Le Sénégal, la Coupe du Monde et le symbole polonais (Chronique de Alioune Fall)

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16 ans après, autant de symboles comme pour dire qu’on ne sait pas faire les choses dans la discrétion. Il suffit de dire que le Sénégal repart en Coupe du Monde pour que les génies de l’Atlantique s’alignent pour pencher favorablement du côté de ses fils. Même si on me dit que c’est différent, je tacherai de relever la subtilité du symbole. J’aime les symboles. Cela n’étonne pas, puisque je suis sénégalais. En 2002, la victoire sur la France avait une saveur particulière que l’histoire expliquait plus que la géographie.

Ce n’était pas une finale, encore moins un derby. Peut-être, un classico ou un classique de complexe qu’on ne voit que souvent chez les peuples opprimés. C’était la victoire de la détermination sur le génie d’alors trônant sur le toit du monde fort de deux trophées majeurs : Coupe du Monde et Coupe d’Europe. C’était, également, la victoire du frustré sur le maître. Quelle que soit l’approche, le goût de cette victoire était aussi indescriptible qu’un rêve, qui manque de couleur. Quand on y repense, un seul mot plane : la folie. C’était fou.

C’était nécessaire pour le nœud de la Nation. Cette Nation qui prend une petite trêve, pour se retourner sur elle-même. Aucune velléité de récupération politique, sauf Wade qui se croyait légitimé à récupérer, puisqu’il avait misé. Il ne croyait pas si bien dire, en poussant même la drôlerie, jusqu’à affirmer que cette belle épopée n’était pas étrangère à son magistère. En un mot, c’était le porte bonheur. C’est fou ce qu’on peut lui concéder et sans en faire bénéficier à Macky SALL.

Il a même fait mieux que se tenir auprès de son maître Wade sillonnant Dakar. Il a décidé lui de sillonner les rues de Moscou, tenir la main de ma première tante Mariéme Faye. Mieux que sillonner, il était là, sur les gradins sautillant de joie, pour pousser ses chevaux de mise. Même si la saveur n’est pas aussi salée que le parcours de 2002, il ne manque pas le goût sucré de la Pologne. Notre longue histoire avec la France a fini par offrir un épisode épique en Corée. Quid de notre récente histoire avec la Pologne et ses rappeurs ? En entame de Coupe du Monde, alors qu’on cherchait une Nation pour sauver l’honneur, «les tirailleurs» modernes, seule équipe présente de la partie qui fut l’AOF, sont partis à l’assaut de Varsovie à la conquête de l’honneur souillé avec le Nigéria et les trois pays du Maghreb. Ils n’en reviennent pas anonymes tels des rappeurs polonais, que Booba a révélés.

Belle coïncidence… et comme le symbole s’accommode bien de notre pays, Macky SALL effectuait son voyage en Pologne, une semaine après le comparatif sénégalo-polonais. Après, qui n’a pas rigolé, en voyant la face des tenants des mouvements hip-hop, quand on a annoncé que le Sénégal se frottera à la Pologne.
C’est drôle, mais on n’a pas forcément pensé à Varsovie ni Robert Lewandowsky. N’allez surtout pas me demander le nom du Président polonais. Eux-mêmes connaissent Sadio Mané mieux que Abdou MBOW, Vice-président de l’Assemblée nationale, même si, par ailleurs, je les soupçonne de bien connaitre la Tante Marième Faye SALL…Enfin ! Qui ne connait pas Sa Grace Madame la première dame. Je ne vous le cache pas, je n’ai pas manqué d’être superstitieux, dès que j’ai appris qu’elle était de la grande délégation des incontournables de notre République. Avec son art maitrisé de dénouer les plus complexes équations autour d’un dîner ou d’un «ndogou», je ne voyais pas comment les Polonais pouvaient résister devant tant de génies.

Alors, depuis l’histoire des rappeurs polonais, notre rapport avec ce pays est devenu particulier et c’est là que me vient la saveur de cette victoire. Une revanche des rappeurs, une victoire de la juste remise en cause sur la dangereuse certitude. La composition et les choix tactiques d’Aliou Cissé en disent long. La discipline prenant le défi sur le laxisme, je donnerai ce que j’ai de plus cher, pour transformer cette victoire en élan de construction. Celle-ci pour l’émergence par la voie du travail, du sérieux, de la sérénité, de l’efficacité, tout en étant concentré sur l’objectif. Le résultat, qui en ressortira, nous mettra, peut-être, sur la voie qu’on tente, sans y parvenir, d’emprunter. Celle de l’émergence.

Quand on connait le sens du symbole, l’anodin devient important et le détail n’échappera jamais. Même si, après la distribution de 350 tablettes d’œufs, la Coupe du Monde ne nous sourit pas, on n’aura appris beaucoup de choses. La première est une prise de conscience sur nos valeurs. On a attendu le match, avec beaucoup d’appréhensions, en se disant que la Pologne est supérieure, en se laissant berner par le classement FIFA. On s’est, sûrement, laissé tromper par le fait que la Pologne est un pays de l’Europe. C’est là qu’on se rend compte que la colonisation est une plaie couverte, qui ne guérit pas.

On ne s’est jamais dit que la comparaison de nos deux effectifs nous donnerait largement favoris.

Cherchons des motifs de satisfaction et progressons dans cette compétition, en luttant avec nos armes, tout en nous montrant décomplexés.

Alioune Fall (Af)

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