Une heure d’échanges plutôt policés puis un débat qui s’anime et se tend crescendo: les cinq principaux candidats à l’élection présidentielle sont entrés lundi soir sur TF1 dans le vif de la campagne à moins de cinq semaines du premier tour. Exercice inédit sous la Ve République avant un premier tour, François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron se sont affrontés dans un long débat qui a laissé au deuxième plan les affaires ayant secoué la campagne.
Lors des premières prises de paroles, c’est pourtant la chaîne organisatrice qui a été la première cible: François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont critiqué le format du débat, regrettant l’absence des six autres candidats validés par le Conseil constitutionnel (Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, François Asselineau, Philippe Poutou, Jacques Cheminade).
Après des successions de prises de positions divergentes mais avec moins de débat comme sur l’apprentissage, ce sont les parties sur la sécurité et l’immigration, puis la laïcité et l’islam qui ont fait monter la température.
La candidate FN souvent prise pour cible
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Emmanuel Macron, favori des sondages avec la candidate FN pour accéder au second tour, a été la cible de tous, mais a évoqué régulièrement des points d’accord avec certains de ses rivaux, dont François Fillon. « Je crois que c’est pour moi », a glissé le candidat d’En Marche! quand le candidat PS lui a demandé des « engagements clairs » sur son indépendance envers ses nombreux donateurs de campagne. « Vous vous ennuieriez si je n’étais pas là », a-t-il ironisé, quand Marine Le Pen s’en est prise aux « intérêts privés » soutenant selon elle l’ancien ministre de l’Economie et ex-banquier d’affaires.
La candidate FN a aussi souvent été prise pour cible, notamment quand Benoît Hamon l’a accusée d’être « droguée aux pages faits divers » ou quand Jean-Luc Mélenchon l’a accusée d’« agiter des fantasmes à tout propos ». « Je veux arrêter l’immigration, c’est clair, et j’assume tout à fait mon propos », a clamé la dirigeante frontiste.
C’est sur les questions économiques que le candidat de la droite a marqué son désaccord avec elle: « Le vrai serial killer, c’est Marine Le Pen avec la sortie de l’euro, une inflation galopante (…) ».
Convaincre quelque 15 millions d’indécis
Avec seulement 66% des Français certains d’aller voter à cinq semaines du premier tour, selon une enquête du Cevipof, un des principaux enjeux pour les candidats était de convaincre quelque 15 millions d’indécis ou de possibles abstentionnistes. Dans sa profession de foi d’introduction, François Fillon a dit vouloir être « le président du redressement national », quand Marine Le Pen veut « être la présidente de la République française », « mais vraiment ». Jean-Luc Mélenchon, « dernier président de la Ve République », mettrait fin à « la monarchie présidentielle ».
Quand Emmanuel Macron a assuré porter « un projet d’alternance profonde avec de nouveaux visages, de nouveaux usages », Benoît Hamon a promis d’être « un président honnête et juste », « indépendant par rapport à l’argent et aux lobbies ». « Avec M. Hamon, c’est 32 heures, le revenu universel dans un pays qui a 2 000 milliards de dettes, on rêve et chacun sait que ces promesses-là ne peuvent pas être tenues », l’a taclé François Fillon.
Les affaires, qui ont occupé une large part de la campagne présidentielle avec l’affaire des emplois présumés fictifs de collaborateurs parlementaires dans la famille Fillon et celles des eurodéputés FN sont restées au deuxième plan. « Ici, il n’y a que deux personnes qui sont concernées: M. Fillon et Mme Le Pen. Nous n’avons rien à voir avec tout ça, alors s’il vous plaît ne nous mettez pas dans le même sac », a lancé le candidat de La France insoumise.
Deux autres débats sont prévus d’ici au 23 avril, l’un sur BFMTV et CNews le 4 avril, l’autre sur France 2 le 20 avril, consacrant la télévision comme forum électoral renforcé, après déjà quatre affrontements télévisés de la primaire de la droite et autant à gauche.
RFI