SENTV : L’homme fort de l’extrême droite française pendant plusieurs décennies est décédé mardi 7 janvier 2025 à l’âge de 96 ans. La presse étrangère rappelle ses outrances et le rôle clé qu’il a joué pour tout le camp souverainiste européen.
Jean-Marie Le Pen est mort mardi 7 janvier 2025, a fait savoir sa famille à l’Agence France-Presse, citée par de nombreux titres de la presse étrangère. “Un monstre politique disparaît”, commente La Libre Belgique.
“Personnage controversé”, le fondateur du Front national (FN), le parti qu’il a dirigé pendant près de quarante ans, “a marqué de son empreinte la politique française”. Il “restera l’homme qui a permis à l’extrême droite française de sortir de la marginalité dans laquelle elle était depuis 1945, écrit le correspondant en France du journal suisse Le Temps. Non sans handicaper parfois son camp avec ses déclarations d’un autre temps.”
Au Royaume-Uni, The Guardian rappelle les démêlés avec la justice du finaliste de l’élection présidentielle de 2002, condamné à plusieurs reprises pour des propos envers les juifs, les immigrés ou les homosexuels. “Ces saillies, qu’il assume parfaitement, lui vaudront d’être honni par une grande partie de la population française”, poursuit La Libre Belgique.
“[Jean-Marie] Le Pen a eu une vie incroyable, observe Politico depuis Bruxelles. Il a été soldat, parlementaire d’extrême droite, petit éditeur de musique militaire et de livres érotiques, militant extrémiste qui portait un cache-œil de pirate et fondateur du parti ultranationaliste et xénophobe le plus puissant d’Europe occidentale aux côtés de sa fille, Marine.”
Marine Le Pen, benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen et son héritière politique, a appris la mort de son père mardi 7 janvier au Kenya, au retour d’un déplacement à Mayotte, et n’a pas communiqué après l’annonce du décès. Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), rebaptisé en 2018 dans un souci de dédiabolisation, a rendu hommage à Jean-Marie Le Pen sur X : “Engagé sous l’uniforme de l’armée française en Indochine et en Algérie, tribun du peuple à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, il a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté.”
Le père et la fille “ont beaucoup en commun, l’origine, le nom de famille, le talent démagogique et un entêtement impressionnant”, écrivait la Süddeutsche Zeitung en 2015, alors que “Le Menhir” était définitivement exclu du parti après avoir répété que les chambres à gaz étaient un “détail de l’histoire” de la Seconde Guerre mondiale. Cette exclusion marquait l’épilogue d’un conflit idéologique “devenu très personnel”, résumait le journal allemand.
Cinq fois candidat à l’élection présidentielle, député européen pendant près de quinze ans, une fois élu à l’Assemblée nationale, Jean-Marie Le Pen “n’a jamais vraiment eu de pouvoir, poursuit Politico. Son propre parti a même fini par le désavouer. Il laisse pourtant derrière lui un héritage politique majeur qui reste d’une brûlante actualité” avec l’avènement de figures comme Donald Trump (États-Unis) ou Nigel Farage (Royaume-Uni).
Le Temps s’interroge sur la manière dont élus et médias français sauront commenter cette disparition : “La nouvelle du décès de Jean-Marie Le Pen […] aura mis pas mal de monde dans l’embarras. Les journalistes français tout d’abord, car il est mal vu de dire du mal des morts. La droitisation de certains titres français permettra peut-être des éloges encore impossibles il y a quelques années, mais les autres devront jongler avec les mots pour ne pas être trop durs.”