Guerre en Ukraine : La Russie utiliserait des dauphins pour défendre ses ports… mais pourquoi donc ?

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SENTV : Selon les médias américains, images satellites à l’appui, le Kremlin utiliserait des dauphins dans le but de défendre le port de Sébastopol, en Crimée.
Par son intelligence, ses facultés d’apprentissage, son radar et sa puissance, le dauphin serait un excellent « chien de garde » pour défendre une zone maritime, selon les spécialistes.
Mais sa personnalité joueuse le rendrait un peu moins fiable lorsqu’il s’agit de passer à l’offensive.

La guerre a tous les étages. Des images satellites de la Mer Noire dévoilées par plusieurs médias américains, dont NBC News?, montrent depuis quelques jours dans le port de Sébastopol, en Crimée, ce qui semble être des enclos à dauphins.

Après la découverte par des pêcheurs norvégiens d’un beluga équipé d’un harnais estampillé « Equipment of St Petersburg » en avril 2019, l’hypothèse de l’utilisation de dauphins par l’armée russe à des fins militaires se renforce. Des spécialistes, interrogés par les mêmes médias, affirment que ces dauphins sont entraînés par l’armée russe pour défendre la structure portuaire.

S’il est désormais établi que plusieurs pays ont essayé d’enrôler des espèces marines dans leurs rangs, il est difficile de savoir si des dauphins ont réellement été déployés. Flipper a-t-il l’étoffe d’un Robocop ? Oum était-il un espion infiltré ? On fait le point.

Un super apprenti

Les experts sont unanimes : le dauphin n’a rien à envier à James Bond au niveau intellectuel. « Il a des capacités cognitives et d’apprentissage très complexes. On peut lui faire apprendre une très grande quantité d’exercices », explique Fabienne Delfour, ethologue et cétologue. Ainsi, les dauphins peuvent mémoriser de nombreuses informations et savent reconnaître des formes, des structures et réagir en fonction. « Comme tous les mammifères, ils sont capables de généraliser et de catégoriser. Donc si vous leur apprenez à reconnaître, par exemple, un panneau en métal, ils sauront ce qu’ils doivent faire, alerter ou non », précise Fabienne Delfour. Ainsi, si les plongeurs de son camp portent tous un signe distinctif connu du cétacé, il saura si l’individu qu’il repère est un intrus ou non. Même chose pour des bateaux ou des sous-marins.

Grâce à son écholocalisation de pointe, le dauphin agit comme un véritable radar sous la mer. En émettant des « clics », il propage des ultrasons qui rebondissent sur toutes les surfaces et lui reviennent sous forme de vibrations dans une structure spongieuse située dans la mâchoire inférieure. Cet organe, relié au cerveau par le nerf auditif, lui permet ainsi de scanner les profondeurs. Un outil des plus précis, selon l’éthologue : « Il est capable de sonder la matière. Des tests ont montré qu’il pouvait faire la différence entre une sphère en bois, en plomb ou en aluminium, parce que l’écho n’est pas le même ». On comprend mieux l’intérêt qu’il y aurait à le poster comme « chien de garde » dans un port stratégique.

D’autant que s’il dispose d’assez d’espace, de profondeur et qu’il est bien nourri, le dauphin n’a pas de raison de s’échapper. Pour cela, Léa David, docteure en biologie marine et spécialiste des cétacés à l’EcoOcéan institut, prend l’exemple du Dolphin reef, situé dans la Mer Rouge : « Les dauphins ne sont limités que par des bouées en surface. Même s’ils sortent de temps en temps jouer avec les vagues, ils reviennent toujours parce qu’ils ne sont pas maltraités ».

Défenseur, mais pas forcément attaquant

Un chien de garde, donc, mais peut-être pas un chien d’attaque. Léa David doute de ses capacités en la matière : « Il peut se défendre contre des requins ou des orques, donc il peut tout à fait démolir un humain. Mais je ne suis pas sûre qu’il puisse directement attaquer ou mordre ». La sensibilité du cétacé a été maintes fois démontrées, et la biologiste ne pense pas le dauphin capable d’agressivité sur commande : « Ils ont une conscience qui pourrait les retenir ; on sait qu’ils peuvent réagir à la douleur d’un autre individu, par exemple ». En revanche, le dauphin pourrait s’attaquer à un plongeur sous la forme d’un jeu, selon Léa David : « On pourrait lui apprendre à arracher le tuyau d’un système de respiration ou des bouteilles de plongée. On peut même lui apprendre à maintenir un homme sous l’eau ».

Un dauphin peut apprendre un itinéraire par chœur, aller d’un point A à un point B, remplir une mission de repérage avec une caméra sur le dos. « On a même essayé de leur faire poser des mines », ajoute Fabienne Delfour. Certains ont été harnachés avec un dispositif explosif sur le dos. Les dauphins devaient alors se coller à la coque d’une cible, et le dispositif était relâché par magnétisme ou par une commande à distance. Mais cette idée, imaginée par différentes puissances, aurait été abandonnée.

Trop joueur pour respecter les ordres

« On sait que certains se sont égarés, d’autres ont déserté », s’amuse Fabienne Delfour. Car les dauphins ont chacun leur personnalité : il y en a des dociles, d’autres un peu plus rebelles. Pour l’ethologue, un cétacé peut très bien se détourner de sa mission s’il ne la trouve pas assez amusante ou s’il est lassé de jouer. Car, capable de manipuler une information et de tromper, le dauphin peut très bien revenir demander sa récompense sans avoir rempli son devoir. Les spécialistes relatent même le cas de dauphins qui, pour faire une blague à leur dresseur, seraient revenus à leur point d’origine pour jouer… avec un explosif sur le dos.

C’est sans doute ce manque de fiabilité qui a fait que des armées, notamment celle des Etats-Unis, ont préféré se tourner vers d’autres espèces, selon Fabienne Delfour. En particulier les pinnipèdes, comme les otaries ou les lions de mer, réputés plus appliqués dans leur travail.

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