« Pourquoi devrait-on recourir à un dialogue alors que l’une des parties dispose… de tous les pouvoirs…? »

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SENTV : Pourquoi devrait-on recourir à un dialogue alors que l’une des parties dispose, à elle seule, de tous les pouvoirs pour ramener la sérénité dans l’espace politique ?

Le dialogue est une démarche pacifique à saluer lorsqu’il s’agit de faire taire la violence sous toutes ses formes, de s’entendre en toute sincérité sur les règles de jeu politique, d’écouter les différentes positions et d’œuvrer ensemble pour parvenir à une solution satisfaisante pour tous les acteurs politiques et de la société civile. Il est clair que le recours au dialogue politique peut aider à renforcer la confiance entre l’opposition et le régime au pouvoir et à trouver des solutions plus durables et plus inclusives pour la stabilité politique.

Cependant, depuis près de dix longues années, il n’y a jamais eu de dialogue sérieux avec des résultats concrets appliqués dans l’intérêt général. Durant cette décennie, les dialogues qui se sont succédé n’ont pas abouti à apaiser l’espace politique en raison du manque de consensus et particulièrement de sincérité dans la démarche de ceux qui ont organisé ces dialogues. Tout ce qui a été décidé lors de ces dialogues précédents n’a servi pratiquement à rien. Parfois, c’était simplement un alibi pour faire des compromis et des combines sur le dos du peuple afin d’atteindre un but précis. Le dernier en date a produit un Mbourokh-Soow indigeste qui n’est désormais plus consommable.

Pourquoi vouloir coûte que coûte dialoguer à quelques mois des échéances électorales, alors que celui qui en fait appel dispose de tous les outils pour apaiser le climat tendu et revenir à l’orthodoxie ? Le Chef de l’exécutif possède tous les moyens de remettre les compteurs à zéro, faire une toilette du code électoral, restaurer le code consensuel de Kéba Mbaye, supprimer le parrainage appliqué aux partis politiques et restaurer un parrainage juste et rationnel pour les indépendants. Il est également capable de modifier les articles L.29 et L.30 de la loi électorale sans avoir recours à un dialogue superflu. Il peut, comme le stipule clairement la Constitution, se limiter à ses deux candidatures qui ont été sanctionnées par des mandats de 7 et 5 ans et renoncer à une troisième candidature. Ainsi, la loi constitutionnelle ne sera pas violée.

De plus, il pourrait instaurer le bulletin unique pour tous les votes afin d’économiser nos maigres ressources, d’améliorer les difficultés logistiques, de faciliter le vote et de permettre la participation d’un grand nombre de candidats. Il dispose par ailleurs de toutes les prérogatives pour nommer une personnalité indépendante à la tête du ministère de l’Intérieur afin d’organiser des élections justes, inclusives et transparentes. De plus, il peut faciliter l’accès de l’opposition au fichier électoral afin de parer à toute suspicion.

Naturellement, il peut prolonger la durée de la période de révision des listes électorales pour permettre aux jeunes sénégalais et à la diaspora de s’inscrire en toute tranquillité et d’exercer leur droit légitime de vote. Dès lors qu’il dispose de tous les outils juridiques nécessaires pour prendre toutes les mesures susmentionnées, il n’y a pas besoin de dialoguer avec l’opposition pour les mettre en œuvre. Il n’y a aucune nécessité de réunir encore une fois des centaines de personnes pour répéter les mêmes discours, élaborer les mêmes rapports de dialogue.

Après tant d’années et de tentatives de dialogue avortées, il n’est pas facile pour un parti politique sérieux, dont l’intérêt du Sénégal est la seule préoccupation, de croire aujourd’hui en la possibilité d’un dialogue sincère et crédible avec le régime actuel. Il est clair que le régime en place est pleinement conscient des divergences et des sources de conflits entre le pouvoir et l’opposition. Il suffirait simplement de faire preuve de bonne foi et de volonté sincère pour procéder aux modifications nécessaires au niveau des lois correspondantes et de la Constitution, ainsi que pour revenir sur les décisions qui ont conduit à l’instabilité sociopolitique.

Pour faire simple, Monsieur le Président, avant de céder le pouvoir en Février 2024, vous avez tous les moyens légaux et les instruments nécessaires pour ramener la stabilité politique au Sénégal sans avoir besoin de dialoguer avec l’opposition. L’opposition politique sénégalaise, réunie autour de F24, devrait pour l’intérêt supérieur du Sénégal œuvrer pour une cohésion solide afin de faire face à toute tentative de division venant de l’intérieur ou de l’extérieur.

* Par Babacar Ndiogou
ACT – Membre du Cercle des Cadres

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