Munitions saisies à Dakar : Grand flou autour de l’étape du Sénégal / Rebelote pour Theodoros Rellos…
SENTV : Contacté par Dakaractu suite à la saisie de ses munitions transportées par le navire Eolika, l’entreprise italienne Fiocchi a réagi. Dans un communiqué envoyé à notre rédaction, le fabricant de munitions de petit calibre basé à Lecco, a avoué être le propriétaire de la marchandise qui était, selon les termes de son service de communication, « destiné à la République dominicaine ».
Un grand détour que ne s’explique pas Fiocchi
Fiocchi Munizioni admet dans le même temps que le navire devait observer une pause à Las Palmas, dans l’archipel des Canaries avant de repartir vers les Caraïbes où les munitions composées de cartouches de guerre de type 5.56 mm, des cartouches à blanc du même calibre mais aussi de balles réelles de calibre 9 mm étaient attendues. Elles étaient destinées aux forces de défense et de sécurité de ce pays frontalier d’Haïti. Ce qui veut dire que l’étape du Sénégal n’était pas inscrite dans l’itinéraire du navire qui appartient à une compagnie maritime suisse géré par un Grec du nom de Theodoros Rellos.
Dans le communiqué transmis à Dakaractu, Fiocchi laisse transparaître son étonnement à propos du grand détour effectué par le navire et prétend en ignorer les raisons.
Dès lors se pose la question de savoir ce que faisait l’équipage composé de trois ressortissants ukrainiens à Dakar. Cette interrogation a son pesant d’or d’autant plus que le Cargo ship appartenant à Imtraco Overseas Switzerland a passé beaucoup de temps dans les eaux sénégalaises et aurait accosté au port de Dakar à trois reprises, comme le montrent tous les instruments de suivi du trafic maritime exploités à Dakaractu.
L’équipage a allégué être passé à Dakar pour se ravitailler en carburant et nourriture, mais cet argument ne tient pas face aux manigances de deux de ses membres qui n’a pas trompé la vigilance des douaniers.
En effet, ce n’est pas la première fois que cet homme se retrouve au cœur d’histoires de cette nature. En janvier 2018, il avait été placé en détention chez lui, en Grèce, à la prison de Korydallos après qu’un navire du nom d’Andromeda a été amarré par les garde-côtes avec, à son bord, 410 tonnes d’explosifs. Chargé au port de Iskenderun (Alexandrette) en Turquie en novembre 2017, ce produit dangereux devait, selon Rellos être livré à des entreprises éthiopiennes s’activant dans les mines.
Seulement, comme avec l’Eolika arraisonné à Dakar, l’Andromeda est resté en mer pendant deux mois et est accusé d’avoir tenté de décharger sa cargaison composée de produits servant à confectionner des bombes en Libye alors que ce pays d’Afrique du nord était sous le coup d’un embargo sur les armes en raison de son instabilité institutionnelle. Selon pressreader, le capitaine du navire a confié aux enquêteurs avoir reçu l’ordre de naviguer vers le port de Misrata.
Pour sa défense, Theodoros Rellos a affirmé que ce changement de cap s’expliquait par le refus des compagnies turques productrices des explosifs de s’acquitter de leur part du contrat. Par exemple, ces dernières auraient refusé de payer le péage au Canal de Suez, le poussant à user de subterfuges pour les contraindre à respecter leurs engagements.
Des arguments qui n’ont pas convaincu les enquêteurs de Pirée qui l’ont gardé, avec l’équipage composé de deux Ukrainiens (dont le capitaine de l’Eolika), cinq indiens et un albanais. Après 13 mois de détention, ils ont été relaxés par la cour d’appel de Pirée. Apparemment, Theodoros Rellos n’a pas tiré les leçons de cette épreuve car deux années plus tard, le revoici empêtré dans une situation compliquée.
En Italie où le chargement a été fait en présence de la Police et des Pompiers, les autorités sont repoussées dans leurs derniers retranchements par des organisations militant contre la prolifération des armes.