SENTV : L’intervention du bureau politique du Pastef lors du journal télévisé de la RTS a suscité un vif débat. Le parti, dénonçant des « injures publiques » proférées par des chroniqueurs de l’émission Jakarlo sur TFM, a interpellé le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) et le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED). Cependant, cette prise de position a rapidement été critiquée, notamment par Alioune Abatalib Bèye, qui y voit une contradiction flagrante.
Quand le bourreau se plaint des blessures
Selon Alioune Abatalib Bèye, cette dénonciation du Pastef apparaît comme une ironie du sort. « Depuis plusieurs années, les militants et sympathisants du Pastef, très actifs sur les réseaux sociaux, ont instauré un climat de violence verbale en politique, n’hésitant pas à s’attaquer aux institutions, aux magistrats, aux journalistes et aux figures publiques », rappelle-t-il. Cette culture de l’insulte, amplifiée par certains membres du parti, a souvent été dénoncée sans que le Pastef ne prenne de mesures pour l’encadrer.
Le paradoxe est donc évident : le parti qui a contribué à normaliser l’invective politique se pose aujourd’hui en défenseur de l’éthique médiatique.
Un appel à la régulation… après avoir affaibli les régulateurs
Outre la question des injures, le rôle du Pastef dans l’affaiblissement des institutions de régulation est pointé du doigt. « Comment un parti qui a contribué à paralyser le CORED et le CNRA en limitant leurs moyens peut-il aujourd’hui exiger leur intervention ? », s’interroge Bèye.
Depuis l’accession du Pastef au pouvoir, plusieurs instances de régulation, dont le CORED, ont subi des entraves administratives et budgétaires. Or, aujourd’hui, le même parti demande à ces structures d’agir avec fermeté.
Le débat médiatique : rétablir la vérité ou insulter ?
L’affaire Jakarlo met également en lumière une autre question : où se situe la frontière entre l’insulte et la critique ? Le cas de Badara Gadiaga, cité dans ce débat, en est une illustration. Selon Bèye, ce dernier n’a fait que rétablir des faits face à des arguments jugés fallacieux de certains partisans du Pastef.
Plutôt que de pointer du doigt les chroniqueurs de Jakarlo, le Pastef gagnerait à initier une introspection sur le rôle de ses militants dans la dégradation du débat public. Comme le dit un adage wolof : « Avant de nettoyer chez les autres, commence par nettoyer devant ta porte ».
La rédaction de la SENTV.info