Lettre ouverte au président Macky Sall : votre silence sur le scandale du pétrole est-il un aveu de culpabilité ?
Je l’ai dit à travers une interview que j’ai accordée à Xibaaru : vous avez reçu l’opposition à la suite de la lettre ouverte qu’elle vous a adressée pour discuter du processus électoral ; vous n’avez pas le droit de faire moins, après avoir reçu la deuxième lettre ouverte que le Front Mankko Wattu Senegal vous a envoyée. Rouvrez-leur vos portes, en sachant que votre interlocuteur sur ce dossier est le peuple sénégalais qui vous a élu. Que cette rencontre soit élargie à toute l’opposition et qu’elle se tienne en présence de vos alliés aussi, dans un esprit d’équité. Et que la première sortie du COS PETROGAZ qui démarre sa mission soit alors à travers un exposé clair et objectif d’éclairer l’opinion sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, une bonne fois pour toutes.
S’il doit y avoir débat, alors qu’il ait lieu. Avec toute la solennité que requiert ce secteur dont les enjeux engagent le sort de la Nation toute entière et des générations futures dont nous devrions d’ores et déjà préserver les intérêts, en ne laissant pas des embryons de conflits accompagner la valorisation de nos richesses nationales et déboucher plus tard sur une catastrophe nationale.
J’en appelle à votre sagesse, Monsieur le Président, et à votre engagement pour une gestion sobre et vertueuse mettant en avant la Patrie avant le parti.
Refuser le dialogue au sommet sur le pétrole, c’est reconnaitre tacitement qu’il y aurait faute, qu’il y aurait eu délit d’initié, en conséquence. Et qu’alors, vous auriez abusé de vos prérogatives, en distribuant nos richesses nationales à votre frère et à ses associés. A quelles fins?
Cela est inimaginable. Et c’est pourquoi je suis convaincu que le Président vous ne vous déroberez jamais à un quelconque débat, surtout celui-ci qui cristallise le ressentiment d’une grand frange de la population, et pollue notre espace médiatico-politico-social.
Maintenant que les instances internationales ont été saisies et que cette cacophonie est en train de porter préjudice à notre image de plus en plus écornée par les dénonciations de corruption sur le pétrole, il est temps que la vérité soit rétablie, et que ce débat soit clarifié enfin, et les responsabilités situées. Le linge, même s’il était sale, devrait se laver en famille, en effet.
Comme cela, l’image de notre pays sera restaurée.
Cela vaut mieux que de menacer les honnêtes gens de les traduire en justice.
Aujourd’hui ce sont les représentants du peuple qui saisissent justement la justice contre l’État, et contre votre propre frère, Monsieur le Président !
Vous êtes en première ligne désormais, directement exposé face à l’opinion publique nationale et internationale sur cette question. Votre stoïque garde avec le sympathique et véridique Mouhamed Dionne à sa tête et en qualité d’ultime rempart institutionnel n’a pas réussi à contenir la grande clameur sur le scandale supposé ou réel du pétrole, encore moins Frank Timis, un des protagonistes de ce deal sombre, dont la sortie empreinte de mépris et de dédain aux côtés de M. Aliou Sall a survolté tous les citoyens sénégalais.
Votre silence Monsieur le Président et votre refus de vous exprimer sur le sujet ressemblent donc à une fuite en avant qui commence à perdurer, au risque de vous décrédibiliser davantage, et de conforter l’ensemble de l’opinion de plus en plus que votre silence vaudrait acceptation, et donc confirmation de votre culpabilité dans les faits dont vous êtes accusé, en complicité avec votre frère.
Parlez donc à votre peuple, Monsieur le Président : il vous écoute. Et vous fait confiance.
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R