Présidentielle: François Fillon à la recherche d’un second souffle

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france election 0François Fillon a présenté ses « excuses » ce lundi 6 février devant la presse. Le candidat de la droite à la présidentielle a reconnu avoir fait une erreur « morale » en employant sa femme et deux de ses enfants. Mais il a réfuté tout emploi fictif. Il repart désormais en campagne. Une « nouvelle campagne », a déclaré François Fillon. Avec un objectif : reprendre en main son camp et regagner la confiance des Français. En pleine tourmente, François Fillon a réuni une conférence de presse pour s’expliquer sur les salaires de son épouse et de ses enfants.

Il a présenté ses excuses aux Français, tout en réaffirmant sa volonté d’être candidat à la présidentielle. Il a aussi attaqué ses adversaires, et notamment Emmanuel Macron, qu’il a comparé à un « gourou ».

François Fillon en est donc convaincu : il reste le meilleur candidat pour faire gagner la droite. Pour le prouver, sa contre-offensive s’adressait à trois cibles.

Première cible : les médias. Son « opération transparence » devant la presse était destinée à éloigner pour un temps les questions des journalistes sur l’affaire.

Deuxième cible, François Fillon cherche aussi à remettre de l’ordre dans son camp. Il a déjà commencé à mettre en scène le rassemblement de la famille derrière lui, en réunissant son premier conseil stratégique lundi soir.

Ce mardi matin, les parlementaires sont convoqués à son QG de campagne, histoire de bien montrer qu’il reste le chef et qu’il ne laissera pas les députés inquiets le déstabiliser.

Ce mardi après-midi, il sera à Troyes chez François Baroin, dont le nom a circulé comme potentiel plan B. En s’affichant à ses côtés, il enterre toute alternative.

Troisième cible : les Français. Sa conférence de presse était l’une de ses dernières cartouches. Les électeurs ont-ils été convaincus par sa défense ? Les derniers sondages le donnent pour le moment éliminé dès le premier tour.

Reste une inconnue : le résultat de l’enquête du parquet financier. D’ici là, l’ombre d’une mise en examen, et donc d’un retrait, continuera de planer sur la campagne de François Fillon.

 RÉACTIONS POLITIQUES

Pour le sénateur LR Gérard Longuet, François Fillon a fait preuve de « sang-froid ».

« Je trouve que c’est un très bel effort personnel, c’est une très belle leçon de sang-froid et de lucidité. C’est plutôt rassurant pour les épreuves qu’un président, demain, devra affronter. Il a bien fait comprendre, il a bien expliqué ce qu’il avait ressenti. Et pour quelqu’un qui souhaite exercer des responsabilités, avoir un homme qui a du caractère et de l’ouverture d’esprit sur les difficultés et les compréhensions des autres, c’est plutôt bon signe. Ce n’est pas un autiste, bien au contraire. »

Richard Ferrand, le secrétaire général d’En marche, répond aux attaques sur Macron.

« Je pense qu’il n’est jamais bon d’attaquer comme ça, sur le plan personnel, ses concurrents. Ça ne fait pas du tout avancer le débat d’idées. C’est sans doute une manière d’allumer des contre-feux. Et puis je trouve ça, si vous voulez, assez méprisant à l’égard de celles et ceux, chaque jour plus nombreux, qui s’engagent aux côtés d’Emanuel Macron et qui méritent le respect, autant que celles et ceux qui choisissent de soutenir François Fillon. J’étais assez mal à l’aise. Mal à l’aise de voir un candidat à la présidence de la République s’abaisser, au fond, à devoir d’une part donner des détails sur les emplois familiaux qu’il avait développés depuis quinze ans, nous expliquer en même temps que tout ça était calomnieux, mais présenter des excuses parce qu’au bout de quinze ans, il aurait pris la mesure qu’il y avait quelque chose d’immoral. Alors, j’ai trouvé que tout ça ne faisait pas très président, si vous voulez. »

Pour le porte-parole de Benoît Hamon, Guillaume Balas, c’est inacceptable.

« Moi, je pense que la position de François Fillon est quand même extrêmement compliquée. Parce qu’on ne peut pas d’un côté demander des efforts substantiels aux Français, qui sont d’ailleurs injustes et inefficaces du point de vue économique et social, en leur demandant de travailler beaucoup plus pour beaucoup moins – notamment, c’est le cas pour les fonctionnaires. Ensuite, de dire :  » Moi, j’ai piqué dans la caisse, mais finalement je m’en excuse, ce n’est pas très grave et on continue ainsi « , on ne peut pas avoir une morale à géométrie variable. Cette espèce d’immoralité généralisée, aujourd’hui, des élites françaises est un vrai problème. A la fin, c’est toujours les électeurs qui décident. Donc, on verra bien comment ils jugeront. Si François Fillon arrive à maintenir sa candidature et qu’ils l’appuient, finalement, sur l’assentiment de ses amis de droite, ça voudra dire qu’ils ont décidé de faire l’impasse sur ce que François Fillon avoue lui-même comme étant un problème, une faute, pour le soutenir. Donc, ça voudra tout dire de ce qu’est la droite aujourd’hui. »

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