Nos rapports avec la France : « Une stratégie intelligente pour maximiser les profits ou une rupture totale »

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SENTV : Le débat des prétendus panafricanistes sur la rencontre du Président de la République du Sénégal avec son homologue français suscite ces derniers jours des controverses sur les plateaux au sein de la communauté qui se dit panafricaniste.
L’ancien opposant, aujourd’hui au pouvoir, tenait dans le passé des propos durs envers la France. Dans une de ses conférences de presse, il est même allé jusqu’à dire qu'<<« il est temps que la France lève son genou de notre cou> . Certains <<panafricanistes>> sur les réseaux sociaux se disent très déçus des nouvelles autorités sénégalaises. Ce qui me déçoit, ce n’est pas leur déception, mais le fait que des intellectuels, dans une naïveté inouïe, croient aux propos fantasmagoriques de l’ancien membre de l’opposition sur la question de nos relations avec la France.
Penser que le Sénégal, qui entretient actuellement des relations économiques très significatives avec un niveau d’échanges commerciaux très élevé, devrait rompre ses liens avec la France à l’arrivée au pouvoir du nouveau régime, c’est vouloir plonger le pays dans une situation économique intenable. En effet, le volume d’échanges entre nos deux pays est de l’ordre de 1,1 milliard d’euros en 2023, avec un excédent en faveur de la France de 937 millions d’euros. Ces chiffres sont concrets et reflètent une réalité économique incontestable. En Afrique, le Sénégal est le troisième client de la France. En outre, le nombre d’entreprises avec des capitaux français reste encore considérable dans notre pays. Il serait économiquement suicidaire de vouloir subitement couper les liens avec un partenaire de longue date, bien qu’il y ait des asymétries dans la relation depuis la colonisation jusqu’à nos jours.
Compte tenu de nos liens avec la France, les nouvelles autorités semblent ne pas avoir le choix. Est ce que la veille pratique sera consolidée ?
La preuve de notre indépendance politique est incontestable. En effet, elle se confirme par le fait qu’en mars dernier le Sénégal ait librement et démocratiquement choisi son Président de la République, sans qu’une influence étrangère puisse jouer sur ce choix du peuple. Ceci étant, il faut reconnaître que le Sénégal est un pays libre, indépendant et souverain avec un État fort, parfois malmené par les politiciens. Dès lors, le Sénégal a le droit de choisir librement ses partenaires. Il appartient en conséquence au régime en place de défendre intelligemment et à tout égard nos intérêts pour le bien de notre pays et de nos compatriotes. Nous ne sommes pas un îlot solitaire quelque part sur la planète Mars. Nous vivons sur terre dans un monde globalisé, mondialisé et largement interconnecté. Il serait naïf de croire qu’il existe des relations d’égal à égal entre les pays. Il n’existe que des relations d’intérêts mutuels.
De ce fait, Il serait très lucide d’analyser froidement la situation du monde et nos relations diplomatiques et économiques avec tous les pays du globe, et d’adopter des stratégies intelligemment conçues afin de tirer le maximum de profit et de bénéfice possible dans nos partenariats, et mieux défendre les intérêts du Sénégal et des Sénégalais partout dans le monde. Cela dépend de notre intelligence et de nos capacités de négociation ainsi que du niveau de patriotisme de nos autorités et diplomates.
L’avenir du continent est entre nos mains, et il est temps de sortir de la victimisation. Ceux qui croient qu’en se tournant vers la Russie, nos difficultés seront résolues se trompent gravement. Tout comme la France, les diplomates russes cherchent avant tout à défendre les intérêts de leur propre pays et à tirer le maximum de profit de nos ressources en Afrique. La Chine ne déroge pas à cette approche non plus.
Tenez-vous loin des discours et des propos simplistes de certains politiciens dans l’objectif d’attirer les électeurs avec des promesses souvent irréalistes. La France est devenue un bouc émissaire facile utilisé aujourd’hui dans toute la sous-région ouest africaine soit pour arriver au pouvoir soit pour s’y maintenir. Il est vrai que nous devons réévaluer nos rapports avec la France pour tirer notre épingle du jeu. Il n’y a pas de solution facile à des problématiques complexes dans un monde incertain. Nos problèmes économiques ne se régleront pas avec des cris pour une fierté patriotique nationale, ils se résoudront avec des solutions lucides et réalistes répondant aux enjeux du monde d’aujourd’hui. Être constamment dans la victimisation et se réfugier derrière un discours d’une autre époque loin des enjeux d’une planète mondialisée ne réduira pas les déficits budgétaires ni le chômage de notre jeunesse.
La rationalité nous a empêché  de  croire à ces déclarations irréfléchies axées sur l’émotion pour attirer les masses. Ceux qui ont cru hier aux propos de l’ancien opposant, aujourd’hui aux commandes, ne verront pas le Sénégal couper ses relations avec la France, je peux en jurer. Peut-être que des changements auront lieu, mais l’avenir nous montrera s’il y aura des ruptures.
Babacar Ndiogou
 Membre du Cercle des cadres Parti ACT

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