Gambie : Adama Barrow met en garde les imams critiques de son gouvernement

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SENTV : Le président gambien, Adama Barrow, a profité des célébrations de l’Aïd El Fitr, pour adresser un message ferme aux imams qui critiquent publiquement son gouvernement. Lors d’une rencontre avec les notables musulmans de Banjul à la State House, le chef de l’État a exprimé son inquiétude concernant l’usage de la chaire religieuse pour attaquer les politiques gouvernementales.

Dans son discours, Adama Barrow a souligné que bien que la Gambie respecte la liberté des chefs religieux de prêcher selon leur conscience, certains messages peuvent avoir des conséquences néfastes pour la stabilité du pays. « Ces religieux se servent parfois de leurs sermons pour critiquer le gouvernement et aborder des sujets qu’ils ne comprennent pas bien. Dans certains pays, les prêches sont dictés par le gouvernement, et tout écart peut avoir de graves conséquences. Mais en Gambie, les chefs religieux sont libres de s’exprimer. Cependant, certains messages peuvent semer le chaos, et nous devons en être conscients », a averti Barrow.

Cette déclaration survient après plusieurs interventions publiques de certains imams qui ont critiqué ouvertement la gestion du gouvernement, notamment en matière de politique économique et de gouvernance. Le président a insisté sur la nécessité de préserver l’harmonie et la stabilité du pays, soulignant que les discours religieux doivent être responsables et éviter toute forme de division sociale.

Le ministre des Affaires religieuses rejoint la position du président

Avant l’intervention du président, son ministre des Affaires religieuses, Hamat Bah, avait exprimé une position similaire, mais plus tranchée. Selon lui, les imams qui choisissent de s’engager dans des critiques politiques devraient quitter leur rôle religieux pour rejoindre officiellement la politique. « Si vous souhaitez devenir un leader de l’opposition, quittez votre tenue religieuse et adhérez à un parti politique. Ne vous cachez pas derrière la chaire et les sermons du vendredi pour critiquer le gouvernement », a-t-il déclaré. Il a également insisté sur le fait que le président Barrow est un dirigeant respectueux de la foi, et que « Allah dénoncera quiconque le trahira ».

Les commentaires du ministre et du président ont été perçus comme une réponse directe aux critiques croissantes de certains chefs religieux qui, selon l’administration, exploitent leur influence pour s’immiscer dans la politique nationale.

Un contexte de tensions religieuses et politiques

La Gambie, depuis la fin du régime de Yahya Jammeh en 2017, a connu une transition politique fragile, avec des tensions parfois exacerbées entre le pouvoir en place et certains groupes religieux. Alors que la liberté d’expression est un droit constitutionnel, l’équilibre entre cette liberté et la préservation de l’ordre public est une question délicate. Le gouvernement Barrow cherche visiblement à éviter que les discours religieux ne deviennent des instruments de polarisation politique, ce qui pourrait perturber la paix sociale fragile du pays.

Les déclarations de Barrow et Bah s’inscrivent dans un contexte où la politique et la religion se croisent souvent en Gambie, où une majorité de la population est musulmane, et où la mosquée joue un rôle central dans la vie sociale et politique. Reste à savoir comment cette mise en garde sera reçue par les leaders religieux et s’ils continueront à utiliser leur influence pour critiquer le gouvernement ou s’ils s’abstiendront à l’avenir.

Dans les jours à venir, les réactions des imams concernés pourraient façonner le débat autour de la liberté d’expression religieuse et de la politique en Gambie. Le gouvernement semble déterminé à éviter toute dérive pouvant nuire à la stabilité du pays, tout en maintenant une ligne de respect envers la liberté religieuse.

La redaction de la SENTV.info 

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