SENTV : Deux semaines après l’assaut du palais du gouvernement, beaucoup de bissau-guinéens se posent encore des questions sur le déroulement de ces évènements qui ont failli emporter le président Embalo et son gouvernement. Grâce à des témoignages anonymes, Dakaractu a pu retracer ce qui s’est réellement produit mardi 01 février et comment Umaro Sissoco Embalo et ses collaborateurs sont sortis indemnes de ce traquenard.
Arrivé un peu après 9 heures dans ce grand bâtiment qui se trouve à la périphérie de Bissau, le président passe saluer son Premier ministre, Nuno Gomes Nabiam. Les deux hommes rejoignent les membres du gouvernement dans la grande salle où doit se tenir la réunion du Conseil.
Sans perdre de temps, les dossiers de l’heure sont passés en revue. Vers 13 heures, ils ont observé une pause, histoire de se rafraîchir et de reprendre des forces avant de reprendre le travail. C’est le moment choisi par des hommes en civil pour envahir le siège du gouvernement. Au préalable, des tirs de roquette ont été effectués. Ils ont réussi à désarmer des éléments de la garde rapprochée de certains ministres avant de se lancer à la recherche du président qui était en ce moment entre de bonnes mains. Les hommes qui assuraient sa sécurité l’avaient déjà gardé en lieu sûr, en même temps que la ministre de la Justice et son aide de camp. Il leur revenait de faire preuve d’entrain pour le sortir de ce piège. Ils n’avaient pas le choix. Une unité militaire à Bra appelée à la rescousse n’a curieusement pas levé le plus petit doigt alors qu’elle était à une minute du lieu de l’attaque.
L’aide escomptée viendra finalement de la garde présidentielle, de la brigade d’action et de fiscalisation de la Douane et de la police d’intervention rapide venus en renfort pour tenir tête à la quarantaine d’assaillants qui voulaient en finir avec le président. Qui doit la vie au tact et à la bravoure de sa sécurité rapprochée qui a utilisé trois véhicules blindés pour l’exfiltrer par la grande porte de derrière. Ce n’était pas une partie de plaisir puisque des tirs ont visé l’un des véhicules qui a résisté grâce à son système de blindage même si le président se trouvait dans un autre. Aux environs de 17 heures, Umaro Sissoco Embalo est conduit au palais présidentiel.
Le chef de l’État bissau-guinéen a effectué une visite sur le site pour rassurer ses compatriotes mais depuis, les réunions du Conseil des ministres sont déplacées au palais de la République. C’est depuis ce mythique ouvrage bâti en 1945 et reconstruit après la guerre de 1998 que Umaro Sissoco Embalo a annoncé l’arrestation de l’ancien contre-amiral Bubo Na Tchuto pour son implication dans le coup d’État manqué. L’ex patron de la marine serait aidé par Tchamy Lalà et Papis Djemé avec qui il avait été arrêté par la DEA en 2013 pour trafic de drogue international.
Dans le collimateur du pouvoir depuis plus d’une année, un groupe de militaires proches de ce cercle a échappé en décembre dernier à une inculpation après que le chef d’État-major des armées avait affirmé avoir déjoué un coup d’État. Présentés au tribunal militaire, ils avaient dû leur libération à « une absence de preuves » de leur implication dans le recrutement de jeunes soldats pour renverser l’ordre constitutionnel.
De retour à Bissau ce mardi alors qu’il était annoncé mort, le chef d’État-major des armées, le Général Biague Na Ntan a regretté que ses alertes n’aient pas été prises au sérieux. Il a appelé les bissau-guinéens à « renoncer à la violence, car ce n’est pas la solution pour la Guinée-Bissau ».