New York : 27% des femmes voilées affirment avoir été poussées sur une plateforme de métro, selon une étude
Dans l’Amérique passée sous pavillon nationalisme blanc, les rapports sur la résurgence du racisme, son chapelet de discriminations et sa spirale de la violence se suivent et se ressemblent, dépeignant tous le même sombre tableau, y compris à New York, la mégapole multicolore par excellence.
Ainsi, la récente enquête réalisée par la Commission des droits de l’homme de la ville auprès d’un panel représentatif de la diversité new-yorkaise, composé de 3 100 personnes arabo-musulmanes, sikhs, sud-asiatiques et juives, a non seulement mis en lumière les préjugés, le rejet et les agressions verbales et physiques qui empoisonnent leur quotidien, mais également les grandes réticences, voire la peur qui s’empare d’elles à l’idée d’aller porter plainte.
Il ressort en effet que la majorité des sondés (70% d’entre eux) craignent d’être traités avec mépris par les forces de l’ordre, relégués au statut peu enviable de citoyens de seconde zone, ce qui constituerait une humiliation d’autant plus insupportable qu’elle leur serait infligée par ceux qui sont censés les protéger. Autrement dit, la plupart des agressions à caractère raciste ne sont pas signalées, et encore moins consignées noir sur blanc.
Cette étude édifiante qui, à partir des témoignages recueillis, a été en mesure d’observer la hausse des actes racistes et leur sauvagerie de plus en plus désinhibée, au cours de la période allant de juillet 2016 à fin 2017, a notamment révélé que 27% des femmes musulmanes revêtues d’un hijab ont affirmé avoir été violemment poussées sur une plateforme de métro. Terrifiant !
Parmi elles, Souad Karima a relaté péniblement l’attaque d’une extrême brutalité dont elle a été victime dans un restaurant de Brooklyn l’année dernière. Une attaque qui l’a doublement traumatisée, à la fois par la jeunesse et la féminisation de ses agresseurs qui étaient, à sa grande stupeur, des adolescentes enragées qui l’ont battue en la traitant de « terroriste », et par l’indifférence glaçante des clients de l’établissement, alors qu’elle vacillait sous la pluie de coups.
« Les gens se tenaient là, me regardant en train d’être frappée à plusieurs reprises et insultée, elles hurlaient en me frappant, elles m’ont traitée de “terroriste” », a-t-elle raconté lors de la conférence de presse donnée par la Commission des droits de l’homme de New York. « Jamais, dans ma vie, je n’avais vu un tel degré de haine et d’agressivité, surtout de la part de femmes, qui plus est très jeunes », a-t-elle ajouté, la voix étranglée par l’émotion.
« Je suis fière d’être new-yorkaise et je tiens à exprimer ma reconnaissance à la Commission d’enquête de la ville pour son travail de terrain remarquable, qui a fait entendre nos voix », a-t-elle insisté, avant de s’exclamer : « Maintenant plus que jamais, il est essentiel que tout le monde à New York se lève contre le racisme et sa violence ! ».
« Personne à New York n’est autorisé à discriminer, harceler ou à agresser les autres, en raison de leur religion, de leurs origines, de leur couleur de peau ou de leur apparence extérieure », a martelé, quant à elle, Carmelyn P. Malalis, la présidente de la Commission.
« La Commission des droits de l’homme de New York prend très au sérieux les agressions de quelque nature que ce soit, qui sont motivées par des préjugés racistes et la détestation de l’altérité. Nous sommes déterminés à les combattre », a-t-elle averti avec solennité, en indiquant qu’une grande campagne de sensibilisation venait d’être lancée conjointement sur les réseaux sociaux américains et sur 15 médias ethniques.