Le FMI prévoit une récession sévère en Afrique subsaharienne.
Les pays africains allègent peu à peu les mesures prises en mars dernier pour stopper la propagation de la pandémie de Covid-19. La plupart d’entre eux rouvrent certaines de leurs frontières, mais dans son ensemble, l’Afrique subsaharienne pourrait voir ses revenus retomber à leurs niveaux d’il y a dix ans, selon Abebe Aemro Selassie, le directeur Afrique du Fonds monétaire international.
Au cours des deux derniers mois, le FMI a accordé plus de 10 milliards de dollars d’aides d’urgence à 29 pays d’Afrique subsaharienne. Parmi eux, 21 ont en plus bénéficié du moratoire sur la dette due aux bailleurs publics internationaux.
L’institution financière basée à Washington renvoie l’optimisme à l’année prochaine. Un optimisme mesuré : le FMI table en effet sur un redressement de la croissance, mais dans bon nombre de pays au sud du Sahara, la progression ne sera pas suffisante pour ramener le PIB à son niveau de 2019. Les pays de la région dont les économies dépendent du secteur primaire ou du tourisme auront du mal à se relever, en tout cas pendant les premiers mois après l’épidémie.
« C’est une image véritablement inquiétante, en termes de perspectives économiques, qui reflète la faiblesse persistante de l’environnement économique mondial auquel sont confrontés les pays » d’Afrique subsaharienne, estime Abebe Aemro Sélassié, le directeur Afrique du FMI.
En plus de la pandémie, d’autres risques brouillent l’horizon et assombrissent les perspectives économiques, à commencer par la nature provisoire de l’accord commercial conclu entre les Etats-Unis et la Chine en janvier dernier. Même si tout le continent africain ne représente qu’une part infime dans les échanges commerciaux internationaux – moins de 5% –, les querelles commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, ainsi que la menace américaine de nouvelles taxes sur les produits européens pourraient entraver la reprise de l’économie mondiale. Et cet « environnement géopolitique tendu (…) aura également des retombées sur la région ».