SENTV : Une gestion qualifiée de « catastrophique » au point que le Fongip risquait de crouler sous le poids des créances estimées à un demi-milliard CFA.
Dans une de ses récentes éditions, « Le Témoin » révélait que l’ancien administrateur général de Fongip, Doudou Ka, avait été rattrapé par sa mauvaise gestion jusqu’à larguer des créances d’un demi-milliard de francs à son successeur Mme Thérèse Faye. Nous ne savions pas si bien dire puisque les créances du Fonds de garantie des investissements prioritaires frôlent la barre des deux (02) milliards CFA. La preuve par quatre…
Dans notre édition du mercredi 03 décembre dernier, nous avions dit que Mme Thérèse Faye semblait avoir hérité d’un cadeau financièrement empoisonné à la tête du Fonds de garantie d’investissements prioritaires (Fongip) où elle remplace Doudou Ka. Nous avions en effet appris qu’après son départ, Doudou Ka venait d’être rattrapé par sa mauvaise gestion. Une gestion qualifiée de « catastrophique » au point que le Fongip risquait de crouler sous le poids des créances estimées à un demi-milliard CFA.
En réalité, la situation est beaucoup plus catastrophique que ce que nous décrivions puisque les créances de cette société censée…garantir les investissements excèdent de loin le demi-milliard dont nous avons fait état. La preuve par quatre puisque le Fongip vacille sous le poids de près de 2 milliards CFA de créances c’est-à-dire quatre fois un demi-milliard CFA. Tenez ! En passant le témoin à Thérèse Faye Diouf, l’ancien administrateur général avait dit avoir procédé à des refinancements de près de 4,7 milliards et des placements de fonds de garantie dans les banques pour un montant de 7,8 milliards CFA. Au total, 12 milliards CFA de placés en six ans de gestion à la tête du Fongip. Donc pour 12 milliards CFA, Doudou Ka a eu la prouesse de lever et de mobiliser un montant de 68 milliards CFA auprès des banques pour pouvoir financer plus de 4.000 entreprises. Cela équivaut à un effet de levier de 6 (coefficient). Ce qui, de toute évidence, semble impossible pour une structure qui justifiait avoir un effet de levier de 2, nous souffle-t-on. Des chiffres évidement douteux aux yeux des spécialistes financiers qui subodorent une manipulation.
Pire encore, les dettes fournisseurs du Fongip sont estimées à un milliard tandis que les dettes fiscales (non cotisations sociales) sont évaluées à 900 millions soit prés de deux (02) milliards CFA de créances. Parmi les fournisseurs, la compagnie pétrolière « Elton » à laquelle Fongip reste devoir 18 millions CFA. D’ailleurs, les deux parties sont en contentieux devant les tribunaux. Seulement, ce qui risque d’éclabousser le plus l’ancien administrateur général Doudou Ka, ce sont les deux appartements achetés pour le futur siège du Fongip.
En poussant ses investigations, « Le Témoin » a appris que les deux « appartements » ont coûté… 1,200 milliard de francs. De quoi construire largement un immeuble ! L’immeuble abritant les deux appartements en question se situe au point E à Dakar et appartient à un ancien ministre. Comment peut-on acquérir deux appartements pour plus d’un milliard de francs alors qu’avec cette somme faramineuse, le Fongip pouvait se payer un terrain et construire dessus un immeuble qui lui aurait servi de siège en plus d’y disposer d’appartements à louer ? En tout cas, cette « générosité » immobilière ne profite qu’au vendeur. Qui fait mieux !
Une chose est sûre, depuis un certain temps, certains bailleurs comme le programme d’urgence de développement communautaire (pudc) doutant de la gestion de l’ancienne administration remuait sept fois le chéquier avant de libérer des fonds. Une telle réticence qui ne dit pas son nom aurait plombé les activités du Fongip.
Rappelons-le, le Fongip a pour missions de garantir des crédits bancaires pour le financement des projets porteurs de croissance dans les secteurs prioritaires et refinancer des institutions de micro finances pour leur permettre d’accorder des crédits aux Micros, petites et Moyennes Entreprises (MpME), aux groupements de femmes et de jeunes à des taux d’intérêts bonifiés.
Le Fongip doit donc constituer un levier de compétitivité pour l’économie sénégalaise en plaçant l’entreprise nationale sénégalaise, quelle que soit sa taille, au cœur de la stratégie d’émergence économique du pays. Reste à savoir si cet instrument stratégique a réellement joué son rôle pendant tout le temps où Doudou Kâ a trôné à sa tête. Et avec l’avènement à sa tête Thérèse Faye Diouf, il est permis de se demander si ce pauvre instrument financier n’est pas tombé de Charybde en scylla !