Pr. Ousmane WAGUÉ : « Les communautés soninkés […] doivent se sentir fières de leur langue et de leur appartenance »

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SENTV : Professeur . Ousmane WAGUÉ, sociologue et enseignant chercheur à l’Université de Nouakchott, éclaire l’importance historique de la Journée internationale de la langue soninké, une célébration qui renforce la fierté, la préservation culturelle, et l’identité d’un peuple aux racines profondes face aux défis contemporains.

Cultures Mauritanie : Que symbolise une Journée internationale dédiée à la langue soninké ?

Ousmane WAGUÉ : La proclamation de la Journée internationale de la langue soninké représente un acte majeur, une reconnaissance historique d’une grande importance, qui confère une fierté immense à toute la communauté soninké. C’est avant tout une reconnaissance de leur culture, de leur histoire et de leur capacité à préserver leurs valeurs à travers les âges. Cet événement incarne non seulement une source de fierté pour chaque Soninké, mais il doit également servir d’encouragement à redoubler d’efforts pour s’attacher à leur culture, à leurs valeurs, ainsi qu’à leurs principes fondamentaux, tels que la préservation de l’honneur et le respect des normes traditionnelles. Enfin, il rappelle l’importance des vertus de courage, d’entraide et de solidarité qui caractérisent cette communauté. Toutes les communautés soninkés, qu’elles soient sur le continent africain ou vivant ailleurs doivent se sentir fières de leur langue, de leur histoire et de leur appartenance à cette société et à sa culture.

Cultures Mauritanie : Quelle est l’origine historique et géographique de la langue soninké ?

Ousmane WAGUÉ : L’histoire du soninké est très connue. Elle est antérieure à l’Empire du Ghana. Mais c’est l’Histoire du Ghana qui est la plus connue et la plus répandue de nos jours. Elle est relatée dans plus de 172 sources historiques attestées académiquement. C’est le plus ancien empire africain. Il a existé du IIIe au XIIIe siècle de notre ère et son centre se trouvait dans la zone frontalière actuelle entre le Mali et la Mauritanie. Les recherches concordent sur l’existence de Ghana de 568 à 1138. Sa capitale était Koumbi Saleh. Il est le premier des trois grands empires marquant la période impériale ouest-africaine. Sur le plan géographique, l’Empire du Ghana s’étendait du Sénégal, passant par une grande partie de la Mauritanie, du Mali et jusqu’au Boucle du Niger. Il couvrait aussi l’intégralité de la Gambie, de la Guinée Bissau, une grande partie de la Guinée Conakry et du Burkina actuel.

Cultures Mauritanie : Combien de locuteurs compte la langue soninké dans le monde ?

Ousmane WAGUÉ : On avance le chiffre de 5Millions de locuteurs environ. En réalité, ce chiffre pourrait être dépassé. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n y a pas statistiques exactes, d’autant plus que les pays dans lesquels les soninké résident né délivrent pas de statistiques ethniques, d’où le lieu de relativiser les chiffres déjà avancés.

Cultures Mauritanie : Les locuteurs de la langue soninké ont-ils le même accent et les mêmes formulations partout, ou observe-t-on des variations régionales ?

Ousmane WAGUÉ : Comme le cas de toutes les langues parlées dans différentes régions, les prononciations varient en fonction des régions et des différents endroits. On parlerait du Soninké de Xaniaaga, de Hayré, du Guidimakha, de Kingui-Baaxunu, entre autres, parce que chaque groupe dispose d’une prononciation et d’une phonologie qui différent légèrement, mais qui au total, ils se comprennent dans les prononciations phonologiques, les règles orthographiques et grammaticales de la langue.

Cultures Mauritanie : Quelle est l’origine historique et géographique de la langue soninké ?

