Fin de session 2021-2022 : Focus sur les parlementaires qui se sont le plus illustrés durant le marathon budgétaire…
SENTV : Depuis le 28 novembre dernier, la représentation nationale a été le lieu où les élus du peuple se sont retrouvés pour le vote du budget des 33 ministères. Ces derniers se sont succédé pour, non seulement répondre aux interpellations des députés, mais aussi, pour expliquer en détails l’utilisation de leurs budgets au niveau de leurs départements respectifs. Toutefois, cela n’a pas été de tout repos pour certains qui auront à subir de rudes assauts de la part des parlementaires, parfois pour alerter, inciter, rappeler, là où d’autres recevront félicitations et encouragements.
Une plénière en session ordinaire unique 2021-2020 qui s’est ouverte le 28 novembre dernier aux fins d’examiner les considérations générales sur le projet de Loi de Finances 2022.
Un budget qui, selon le ministre des finances et du budget, comporte des avancées majeures dans un contexte de relance économique. Un budget programme innovateur que les parlementaires ont bien compris même si certains d’entre eux, reviendront souvent sur certaines questions d’envergure sociale ou économique.
Aïda Mbodj : La constance…
Au cours du passage du ministre de la santé et de l’action sociale, le contexte sanitaire lié à la pandémie a été un sujet très débattu par les parlementaires. C’est sur la prévention d’ailleurs que la députée Aïda Mbodj insistera pour inviter le ministère à intensifier la sensibilisation face aux différentes vagues qui risquent éventuellement d’envahir le pays. « Votre département est stratégique. Je pense qu’à un moment donné, nous avons été dépassés par la pandémie. Donc, la prévention doit bien être renforcée », avait-elle signalé au ministre de la santé et de l’action sociale.
Elle a attiré l’attention du ministre sur la disponibilité des données pour que les populations puissent être informées de ce qui se passe face aux maladies qui persistent.
De la même manière, la lionne du Baol avait interpellé le ministre de la justice comme elle l’avait aussi fait avec le ministre de l’intérieur Antoine Félix Diom, sur l’irrecevabilité de certaines listes de l’opposition. Selon Aïda Mbodj, il était pertinent devant le ministre de soulever la question au regard du contexte politique et de l’injustice vers des hommes politiques de l’opposition. Étant le garde de sceaux, titre significatif, le ministre de la justice doit, selon Aïda Mbodj, intervenir sur la question pour rendre justice. Élevant le ton, Aïda Mbodj a demandé au ministre de la justice de protéger les magistrats et faire régner la justice car, ayant un rôle important à jouer.
Ses interventions restent toujours captivantes même si, précisons-le, elle n’est pas toujours dans le nihilisme. Quand il s’agit d’encourager ou de féliciter un ministre, elle trouve toujours le moment opportun pour le faire.
La benjamine de la 13e législature
Elle n’a pas pris pour rien, la place de l’actuelle ministre des affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur. Aïssata Tall Sall pour ne pas la nommer, est apparemment bien représentée dans l’hémicycle. Marième Soda Ndiaye, la plus jeune de l’assemblée ne l’est pas dans les idées. Souvent, c’est pour saluer les efforts de l’État tout en rappelant au gouvernement les urgences. « La coopération nationale doit être renforcée. Les nationaux peuvent etre accompagnés pour diminuer les soutiens et aides venant de l’extérieur. À force de vouloir tendre la main, on risque de mourir dans le sous-développement », interpellera t-elle le ministre de l’économie au deuxième jour de la plénière.
Marième Soda Ndiaye est aussi très remarquée dans ces interventions en plaidant pour la capacitation des jeunes. Le programme « Xeyu Ndaw Yi » est, selon la jeune parlementaire, une bonne politique pour régler l’emploi des jeunes. Il suffit dès lors de faire un travail de terrain et le matérialiser en sortant des discours habituels qui n’ont jamais réglé la question de l’emploi. En outre, cette question mérite réflexion parce que cette floraison d’agences n’a encore rien réglé dans ce pays, regrette la députée. Militante également de la cause de la femme, Marième Soda Ndiaye invite à la prise en compte des préoccupations des femmes entreprenantes.
