SENTV : La légende argentine Diego Maradona a célébré ses 60 ans ce 30 octobre 2020. Près d’un mois après, il est mort d’un arrêt cardiaque. L’occasion pour Ouest-France de revenir sur la vie et la carrière mouvementées du Pibe de Oro (« le gamin en or »), considéré par certains comme le plus grand joueur de l’histoire du football. Retour sur cette carrière unique en cinq moments clés.
Diego Armando Maradona fête son 60e anniversaire ce 30 octobre 2020. El Pibe de Oro a vécu une carrière agitée qui l’a mené au sommet du football mondial avant une chute brutale. Retour en cinq dates sur la vie de la légende Diego Maradona.
Ses débuts chez les professionnels, mercredi 20 octobre 1976
Dix jours avant son seizième anniversaire, Diego Maradona devient le plus jeune footballeur à jouer en première division argentine sous le maillot des Argentinos Juniors de Buenos Aires. Trente plus tard, Juan Domingo Cabrera, alors joueur des Talleres de Cordoba et adversaire du jour de Maradona, se remémorait, auprès du média La Voz, de son premier duel avec un gamin déjà sûr de lui sur un terrain de football : J’étais sur le côté droit du terrain et j’ai voulu aller le presser, mais il ne m’a pas laissé une seule chance. Il m’a mis un petit pont et quand je me suis retourné, il était déjà loin.
Malgré ce petit coup d’éclat, l’équipe de Maradona s’incline un but à zéro. Mais en ce 20 octobre 1976, l’essentiel était ailleurs : un lutin de 1,65 m, qui allait devenir le meilleur joueur argentin de l’histoire, venait de faire ses premiers pas de footballeur professionnel. Maradona jouera durant cinq ans chez les Argentinos Juniors (167 matches et 116 buts) avant de rejoindre Boca Junior, avec qui il sera champion d’Argentine en 1981, puis l’Europe.
Son arrivée à Naples, jeudi 5 juillet 1984
Après deux saisons en demi-teinte du côté du FC Barcelone, Maradona débarque à Naples et devient le joueur le plus cher de l’histoire (plus de dix millions de dollars). Le club sort d’une saison pénible durant laquelle il a frôlé la relégation et beaucoup s’interrogent sur cette décision de rejoindre un club en difficulté dans un championnat alors dominé par la Juventus de Michel Platini. Mais les 75 000 tifosi qui l’accueillent en sauveur lors de sa présentation officielle le confortent dans ce choix.
Le meneur de jeu s’impose rapidement comme le leader de son équipe qu’il mène, trois ans plus tard, vers un doublé championnat et coupe d’Italie. C’est alors la première de l’histoire que le championnat est remporté par une équipe du sud de l’Italie. Naples est en fête et érige Maradona au rang de dieu vivant.
Deux saisons plus tard, Naples remporte la Coupe de l’UEFA, le premier trophée européen de son histoire. En finale contre Stuttgart, Maradona inscrit un but et délivre une passe décisive à Careca lors de la victoire 2-1 au match aller avant d’offrir une nouvelle passe décisive pour Ciro Ferrara lors du match retour (3-3).
Enfin, l’Argentin permettra au Napoli de remporter à nouveau le championnat ainsi que la Supercoupe d’Italie en 1990. Ces derniers trophées avec le club qu’il quittera en 1991, après avoir inscrit 115 buts en 259 matches, un record battu depuis par Marek Hamšík puis par Dries Mertens.
Argentine – Angleterre, quart de finale de la Coupe du monde, dimanche 22 juin 1986
Lors de la Coupe du monde 1982, en Espagne, Maradona, 21 ans, a déçu. L’Albiceleste est éliminée lors du second tour et son meneur de jeu est exclu à la fin du dernier match contre le Brésil, perdu 3-1.
En 1986, au Mexique, Maradona arrive au top de sa forme. Il a 25 ans et sort de deux premières saisons convaincante avec Naples. Après un premier tour facile et un huitième de finale remporté un but à zéro face à l’Uruguay, c’est l’Angleterre et son buteur Gary Lineker qui se dressent face à l’Argentine, devant les 115 000 spectateurs du stade Azteca de Mexico. À la 51e minute de jeu, le petit Maradona s’élève et devance le gardien anglais Peter Shilton pour l’ouverture du score. Tous les Anglais se protestent auprès de l’arbitre Ali Bennaceur qui valide le but, pourtant entaché d’une grossière faute de main. Trois minutes plus tard, Diego Maradona est servi dans son propre camp et remonte tout le terrain pour aller inscrire « le but du siècle » qui fait perdre voix au commentateur Víctor Hugo Morales ! L’Argentine s’impose 2-1 et file vers les demies laissant aux Anglais la frustration et le sentiment de s’être fait voler.
