Le chanteur religieux Modou Gaye a présenté vendredi à la presse son nouvel album, « Bruit du silence », qu’il considère comme « un hommage à la tradition soufie ».
« Nous avons énormément de matière avec les enseignements des maîtres soufis de nos confréries. Ils ont une portée éducative. C’est un hommage que je rends à cette tradition en revisitant les chants et poèmes soufis », a expliqué Gaye, un disciple de la confrérie des Layènes vivant à Yeumbeul, dans la ville de Pikine (ouest).
« Bruit du silence » est un CD de sept titres sur les chants et poèmes des confréries soufies sénégalaises, la Tidjaniya, le mouridisme, etc.
L’un des morceaux du nouvel opus, « Mam Ndione », chante les louanges du deuxième khalife de Seydina Limamou Laye, le fondateur de la confrérie des Layènes. Interprété par Modou Gaye, le texte est rédigé par l’iman Sakhir Gaye, le père du chanteur.
Une autre chanson, « Kharnoubi », reprend un poème de Serigne Moussa Ka, un éminent écrivain et poète mouride, qui a chanté les louanges de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de cette confrérie.
Selon Modou Gaye, la production du nouvel album émane de la volonté d’ »exploiter cette littérature soufie qui (…) peut servir » à quelque chose, si elle est valorisée musicalement.
Gaye a tenu à préciser que « Bruit du silence » n’est que le début d’une aventure, dans la mesure où il compte exploiter davantage, par d’autres albums, « cette richesse musicale » contenue dans les chants et poèmes des érudits d’obédience soufie au Sénégal.
Selon le chanteur vivant à Paris, le nouvel opus s’inspire aussi des écrits d’érudits soufis du « monde arabe et magrébin ».
La chanson « Le Prophète » est la version musicale d’un texte extrait de l’ouvrage du poète libanais Khalil Gibran. Elle est interprêtée par Ndongo Mbaye et chantée par Modou Gaye.
Ce dernier loue la « finesse » de ce texte qui, selon lui, est consacrée à « l’unicité de Dieu ».
Modou Gaye explique, au sujet du titre de l’album, que le silence renvoie à la « méditation » qui est au cœur de sa pratique religieuse.
Le bruit « assourdissant » amplifié par des haut-parleurs, au moment des chants religieux, lui inspire l’un des mots constitutifs du titre de l’album, a-t-il ajouté.
« Ailleurs dans le monde, on assiste à des séances de chants religieux avec aisance. Le son est maîtrisé, avec un bon matériel. Je crois qu’il nous faut des ingénieurs du son pour réduire ce bruit qui dérange lors de nos séances de chants religieux », poursuit Gaye.
Il a enrichi sa connaissance de ces chants par une participation à un festival des musiques soufies, au Pakistan, en 2008.
Modou Gaye a choisi de chanter seulement avec sa voix, sans instrument musical, en wolof, en arabe et en français, au nom de « la diversité ».
APS