Liberté de la presse en danger : CDEPS et APPEL dénoncent la criminalisation de l’activité de presse

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SENTV : Dakar, 26 février 2025 – La liberté de la presse sénégalaise est-elle menacée ? C’est la question que se posent les acteurs des médias après la révélation d’une instruction du ministère de la Communication au ministère de l’Intérieur pour activer la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) et la Division spéciale de la Cybercriminalité (DSC). Officiellement, il s’agit de « mesures de régulation », mais pour le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) et l’Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL), c’est une tentative de museler la presse sous couvert de réglementation.

Dans un communiqué conjoint publié ce mercredi, les deux organisations patronales dénoncent une « criminalisation de l’activité de presse » et une violation flagrante des principes démocratiques garantis par la Constitution et le Code de la presse. Elles pointent du doigt une gestion opaque et approximative du ministère, notamment sur les listes des médias « reconnus » et « conformes ».

Une gestion chaotique et des tensions croissantes

Le ministère de la Communication avait publié, en deux temps, une liste des médias censés être en règle. Mais ce processus est entaché d’irrégularités reconnues par ses propres services. Malgré tout, le ministre n’a toujours pas pris d’arrêté ministériel pour entériner ces décisions, plongeant les entreprises de presse dans un climat d’incertitude.

Les professionnels des médias rappellent qu’ils ont toujours œuvré pour une presse mieux structurée et réglementée. La création de la Coordination des Associations de Presse (CAP) en 2016 et les Assises nationales des médias en sont des preuves concrètes. Mais au lieu d’un dialogue ouvert, ils dénoncent un mépris total de la part du ministre, qui agit en solitaire, ignorant les recommandations des Assises.

Un appel au Président et au Premier ministre

Face à cette situation inquiétante, CDEPS et APPEL interpellent directement le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, ainsi que le Premier ministre. Ils rappellent que depuis le Conseil des ministres du 13 août 2024, où un « dialogue rénové » avec la presse avait été annoncé, aucune action concrète n’a suivi.

Pire, selon eux, le ministre de la Communication continue de dérouler un agenda unilatéral, accentuant la crise d’un secteur déjà en grande difficulté. De nombreuses entreprises de presse sont au bord de la faillite, entraînant des vagues de licenciements et une précarité croissante pour les travailleurs des médias.

Un secteur en péril, une liberté à défendre

Les signataires du communiqué appellent à une mobilisation générale pour défendre une presse libre et indépendante. Ils rejettent fermement toute tentative de restriction de la liberté d’informer et exigent des mesures urgentes pour garantir la viabilité économique des médias.

« Non à la confiscation de la liberté de la presse ! Pour des médias républicains, libres et indépendants, viables économiquement ! »

Le bras de fer est engagé. Reste à voir si les autorités entendront cet appel ou si la tension continuera de monter.

La rédaction de la SENTV.info.

VOICI LE COMMUNIQUÉ DE PRESSE CONJOINT :

CDEPS et APPEL dénoncent la criminalisation de l’activité de presse

Le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) et l’Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL) ont appris, ce mercredi 26 février 2025, à travers la manchette du journal Libération, la saisine par le ministre de la Communication du ministère de l’Intérieur, pour activer la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) et la Division spéciale de la Cybercriminalité (DSC), en vue d’une application des «mesures de régulation», qui criminalisent en fait l’activité de presse.
CDEPS et APPEL sont scandalisés par les errements du ministre de tutelle, qui viole allègrement la Constitution et le Code de la presse. Par deux fois, lors de la publication de la première liste de médias «reconnus» et de la seconde liste de médias «conformes», le processus a été entaché d’irrégularités, d’omissions et de failles techniques avouées par le ministère lui-même. Ainsi, si la deuxième liste est effectivement définitive, qu’est-ce qui empêche le ministre de la matérialiser par un arrêté ministériel ? Depuis sa publication le 6 février dernier, c’est le flou total. Et pourtant manifestement, des erreurs monumentales compromettent la sincérité du processus notées par les services mêmes du ministère, les membres de la «Commission d’examen et de validation des entreprises de presse» et les organisations faitières des acteurs des médias.
Les organisations patronales des médias tiennent à rappeler qu’elles ont toujours été préoccupées par la régulation et la professionnalisation du secteur. Ce qui a guidé la création de la Coordination des Associations de Presse (CAP) en 2016, les travaux sur les Assises nationales des médias entre autres actions. Elles dénoncent avec véhémence le mépris et le forcing du ministre de la Communication qui s’est lamentablement fourvoyé depuis le début, durant les 11 mois de son magistère.
CDEPS et APPEL sont foncièrement convaincus que le Sénégal est un État de droit. Ils comptent se donner tous les moyens légaux pour freiner ce ministre qui est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Les acteurs des médias en appellent au président de la République et au Premier ministre face aux manquements répétés et graves des lois et procédures administratives par le ministre de la Communication, qui plonge les entreprises de presse dans une tension permanente. Depuis que le chef de l’État, Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, a donné des instructions au gouvernement en Conseil des ministres du 13 août 2024, pour un «dialogue rénové» avec les acteurs des médias, aucun acte n’a été posé. Pire, le ministre de la Communication snobe les acteurs et déroule son agenda en solo. Depuis que les conclusions des Assises lui ont été transmises, il n’y a eu aucune suite alors que nous attendons que les plus hautes autorités soient imprégnées des recommandations qui constituent une thérapie de choc pour un secteur en profonde crise.
Aujourd’hui, le secteur des médias connaît une crise sans précédent, aggravée par le ministre de la Communication, avec comme corollaires des entreprises de presse en situation de faillite et des licenciements des travailleurs plongés dans la précarité.
Non à la confiscation de la liberté de la presse !
Pour des médias républicains, libres et indépendants, viables économiquement !
Dakar, le 26 février 2025.
Pour le CDEPS, Mamadou Ibra KANE
Pour APPEL, Ibrahima Lissa FAYE

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