SENTV : Le gouvernement de Guinée équatoriale, pays au régime des plus fermés et autoritaires en Afrique, a affirmé mardi que quatre militants ont péri en inhalant des gaz lacrymogènes lors du violent assaut d’un parti d’opposition par la police à Malabo, a annoncé la télévision d’État.
Les forces de sécurité équato-guinéennes avaient attaqué jeudi le siège du parti d’opposition Citoyens pour l’innovation (CI), dissout en 2018.
L’opération s’était soldée par l’arrestation de son leader, Gabriel Nse Obiang, avec 150 sympathisants, après le refus de ce dernier d’honorer une convocation judiciaire concernant une enquête sur un projet d’attentat que le gouvernement prétendait avoir déjoué.
Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS), l’unique parti d’opposition disposant d’une existence légale, avait condamné cet « assaut », considérant que « ceux qui étaient à l’intérieur ne constituaient aucun danger », selon son secrétaire général Andres Esono Ondo.
Selon un communiqué du ministère de la Sécurité lu à la télévision d’Etat (TVGE), « les forces de sécurité ont employé des moyens non létaux, provoquant la mort de quatre militants de CI par inhalation de gaz lacrymogènes ».
Le ministère a aussi affirmé que le siège du parti abritait 200 personnes « séquestrées », dont « des femmes enceintes, des enfants et des personnes âgées », et il a accusé M. Obiang de préparer une insurrection le 3 novembre, pour le lancement de la campagne électorale.
La TVGE a rappelé qu’un policier avait été tué lors de l’opération.
« Nous demandons une enquête indépendante » a réagi auprès de à l’AFP Joaquin Elo Ayeto coordinateur de Somos+ Sociedad civil, une association de défense des droits humains qui réclame la restitution des corps des victimes.
CI avait ravi un des 100 sièges de l’Assemblée nationale aux législatives de 2017, les 99 autres revenant au Parti Démocratique de Guinée Equatoriale (PDGE), parti unique jusqu’en 1991. Mais CI avait été interdit et dissout quelques mois plus tard, en février 2018. Le domicile de M. Nse Obiang servait de QG au parti, malgré son interdiction.
A 80 ans, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient le record mondial de longévité à la tête d’un Etat pour un dirigeant encore vivant, hors monarchies, a annoncé le 23 septembre qu’il briguait un sixième mandat.
Il dirige d’une main de fer ce petit Etat d’Afrique centrale riche de ses hydrocarbures depuis plus de 43 ans.
Gabriel Nse Obiang, ancien directeur de cabinet militaire du chef de l’Etat, menaçait ces derniers jours de descendre dans la rue avec ses militants si le gouvernement ne lui permettait pas de participer aux élections législatives et présidentielle du 20 novembre.