Nouvelle journée de mobilisation dans la bande de Gaza. Pour le troisième vendredi de suite, des dizaines de milliers de Gazaouis se sont rassemblés le long de la barrière de séparation avec Israël pour réclamer le droit au retour sur les terres dont les Palestiniens sont partis à la création d’Israël.
Ces dernières semaines, l’armée israélienne a répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes et de balles réelles, faisant plus de 30 morts. Ce vendredi 13 avril encore, le face-à-face est tendu, avec trois Palestiniens blessés par balle à la mi-journée.
Avant même la grande prière hebdomadaire, deux jeunes Palestiniens s’avancent d’un pas décidé vers la barrière de séparation avec Israël. Des centaines d’autres sont déjà rassemblés à quelques dizaines de mètres des soldats israéliens. Des pneus sont incendiés pour tenter de perturber la vue des tireurs d’élite israéliens, mais comme les semaines précédentes, l’armée réplique par des tirs de gaz lacrymogènes et de balles réelles.
Les ambulances s’avancent et évacuent les premières victimes.
Pour se prémunir contre les gaz lacrymogènes, les services de premiers secours distribuent des masques. Abed Al Samed Al Aattar, lui, s’est fabriqué le sien : une boîte en carton avec une face ouverte à l’avant, protégée par du plastique au niveau des yeux et un filtre très artisanal au niveau du nez, le tout enroulé dans des serviettes hygiéniques féminines, des oignons et de la menthe – réputés pour contrer les effets du gaz lacrymogène.
Un instrument qui s’est révélé efficace la semaine dernière assure Abed Al Samed Al Aattar en s’avançant vers la barrière. Comme lui, la plupart des manifestants en première ligne sont jeunes, souvent dans la vingtaine, parfois moins. Les plus âgés, eux, sont à l’arrière. Il ne s’agit pas de tenter de franchir la barrière, mais de faire passer un message, assure Mazen Salem, venu de la ville voisine : « Nous savons très bien que cette Marche ne libèrera pas la Palestine. Et elle ne nous permettra pas de regagner nos villages. Mais ça va transmettre notre droit au retour aux générations futures. »