Ousmane WAGUÉ : L’histoire du soninké est très connue. Elle est antérieure à l’Empire du Ghana. Mais c’est l’Histoire du Ghana qui est la plus connue et la plus répandue de nos jours. Elle est relatée dans plus de 172 sources historiques attestées académiquement. C’est le plus ancien empire africain. Il a existé du IIIe au XIIIe siècle de notre ère et son centre se trouvait dans la zone frontalière actuelle entre le Mali et la Mauritanie. Les recherches concordent sur l’existence de Ghana de 568 à 1138. Sa capitale était Koumbi Saleh. Il est le premier des trois grands empires marquant la période impériale ouest-africaine. Sur le plan géographique, l’Empire du Ghana s’étendait du Sénégal, passant par une grande partie de la Mauritanie, du Mali et jusqu’au Boucle du Niger. Il couvrait aussi l’intégralité de la Gambie, de la Guinée Bissau, une grande partie de la Guinée Conakry et du Burkina actuel.

Cultures Mauritanie : Combien de locuteurs compte la langue soninké dans le monde ?

Ousmane WAGUÉ : On avance le chiffre de 5Millions de locuteurs environ. En réalité, ce chiffre pourrait être dépassé. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n y a pas statistiques exactes, d’autant plus que les pays dans lesquels les soninké résident né délivrent pas de statistiques ethniques, d’où le lieu de relativiser les chiffres déjà avancés.

Cultures Mauritanie : Quelles sont les particularités de la langue soninké, et qu’est-ce qui distinguent les Soninkés en tant que peuple ?

Ousmane WAGUÉ : Les caractéristiques de la langue soninké, est qu’elle dispose d’une grammaire considérée comme simple et limpide, mais pas difficiles d’accès contrairement à ce que les non locuteurs disent. Mais globalement, en côtoyant les locuteurs et en s’armant de volonté, l’on constaterait qu’il est beaucoup plus facile de parler et de comprendre cette langue. Les soninkés sont connus pour des valeurs structurant leur personnalité culturelle. Il s’agit du courage, de la pudeur, de la peur de la honte, de l’abnégation, de la retenue, de la solidarité… ; valeurs tendant à devenir rares dans un monde en perpétuel changement…

Cultures Mauritanie : Quelles sont les figures reconnues pour la promotion de la langue et de la culture soninké en Mauritanie et à travers le monde ?

Ousmane WAGUÉ : Outre les anciens chercheurs, dont Diagana Ousmane Moussa, décédé en 2001, Diagana Yakhouba décédé en 1991, des chercheurs comme le Professeur Ablaye Bathily, il faut noter fièrement les productions scientifiques inégalées de brillants chercheurs à l’instar de Mahamet Timéra, Cheikhna Mohamadou Wagué, auteur d’une brillante thèse sur les soninké du Fouta à la Sorbonne, suivie d’un livre d’une richesse rare sur cette même communauté. Il est aussi l’auteur de plusieurs articles scientifiques sur les migrations, les transformations socio-anthropologiques que connait cette communauté. Je peux citer aussi Lassana Kamara qui a travaillé sur la dimension archéologique de l’Histoire soninké, en plus de Mamadou Diawara qui a travaillé sur la Société Soninké de Kingui. Nous n’oublions pas au passage la recherche monumentale d’Eric Pollet et de Grace Winter sur la société soninké de Dyahunu. Notons également le rôle incontestable des griots et des paroliers qui continuent d’aider à restituer l’histoire des soninkés.

Cultures Mauritanie : Comment expliquer que certains groupes soninkés, historiquement conservateurs, évoluent vers des positions plus progressistes ?

Ousmane WAGUÉ : Cette approche n’est pas le propre de la communauté Soninké. Toute société qui évolue dans le monde actuel connaitra en un moment donné de son histoire deux dynamiques : la dynamique du dedans et la dynamique du dehors : la première est un catalyseur des changements dus à l’accumulation de certains facteurs, tandis que la seconde est attisée par des facteurs exogènes qui impactent toutes les sociétés. Et les soninkés ne font pas exception à la règle.

 

Interview réalisé par culturesmr.com

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