Mauritanie : plus de 100 migrants morts repêchés en mer depuis janvier, un lourd tribut de la route de l’Atlantique
SENTV : La crise migratoire continue de faire des ravages sur la côte ouest-africaine. Depuis le début de l’année 2025, plus de 100 corps de personnes migrantes ont été repêchés sur les côtes mauritaniennes, a révélé jeudi le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, en déplacement à Bamako.
Cette déclaration, faite lors d’une rencontre officielle avec les autorités maliennes, vient confirmer l’ampleur dramatique du phénomène migratoire par la route de l’Atlantique, devenue l’une des plus meurtrières au monde.
« En 2024, plus de 500 jeunes Africains ont été repêchés sans vie sur nos côtes. Depuis janvier, ce sont déjà plus de 100 corps », a affirmé le ministre, qualifiant la situation de “tragédie humaine” provoquée par “des réseaux criminels” d’immigration irrégulière.
Une route migratoire de plus en plus mortelle
La Mauritanie, située entre le Sahel et l’océan Atlantique, s’est imposée ces dernières années comme l’un des principaux points de départ des embarcations de fortune à destination des îles Canaries, porte d’entrée vers l’Europe. Ces traversées, souvent organisées par des trafiquants, se soldent régulièrement par des naufrages meurtriers.
Face à l’afflux massif de migrants en situation irrégulière – principalement originaires du Sénégal, du Mali, de la Côte d’Ivoire ou de la Guinée –, Nouakchott a récemment engagé des opérations d’expulsion, suscitant une vive controverse au sein de la région.
Crise diplomatique avec Bamako
La question migratoire a été au cœur des échanges entre le ministre mauritanien et les autorités de la transition malienne, dont le chef de l’État Assimi Goïta. En mars dernier, le Mali avait dénoncé les violences subies par ses ressortissants expulsés de Mauritanie, y voyant une “violation flagrante des droits humains”.
“Un Malien qui arrive en Mauritanie est chez lui, tout comme un Mauritanien qui se rend au Mali”, a tempéré Mohamed Salem Ould Merzoug, tout en précisant que les difficultés concernaient “les personnes non enregistrées”, appelant à une meilleure coordination bilatérale.
Tensions sur le terrain, appels au respect des droits humains
Sur place, plusieurs ONG de défense des droits des migrants, dont SOS Esclaves, dénoncent des arrestations arbitraires et des conditions de détention inhumaines. Les autorités mauritaniennes, elles, parlent d’opérations de contrôle de routine, sans toutefois fournir de chiffres précis.
Le diplomate a plaidé pour une coopération régionale accrue et une lutte conjointe contre les réseaux mafieux, tout en insistant sur la nécessité d’organiser une migration légale, sûre et encadrée, en accord avec les législations nationales et les engagements internationaux.
La rédaction de la SENTV.info