Hugues Diaz : « Ce qui a motivé notre décision de suspendre les tournages des sketchs »

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SENTV.info : Qu’est-ce qui a motivé la directive de suspension des tournages audiovisuels et autres ?

Depuis le 13 mars, le ministre de l’Intérieur avait sorti un arrêté interdisant tout rassemblement humain.

Le ministre de la Culture et de la communication a instruit la Direction de la cinématographie d’appliquer toutes les mesures prises par le ministère de l’Intérieur. La Direction de la cinématographie délivre les autorisations de tournages et on vérifie le fonctionnement des salles de cinéma. Le 14 mars, nous avons notifié aux centres de cinéma d’arrêter le fonctionnement de leurs salles, parce que c’est du monde qui y venait. Les sociétés de production ont aussi été averties d’arrêter les tournages en cours et tout autre tournage à venir. La décision était d’arrêter ou de surseoir à tout projet cinématographique à venir. Les tournages mobilisent beaucoup de personnes, notamment les acteurs, les figurants, les techniciens etc. Pour rester en conformité avec les dispositions réglementaires, nous avons pris cette précaution. Mais ceux qui ont eu à tourner des productions déjà prêtes pour le Ramadan bien avant le 14 mars, rien ne s’oppose à leur diffusion. Pour de telles productions, ils devaient s’y prendre très tôt. Aujourd’hui, il n’est pas permis aux gens de se rassembler pour tourner des contenus audiovisuels.

Comment vont faire les troupes qui tournent une dizaine de sketches en attendant d’avoir des sponsors et poursuivre leur tournage après ?

Les sponsors se négocient. Dans un contrat, il y a des cas de force majeure. Le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique a financé des productions qui devaient être rendues dans un délai de 3 mois. Dans les dispositions du contrat actuel, il y a une clause de cas de force majeur. Et nous sommes dans ce cas. Un sponsor doit comprendre et ne pas demander coûte que coûte à des gens d’enfreindre la loi. Il y a eu dans le monde de grandes productions qui ont été arrêtées. Au Sénégal, dans la région Nord, des comédiens étaient en train de tourner une coproduction Franco-sénégalaise à coût de milliards de FCfa. On leur a demandé d’arrêter. Il faut respecter les lois de son pays. L’autorité, notamment le ministère de la Culture, nous a instruit de prendre toutes les dispositions pour ne plus délivrer d’autorisation de tournages de films ou de séries qui mobilisent beaucoup de personnes.

Pourquoi n’avoir pas associé les artistes-comédiens dans la sensibilisation du Covid-19 ?

On a fait des messages de sensibilisation dans le cadre du Covid-19 avec des équipes très réduites. Ces productions sont validées par des organes appropriés, notamment le Comité de lutte contre les épidémies. Parce que les gens peuvent distiller des messages à l’encontre de la lutte. Il faut éviter les dérives. Le Ramadan est un moment de recueillement. Le Cnra a été obligé, l’année dernière, de monter au créneau. Je ne vais pas juger la conformité ou non de cette décision. Ce n’est pas de mon ressort. D’autres artistes-musiciens, notamment Pape Diouf, Coumba Gawlo, l’ont fait. Ce que je demande aux artistes-comédiens, c’est d’envisager d’autres stratégies en allant dans le sens de la sensibilisation et non du «One man show». Je les comprends parce qu’ils ont des sponsors derrière. Mais il ne faut pas s’emballer en trahissant le combat contre le Covid-19. Dans le cadre de la sensibilisation, on est parti avec nos propres moyens dans le budget qu’on avait et qui aujourd’hui comme tous les autres budgets sont concentrés pour vaincre le Covid-19. Ce que nous faisons, c’est une mutualisation des directions. Tout ce que nous sommes en train de faire, c’est fait de manière désintéressée. Il n’y a pas de cachets.

Votre direction est-elle l’organe habilité pour une telle décision ?

Ma direction s’occupe de délivrer les autorisations de tournages. Peut-être que lorsqu’ils tournent, ils ne demandent pas d’autorisations. Et c’est une grave faute que les gens font au Sénégal en tournant des téléfilms et des sketchs sans autorisation. Ils vont dire qu’ils ne sont pas au courant. Même celui qui fait de la publicité doit avoir une autorisation de tournage. Il y a plusieurs personnes qui ont été arrêtées pour ça. Les forces de l’ordre le savent, parce que le ministère de l’Intérieur reçoit une ampliation. Si on tourne à Kédougou, le gouverneur de la région doit être au courant. Et les forces de l’ordre sont là pour encadrer les tournages. Le Sénégal est l’un des rares pays en Afrique et dans le monde où les autorisations de tournage sont gratuites pour les sociétés de production. Personne ne paie rien. Et c’est un manque à gagner pour le Cinéma sénégalais. L’Etat est avec les créateurs. La Direction de la cinématographie est habilitée à délivrer et à instruire des dossiers d’autorisation de films et de produits audiovisuels de création, les téléfilms. Je rappelle que nous avons suspendu les autorisations de tournages depuis le 15 mars et ce, jusqu’à la levée de l’interdiction de l’état d’urgence. Partout dans le monde, les productions sont arrêtées.

sketches du ramadan

IGFM

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