Pas en mon nom (Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE)

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SENTV : Pathétique. Cette scène surréaliste à laquelle j’ai eu à assister dans la nuit du lundi au mardi dernier. Autour d’une séance de thé, deux frères essaient de tromper le froid glacial nocturne. Des amis d’enfance que je retrouve dans cette ville natale du nord. Dans le Fouta ou encore Namandiri, de son nom original d’avant la venue de Kolly Tenguella.

Matam donc le royaume d’enfance. Griots qui s’assument, le débat est orienté sur l’actualité de la traque des biens mal acquis entre les deux frères qui ont plus que de la compassion pour leur neveu de Farba Ngom, empêtré dans une affaire d’enrichissement illicite. Ils sont solidaires et pensent, sans ambage, que la montagne accouchera d’une souris. Du coup surgit un autre ami qui se régale d’un sandwich. Il se fait tard, mais la contradiction apportée par le nouvel arrivant intensifie le débat eu égard à sa sympathie pour les nouvelles autorités. Il se réclame militant de la première heure du parti au pouvoir, même si son engagement n’est pas connu de tous. Pour lui, il est tout à fait normal de convoquer et d’emprisonner le député Ngom.

La sentence est dite chez lui et la culpabilité établie déjà. Ce qui a l’heur de mettre le grand-frère dans tous ses états qui lui rappelle qu’il n’a pu trouver de boulot que sous le régime de Macky Sall. Le ton monte. Je les invite à le baisser, à dépassionner le débat et à discuter en toute courtoisie. Peine perdue puisque l’escalade verbale va crescendo. « Vous allez réveiller les gens et il est déjà minuit », lançais-je. Mais le mal est fait. Les insultes fusent. Pour le grand-frère, vivant depuis toujours avec un handicap physique d’une main l’obligeant à tout faire avec l’autre, la réaction épidermique est plus que normale et il se met à citer les bonnes actions et réalisations de son parent dans la contrée. Il s’empare d’un long bâton qu’il va dénicher à l’intérieur de sa concession. L’autre devient furieux et l’abreuve d’insultes. Il se déchaîne et n’entend nullement quitter les lieux.

On essaie de le faire vider des lieux de toutes nos forces face à son déchaînement. La crainte se réalise et des voisins affluent de partout pour essayer de ramener le calme. Il finira par quitter les lieux un quart d’heure plus tard tandis que l’autre continue d’éventer son fourneau pour servir une dernière tasse de thé. Ce malheureux incident a mis aux prises deux voisins, amis d’enfance, appartenant à la même ethnie. Ce qui nous ramène à une réalité qui démontre que le Sénégal, dans sa diversité, est unique. Cette scène a opposé deux Peuls, rendant caduque la croyance que tous les Peuls soient avec Farba Ngom.

Certains disent que le combat de Farba n’est pas le leur tout en souhaitant voir le procès éventuel conduit avec équité et justice. Au nom du peuple sénégalais. Les réactions partisanes ne manquent pas certes, mais l’imbrication des ethnies, peuples, cultures font qu’il ne devrait y avoir aucune crainte quant à une éventuelle lutte partisane. La force du Sénégal résidant également dans le fait qu’ici pousse une graine unique et fortifiée du vivre-ensemble. Rien ni personne ne devrait pouvoir nous amener à nous étriper. Et surtout pas les politiciens. Ces combats ne sont pas à mener en mon nom.

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