« Joindre le parole à l’acte », c’est toujours ce que propose la jeune parlementaire aux différents ministres qui sont passés à l’assemblée nationale. Elle formule également des propositions pour une meilleure gestion de la chose publique.
Seydou Diouf, un parlementaire qui ne mâche pas ses mots…
« Un des objectifs du budget programme, c’est la performance dans l’administration publique. Ainsi, des réformes sont nécessaires au sein de la fonction publique », avait lancé Seydou Diouf le 6 décembre dernier lors du passage du ministre de la fonction publique. Il avait proposé plus d’efficacité et de performance dans l’offre de service public. Pour ce faire, l’innovation doit être de mise dans la fonction publique.
Mais aussi, le député rufisquois, n’est pas toujours dans ses habits de propositions. Quand il s’agit selon lui de rappeler à l’ordre ou d’éclairer l’opposition sur certaines questions, Seydou Diouf ne mâche jamais ses mots. Quand il répondait à Mamadou Diop Decroix sur la pertinence de la position du président Macky Sall sur le non-financement des énergies fossiles.
Pour parler justement de Mamadou Diop Decroix, il est à rappeler qu’en tant qu’ancien ministre et pour avoir fait un parcours politique reconnu par tous, il a toujours été en phase avec ses idées de gauche, notamment sur des questions stratégiques comme l’agriculture, le commerce, les questions environnementales sont tant de secteurs où le régime de Macky Sall a échoué significativement, selon lui. D’ailleurs, lors du vote du budget du ministre de l’environnement, la destruction de la forêt de casamance et la lutte contre l’érosion côtière ou encore la question de la gestion de la baie de Hann, ont été dépeint comme autant d’échecs successifs du gouvernement.
La terreur des deux frères Dolly…
L’un dans la convergence démocratique Bokk Gis Gis, l’autre, le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie du parti démocratique sénégalais, mais des positions toujours tranchées et convergentes. Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly et Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolly, souvent confondus à cause de la similarité de leur nom, n’ont pas pour autant le même tempérament. Le premier étant souvent plus taquin même si ses arguments de dénonciation sont bien fondés, tandis que le deuxième, est toujours dans l’univers du régime de Abdoulaye Wade que le ministre des finances et du budget tente souvent de lui faire oublier.
Déthié Fall, le ton agressif…
Des discours à l’image de sa sortie qui lui avaient valu la sanction politique de son leader. Déthié Fall est toujours droit dans ses bottes. Le ministre de l’intérieur et celui de la justice doivent avoir bien encaissé les mots qui ont fait tant souffrir certains députés du camp du pouvoir. À chacune de ses prises de paroles, Déthié Fall blesse : » Mr le ministre, votre incompétence et votre manque de maturité politique maintiennent ce pays sous tension. Vous serez responsable de tout ce qui arrivera lors des prochaines élections », avait-il frontalement interpellé le député le ministre de l’intérieur. En effet, Déthié Fall avait estimé que le ministre était supposé être neutre, mais il est loin de l’être.
Ses piques sont toujours difficiles à digérer par les députés de la mouvance présidentielle. Ce qui n’empêche pas au député Déthié Fall de faire son travail parlementaire.
Abdou Mbow, pas de cadeau aux détracteurs…
Petit de taille, mais grand par les arguments et la posture souvent adoptée dans l’enceinte de l’Assemblée nationale pour répondre aux parlementaires de l’opposition comme d’ailleurs, il l’a fait avec Déthié Fall. Abdou Mbow, premier vice-président de l’Assemblée nationale n’a pas sa langue dans sa poche. « C’est lâche et indigne d’insulter un ministre de la République et de prendre la porte », avait regretté le premier vice-président de l’Assemblée nationale.
