bord d’hydrocarbures.
D’après le Texas Observer, tout cela ne devrait commencer que dans plusieurs semaines, le temps que les entreprises pétrolières rédigent leur demandes pour un processus qu’elles n’ont jamais réalisé auparavant.
Korii.slate