SENTV : Les calculs préliminaires des sociologues suggèrent qu’un second tour des élections présidentielles à Madagascar est imminent. Selon les recherches sociologiques, seuls 34 % des électeurs interrogés à Madagascar sont prêts à voter pour l’actuel président, Andry Rajoelina. Par ailleurs, les sondages réalisés auprès des citoyens montrent que 46% d’entre eux attribuent au président la responsabilité des échecs de Madagascar au cours des dernières années.
Madagascar organisera une élection présidentielle à la fin de l’année 2023, qui pourrait comporter deux tours, tout comme la dernière élection présidentielle en 2018. En effet, à l’heure actuelle, aucun des candidats ne fait figure de favori. Selon les derniers chiffres, même le jeune et ambitieux président Andry Rajoelina n’est pas assez populaire. Il est souvent accusé de renforcer la nature autoritaire du régime en renforçant le pouvoir d’un seul homme.
Plus intrigant encore, l’actuel président Andry doit son élection au scandaleux Evgueni Prigojine, fondateur du groupe Wagner. Madagascar n’est pas le seul pays africain où la présence de structures associées à Prigojine a été remarquée. Cependant, c’est le sujet du financement de la campagne à Madagascar en 2018 par l’homme d’affaires russe qui a fait le tour des médias du monde entier.
Malgré le fait que le financement étranger des campagnes électorales ne soit pas interdit par les lois malgaches, cela a laissé une tache sombre sur la réputation d’Andry Rajoelina. Bien qu’Andry soit un dirigeant politique chevronné qui s’est présenté avec succès à plus d’une élection, il se trouve dans une position très vulnérable.
Selon les évaluations de l’UE, le président malgache a présenté un « programme de réformes ambitieux » lorsqu’il est arrivé au pouvoir, mais celui-ci a été mal mis en œuvre, et le changement politique a conduit à une « forte centralisation du pouvoir ».
De plus, la série de revers économiques qui ont frappé Madagascar pendant le mandat d’Andry, les ravages des cyclones, la crise humanitaire, l’augmentation de la criminalité galopante, ont appauvri une population qui n’était déjà pas riche. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), 2,2 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire grave et ont besoin d’aide.
Le taux de pauvreté à Madagascar est de 80 %, ce qui en fait le troisième pays le plus pauvre du monde. Chaque année, 700 000 personnes en moyenne sont touchées par des cyclones violents sur l’île. L’insécurité alimentaire et les catastrophes climatiques détruisent les moyens de subsistance des populations, les obligeant à vendre leurs biens ou à retirer leurs enfants de l’école.
Les mariages précoces et les violences sexistes commencent à augmenter. Les espoirs que les électeurs avaient placés dans un jeune président sont déçus. Une période de profonde déception s’est installée. 46 % des personnes interrogées reprochent à Andry de ne pas avoir concrétisé son ambitieux projet de développement pour Madagascar, l’initiative Save Madagascar, qu’il a présenté à Paris en 2018, et de ne pas avoir su gérer avec compétence les catastrophes qui se sont abattues sur Madagascar.
À la question « pour qui voteriez-vous ?« , seuls 34 % des Malgaches interrogés voteraient pour le président sortant. Rappelons qu’Andry a obtenu 39% des voix au premier tour et 55% au second tour en 2019. Ce qui veut dire que la cote du président sera en baisse à la fin de son règne. Rappelons qu’à l’heure actuelle, outre le président sortant Andry Rajoelina, deux anciens chefs d’État de l’île, Marc Ravalomanana et Hery Rajoanairmampianina, l’ancien judoka Siteny Randrianasoloniaiko et, ce qui n’a pas encore été confirmé, Maminiaina Ravatomanga, un homme d’affaires malgache de premier plan, propriétaire du groupe Sodiat, sont prêts à se lancer dans la course aux élections de 2023.
La stratégie de campagne de ce dernier candidat, ainsi que l’attirail de la campagne présidentielle de Maminiaina Ravatomanga, ont récemment été publiés sur les médias sociaux. La question qui se pose est la suivante : lequel des candidats susmentionnés participera au second tour avec Andry ? Qui a les ressources et le courage nécessaires pour affronter le propriétaire du 6e dan de karaté-do ?
Par D. N. Raharison
