Gorée en sursis : un patrimoine en péril face à l’urgence de la conservation
SENTV : L’île de Gorée, symbole de l’histoire coloniale et de la mémoire de la traite négrière, fait face à une détérioration alarmante. Architecte et auteur du livre Dakar, métamorphoses d’une capitale, Xavier Ricou tire la sonnette d’alarme : « Toute l’île est menacée aujourd’hui. Elle est en proie à une spéculation foncière accrue, à l’érosion côtière et à une réhabilitation inadaptée. »
Conscient de l’urgence, le président Bassirou Diomaye Faye a ordonné un recensement des sites historiques, dont Gorée et Carabane, en vue d’identifier les actions nécessaires à leur préservation. C’est dans ce cadre que Bakary Sarr, secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, s’est rendu sur l’île le 17 janvier dernier.
Le bilan de sa visite est sans appel : les joyaux architecturaux de Gorée tombent en ruine. L’ancienne École normale William Ponty, le palais du Gouverneur de l’AOF, l’ancien hôpital militaire, la Mosquée, l’Université des Mutants ou encore le Pavillon des Sœurs se dégradent inexorablement. « Si la Maison des Esclaves a été restaurée, voir ces bâtiments historiques en pleine décrépitude est une immense perte pour le patrimoine », regrette un expert en conservation.
Un rapport du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco, réalisé lors d’une mission du 7 au 9 juin dernier, recommande une action urgente et coordonnée. Parmi les priorités : la conservation du patrimoine culturel, une gestion rigoureuse du périmètre classé, la lutte contre l’érosion côtière et l’implication des communautés locales. Selon ce rapport, « l’état de dégradation avancée des structures présente un danger imminent pour les habitants et les touristes. Une intervention immédiate est nécessaire pour préserver la sécurité de tous. »
Si aucune feuille de route concrète n’a encore été présentée, les attentes sont grandes. « Gorée n’est pas qu’un site historique, c’est un lieu vivant qui porte les mémoires du passé et du présent. Sa préservation est une responsabilité collective », rappelle Bakary Sarr. Le temps presse : sans un plan d’action rigoureux, l’île risque de voir son patrimoine se consumer à petit feu.
La rédaction de la SENTV.info
