A Kolda, le phénomène de la migration est une réalité. Beaucoup de jeunes empruntent des voies périlleuses à la recherche d’un monde meilleur. Afin de couper le mal à la racine, l’Organisation internationale des migrations et la Coopération espagnole ont lancé, hier dans la capitale du Fouladou, deux projets portant sur le sujet.
(Correspondance) – Tout sourire, le maire de Guiré Yéro Bocar, une commune frontalière à la Guinée-Bissau, est aux premières loges. Venu participer au lancement, hier, à Kolda, des projets sur les migrants de la Coopération espagnole et de l’Organisation internationale des migrations (Oim), Boubacar Seydi compte le nombre de candidats à l’émigration. «Dans la région, notre commune enregistre le plus de départs de jeunes à l’émigration vers la Libye et vers d’autres destinations. Dans le seul village de Guiré Yéro Bocar, on a recensé 74 migrants qui sont revenus. Pour le reste de la commune, 97 jeunes migrants sont rentrés au bercail. D’autres sont sur la route du retour, ils sont éparpillés à Dakar». Ainsi, devant l’adjoint au gouverneur de Kolda et des responsables d’organisations internationales, l’édile de Guiré Yéro Bocar invite à «agir vite» pour mettre fin au phénomène migratoire : «Il faut agir vite, moins de paroles, plus d’actions. On n’est plus à l’ère de la sensibilisation ni à celle de la communication. On est à l’ère de l’action. Il s’agit de proposer des actions concrètes à ceux qui sont revenus. Seul quelque chose de palpable, de rentable, de visible peut inciter les jeunes à ne pas émigrer ou faire revenir les autres en difficultés en Libye ou ailleurs».
Financés par l’Union européenne, le projet 1, «Gouvernance migration et développement» de la Coopération espagnole et le projet 2 «Protection et réintégration des migrants au Sénégal» de l’Oim ciblent les régions de Sédhiou, Kolda et Tambacounda. Lia Poggio est chargée de programme à l’Oim, coordinatrice du projet pour l’accueil, la protection et la réintégration des migrants de retour au Sénégal. Elle rappelle que la mission de l’Oim est d’assurer la protection et le retour de plus de 30 mille migrants sénégalais. Pour la région de Kolda, elle avance des chiffres précis sur le phénomène. «L’Oim a accueilli plus de 1 300 migrants de retour à Kolda. C’est le but de notre présence à Kolda pour informer les autorités locales de la mise en œuvre de ce projet et demander aux autorités de nous appuyer dans le dispositif de réintégration digne des migrants», dit-elle.
Sory Kaba, directeur général des Sénégalais de l’extérieur fonde un espoir sur le projet. Pour lui, il s’agit de répondre aux attentes de ces milliers de Sénégalais rapatriés depuis des années ou qui sont revenus, ou bien tentés par la migration, et qui ont échoué. «Ce projet concerne les Sénégalais encore en migration ; ceux qui souhaitent revenir, mais confrontés à des difficultés dans leur volonté de retour au bercail. Enfin ceux qui sont encore en migration ne souhaitant pas revenir mais voulant investir dans leur terroir de départ», précise Sory Kaba. Avant de conclure : «C’est un projet qui vient pour répondre aux différentes préoccupations identifiées depuis plusieurs années avec nos partenaires au développement, en l’occurrence l’Agence internationale de coopération au développement, l’Oim, le concours financier de l’Union européenne dans le cadre du fonds fiduciaire d’urgence, qui nous permet de lutter efficacement et de manière urgente, contre les causes profondes de la migration irrégulière».