Remis au goût du jour par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, le débat autour de l’éligibilité de Karim Wade à la présidentielle de 2019 suscite, à moins de neuf mois du scrutin du 24 février 2019, passion et confrontation frontale entre le camp au pouvoir et son opposition, principalement le Pds de Me Wade. Cette déchéance «programmée» du candidat de l’ancien parti au pouvoir (2000-2012), de tous ses droits civils et politiques, ne cache-t-elle pas toutefois des zones d’ombre et non-dits, en perspective du scrutin de 2019 ? Surtout après la sortie du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, infirmant l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales.
Condamné à six ans d’emprisonnement ferme et à une amende de 138 milliards de F Cfa, à l’issue de son procès pour enrichissement illicite devant la Crei, l’ancien ministre d’Etat libéral Karim Wade, intronisé candidat du Pds à la présidentielle de 2019, ne cesse de voir son éligibilité remise en cause, de manière méthodique, par le camp au pouvoir. Invité, le samedi 09 juin, dans une télévision privée, le Pr Ismaïla Madior Fall à qui on demandait si Karim Wade du Pds pouvait être candidat à l’élection présidentielle suite à sa condamnation, a soutenu mordicus que la loi prévoit que si un citoyen est condamné à cinq (05) ans d’emprisonnement au moins, il perd ses droits civils et politiques. Ce qui a suscité la réaction pressante du Pds qui a toujours affirmé l’éligibilité de Karim Wade à la présidentielle. Mayoro Faye, de la cellule de communication du Pds, est ainsi monté au créneau le lendemain, dimanche, en affirmant sèchement que « ce ne sont pas les manœuvres de Macky Sall et de son clan qui vont empêcher Karim Wade d’être candidat à la présidentielle de 2019 ».
Le ton était donné pour la relance d’une polémique dont les acteurs, qu’ils soient du pouvoir et de l’opposition, n’ont jamais ménagé leur salive pour discréditer ou valider la jouissance de Karim Wade de ses droits civiques et politiques, dans la foulée de sa condamnation par la Crei et quoique gracié plus tard par Macky Sall. On pourrait citer à foison les commentaires des membres d’un camp ou de l’autre, sur la déchéance ou non du candidat du Pds, qu’on n’épuiserait pas la liste, tant les incriminations et répliques ont été nombreuses, en fonction du bord politique où on se situe.
Dans la foulée de la polémique relancée par le Pr Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice, son homologue de l’Intérieur, en l’occurrence Aly Ngouille Ndiaye, a lancé un autre pavé dans la mare, concernant la candidature de Karim Wade à la présidentielle. Lors de son passage à l’Assemblée nationale pour défendre le projet de loi portant modification du Code électoral, mardi dernier, le premier des flics a affirmé sans ambages que le nom de Karim Wade ne figurait pas sur les listes électorales. Comme pour enfoncer le clou, contre la candidature du fils de Me Wade ! Et de là à se persuader davantage que le pouvoir cherche méthodiquement à invalider le candidat libéral à la présidentielle. Il n’y a qu’un pas que le Pds a tôt fait de franchir. D’ailleurs, en réplique au ministre de l’Intérieur, Me Madické Niang, le président du groupe parlementaire de l’opposition, a dit n’accorder aucun crédit à cette sortie d’Aly Ngouille Ndiaye. Tout en confirmant que le candidat du Pds s’est bien inscrit et qu’il attend un document officiel tendant à lui démontrer autre chose. Au-delà des dispositions du droit, force est de reconnaître qu’en direction du scrutin de 2019, l’éligibilité de Karim Wade apparaît, au même titre que celle de Khalifa Sall, comme une sorte d’épine au pied que le pouvoir tient coûte que coûte à arracher, quitte à se mettre à dos davantage le Pds et ses alliés qui comptent sur la candidature de Karim Wade pour «bouter» Macky Sall hors du palais.
Sudquotidien