Le message délivré par le Président Macky Sall, le 11 mai dernier, s’inscrit dans une pédagogie de la vérité et de la responsabilité face à l’exigence d’«apprendre à vivre en présence du virus». Du moins temporairement. C’est un message de vérité et de responsabilité découlant d’une écoute de conseils avisés qui prévoient la circulation du coronavirus jusqu’en août, voire septembre, «dans le meilleur des cas». A elle seule, une telle séquence temporelle dicte une réadaptation des «comportements individuels et collectifs», au lieu de rester dans le dogme suicidaire et de continuer à confiner des colères, à certains endroits justifiés dans un pays à forte dominante d’une économie tirée par le secteur informel.
Parmi ces mesures de réajustement, l’assouplissement décidé par le Président de la République, des conditions de l’état d’urgence, la réouverture des lieux de culte, les allègements des heures d’ouverture des marchés et des commerces, des transports publics et la reprise du chemin de l’école pour les élèves en classe d’examen. Sans compter la levée de l’interdiction de rapatrier les corps de Sénégalais terrassés à l’étranger par la COVID-19.
Partout à travers le monde, l’intrusion brutale, imprévue et imprévisible avec des allures catastrophiques aux plans économique, social, culturel et cultuel, du coronavirus a suscité déni, colère, dépression avant acceptation face à la lumière crue de la réalité. Mais la vérité tout aussi éblouissante est que les mesures de restriction des mouvements, de fréquentation des lieux de commerce et de fermeture des lieux de culte à la fin du carême chez les chrétiens et en période de ramadan des musulmans n’ont pas manqué de jeter les ingrédients d’une sourde révolte sociale, des cris d’impatience, dans un pays où l’économie informelle et celle de la débrouillardise nourrissent des milliers et des milliers de jeunes et de femmes.
L’attitude la plus responsable, après les premières mesures qui, si elles n’étaient pas prises, allaient créer une hécatombe meurtrière, consiste donc de prendre des décisions aptes à faire l’économie d’une crise autrement plus mortelle : l’explosion de révoltes sociales et de séditions religieuses en plein ramadan. Un scénario qu’auraient voulu les fous et les férus des atmosphères conflictuelles, rhéteurs anachroniques, prétentieux et doctes en sciences infuses et autres toreros secoués par des agitions paludiques à la vue de tout ce qui ressemble à un chiffon rouge.
D’authentiques orfèvres dans la manipulation, quand il s’agit de fusionner l’uranium du mensonge avec le plomb de la mauvaise foi. Chez eux, on ne forge pas l’or de la vérité avec la pierre précieuse du bon sens et du temps de la parole utile. Ils ne forgent pas à cette enclume et à ce marteau de la vertu, de l’honnêteté, de la tempérance, de l’équilibre et du bon sens. Ils ont une telle fixité dans leurs réflexions ou de ce qu’ils tiennent comme telles. C’est de la folie !
CHOIX SENSE, MATURE ET RESPONSABLE
Certains sont dans un jeu de bonneteau. Ils ne savent pas mais imaginent quand même où sont les cartes lisses à sortir pour amadouer l’opinion publique, la caresser dans le sens du poil, dans un climat anxiogène créé par la COVID-19. De quoi essayer de faire commerce de prétextes les plus fallacieux dans un tel contexte d’angoisse. En plein pandémie qui suscite toutes les peurs que les libations et autres litanies n’arrivent pas à dissiper, ils tentent de trouver des plages d’opportunités pour être sous les sunlights des réseaux sociaux. Ratés, tous ces petits arrangements avec la vérité et autres roueries politiciennes !
Que faut-il comprendre et voir dans les décisions du Président Macky Sall ? Du tout simple : le sens de la responsabilité. Le sens de l’écoute de toutes les franges de la nation. Une posture qui récuse l’épouvantable logique des séditions socioreligieuses, des dé-confinements de révoltes sociales sous le poids du confinement économique. Donc face à une telle alternative, le choix du Président est plus sensé, plus mature et plus responsable. Ni le piston de la force, ni la bielle de la ruse. Pas en tout cas la solution de charlatans, de ceux qui pensent transformer le chat noir de la COVID-19 en blanche colombe d’un médicament miraculeux.
Dans cette ambiance, voilà Ousmane Sonko de retour, en monsieur nettoyeur des écuries d’Augias avec un ventilateur. Le ventilateur de l’imposture avec toujours la chansonnette des critiques outrancières rédigées au vinaigre de cidre. C’est comme ça que l’on finit par perdre le feu d’artifice de l’intelligence politique et que l’on consume son crédit auprès du peuple qui, contrairement, à ce que l’on pense, est tellement résilient.
C’est au creux de l’épidémie et en perspective des attentes post-COVID19, que surgissent désormais des questions et des questionnements. Les décideurs politiques et les leaders économiques résilients ne pourront pas faire l’impasse sur un nouvel ordre financier, social et surtout moral. A ce niveau, il est, plus jamais auparavant, exigé de la classe politique, de la société civile, des intellectuels et autres leaders d’opinion, des actes de rupture, des idées fortes et mobilisatrices pour un autre Sénégal dans une autre Afrique, dans autre monde dont la COVID-19 a révélé tous les futurs possibles. Qu’ils dessinent et réfléchissent, en s’excipant de la superficialité ambiante, un projet de résilience répondant aux ravages de la COVID-19. C’est une étape qui leur somme de tisser une histoire avec le peuple. Nous devons alors prêter attention et donner action à ce si pertinent mot auquel il faut donner du sens : résilience.
CONTRIBUTION