Un nouveau doublé de Maradona en demi-finale face à la Belgique envoie l’Albiceleste en finale face aux Allemands. Une finale historique à rebondissements. Après avoir mené 2-0, l’Argentine se fait rejoindre sur deux corners aux 74e et 81e minutes. Mais à la 87e minute, Maradona lance Burruchaga dans la profondeur, l’attaquant gagne son duel avec le gardien et propulse l’Argentine et Diego Maradona, élu meilleur joueur de la compétition, sur le toit du monde.
Argentine – Italie, demi-finale de la Coupe du monde, mardi 3 juillet 1990
Tout juste auréolé de son second titre de champion d’Italie avec le Napoli, Maradona est presque à domicile pour cette Coupe du monde qui se dispute dans son pays d’adoption. La compétition de l’Argentine est poussive mais elle se hisse malgré tout jusqu’en demi-finale face aux Italiens… au stade San Paolo de Naples. Et si les Argentins se sont fait siffler durant toute la compétition jusqu’ici, les supporters napolitains sont, eux, plus tiraillés. Mais lorsqu’il pénètre sur la pelouse, el Pibe de Oro est accueilli par une banderole « Maradona, Naples t’aime, mais l’Italie est notre pays ». Le choix des tifosi est fait.
Le match est dur et les coups pleuvent, mais devant ses fans, Maradona réalise son meilleur match du tournoi. Après l’ouverture du score de la Squadra azzura par Toto Schillaci, l’Albiceleste réussi à faire sauter le verrou italien pour la première fois de la compétition. Score final : un but partout. Le billet pour la finale se décide aux tirs au but. Après trois réussites de chaque côté, Goycoechea, le gardien argentin repousse la tentative de Donadoni. C’est au tour de Maradona de s’élancer, l’idole du peuple napolitain a l’occasion d’éliminer l’Italie et c’est alors que quelques sifflets descendent des travées du San Paolo. Diego Maradona transforme son tir au but avant que Serena ne loupe ensuite le sien, envoyant l’Argentine en finale.
L’Argentine s’inclinera par la suite en finale face aux Allemands, qui prennent leur revanche sur 1986, grâce à un penalty généreux sifflé à la 85e minute. L’hymne argentin est copieusement sifflé lors de cette finale ce qui agace sérieusement la capitaine Maradona qui, en réponse, insulte les supporters italiens. Entre Diego et l’Italie, c’est le début de la fin. Il quittera le pays un an après.
La descente aux enfers de l’idole d’un pays, dimanche 17 mars 1991
La saison 1990-1991 du Napoli de Maradona n’est pas aussi bonne que la précédente. Le club est dans le ventre mou du classement. Après une victoire 1-0 face à Bari, le 17 mars, Diego Maradona passe par la case contrôle et celui-ci se révèle positif à la cocaïne. Une addiction à la poudre blanche qui le suit depuis le début des années 1980. Il est suspendu quinze mois. Une sanction dont il prend connaissance depuis l’Argentine où il s’est réfugié après l’annonce du contrôle positif, le 29 mars. Il ne reportera plus le maillot du Napoli.
Mais le pire est encore à venir : le 26 avril 1991, il est arrêté chez son beau-frère à Buenos Aires. Les policiers, qui surveillaient l’appartement, découvrent 500 grammes de cocaïne. Maradona est arrêté et fait la une de tous les journaux. Après de longues heures d’interrogatoire, il est libéré sous caution le 28 avril.
El Pibe de Oro tentera ensuite un retour en Europe, au FC Séville, durant la saison 1992-1993, avant de rentrer en Argentine sous le maillot des Newell’s Old Boys puis de Boca Juniors. Mais, en surpoids, il n’est plus le génie du football qu’il fût dans les années 1980. En 1994, il participe à la Coupe du monde aux États-Unis mais, après deux matches, il est contrôlé positif à l’éphédrine, un produit dopant, et est exclu de la compétition.
Diego Armando Maradona raccroche finalement les crampons en 1997. Son après-carrière sera marquée par ses problèmes d’addiction à la cocaïne et d’obésité. Mais toutes ses frasques extra-sportives n’ont pas esquinté l’image du footballeur génial qu’était Maradona, notamment à Naples où son numéro 10 est retiré et ne sera plus jamais porté.