C’est tantôt des points d’éclairage, tantôt pour défendre le régime que le député Abdou Mbow revient à la charge pour répondre à certains parlementaires « nihilistes ». En outre, lors du vote du budget du ministre de la justice, un budget d’ailleurs conséquent de 71 milliards de francs CFA que le député de l’Apr a salué, Abdou Mbow est revenu pour recadrer les détracteurs qu’il considère comme des « sans arguments plausibles ». Il fustigea simplement ces supputations envers un ministre de la République venu défendre un budget aux fins de mieux entretenir le secteur de la justice. « Mr le ministre, votre budget tel qu’il nous a été présenté, est de mon avis, pertinent. Ces gens de l’opposition ne comprennent et ne veulent pas comprendre car, voulant toujours rester dans cette posture nihiliste. Vaut mieux ne pas prêter attention à leur réflexion erronée », avait répliqué le parlementaire.
Même si c’est pour, de manière argumentée, dire la logique et se limiter aux faits, Abdou Mbow ne prend pas parole pour juste recadrer le camp adverse souvent agité. C’est parfois des chiffres et des réflexions bien étayées qui sont faites par le premier vice-président de l’institution parlementaire.
Théodore Chérif Monteil, la technique de l’argument…
Théodore Chérif Monteil, a également fait une montée en puissance avec de pertinentes interventions. Assidu, le député de la majorité s’est fait particulièrement remarquer dans ce marathon budgétaire à travers son intervention devant le ministre de l’industrie. Chimiste de formation, diplômé de l’Université de Lille en ingénierie des transports et management logistique et aussi, expert en process industriel, Théodore Chérif Monteil en bon fils de syndicaliste continue l’œuvre de son père au niveau de la représentation nationale.
Se portant toujours en parlementaire dénonciateur, Monteil s’est fait une place au niveau de l’Assemblée nationale. Quand le ministre des transports aériens défendait son budget, le mandataire de l’Union Citoyenne Bunt Bi » prend à bras-le-corps la question des employés toujours dans l’attente d’être indemnisés de Air Afrique. » Mr le ministre, l’année dernière je vous ai adressé une question écrite et vous m’aviez promis de faire un geste. Malheureusement, le sort de ces 252 travailleurs n’est toujours pas scellé » a déploré le député en notant qu’aucun mot lié à Air Afrique n’a été écrit sur le rapport.
Même si ses prises de paroles sont mesurées et opportunes, le matheux ne parle pas de futilités. Ce sont pour la plupart des questions d’ordre économique et social qui sont soulevées par le parlementaire qui gagne toujours l’attention de ses collègues.
Il est par ailleurs, à préciser que certains parlementaires, même au sein de la mouvance, interpellent souvent les ministres à une meilleure prise en charge des besoins des populations. Pour cela, ils estiment que la politique menée par leur ministère reste entière. Adji Mbergane Kanouté, a demandé au ministre des sports d’oser la rupture en ce qui concerne le football. La parlementaire demande également de repenser et de réorganiser le mouvement navétane avec cette insécurité dans l’espace sportif. « La responsabilité du ministre est de prendre les décisions qu’il faut pour pacifier le champ du sport. Je pense que c’est une question urgente pour laquelle nous aimerions vous voir faire de grands pas », avait-elle lancé à Matar Ba.
Quand l’absentéisme persiste…
C’est un constat que même les sénégalais ont fait en suivant le marathon de cette année et les précédents. Au moment où des députés choisissent d’assister à certaines séances plénières, d’autres préfèrent vaquer à d’autres occupations. Le prétexte de la préparation des élections locales suffit-il?
Nous nous rappelons des députés de la 12e législature qui ont été de grands déserteurs de l’Assemblée nationale. Pourtant, le règlement intérieur prévoit bien des sanctions. Pourquoi donc tant d’absentéisme?
Pour cette 13e législature, c’est un phénomène qui refait surface au grand regret des parlementaires qui se donnent le droit de fustiger de tels comportements qui n’honorent pas la marche de la deuxième institution du Sénégal.
En dehors de cet absentéisme, d’autres parlementaires peuvent être cités à cause de leur manque de régularité. Ils peuvent faire acte de présence lors du passage d’un ministre dans la journée et zapper les autres ministères pour revenir le lendemain…
Dakaractu