Promotion de la Planification Familiale au Centre et à l’Est du Sénégal Les populations sensibilisées pour un changement de comportement
Dans le but de promouvoir la planification familiale auprès des femmes habitant les zones reculées du Sénégal, le CRSD a pris les attaches d’une sage-femme d’Etat, Mme Rokhaya Thiam afin de mieux porter la sensibilisation sur les objectifs, les causes et conséquences, mais aussi les méthodes à utiliser. Une tournée réussie, selon Mme Thiam, qui a parcouru les régions visitées telles que Tambacounda, Matam, Bakel, Kaolack et Diourbel (Touba) où les femmes ont porté une attention particulière aux techniques de PF avant de les adopter. SENTV.info l’a rencontrée et s’est entretenue avec elle.
Merci de vous présenter Mme la Sage-femme d’Etat ?
Je suis Mme Rokhaya Thiam, sage-femme d’Etat, gérante de la Clinique ‘’Yacine’’ sise aux parcelles assainies. J’accompagne le Cadre des Religieux pour la Santé et le Développement (CRSD), partenaire de WFDD en matière de Planification familiale.
Vous entamez une tournée au niveau des régions. Pouvez-vous revenir sur les étapes et les objectifs ?
Je viens effectivement d’une tournée qui m’a menée à Tambacounda, Bakel, Matam (Sinthiou Bamambé), des régions ciblées à cause d’un fort de taux de mortalité maternelle et infantile pour voir les organisations communautaires et religieuses par l’intermédiaire des dix relais mis en place pour les sensibilise et les former sur le programme de la PF.
Etes-vous satisfaites de votre tournée et des zones ciblées ?
Nous sommes effectivement satisfaites d’avoir rencontré les Organisations Communautaires de Base (OCB) où il y aune majorité de femmes qui s’activent dans la sensibilisation. J’ai bon espoir que les résultats vont suivre.
Quelle situation avez-vous trouvé sur place ?
Nous avons trouvé une situation identique aux autres régions du Sénégal où les structures de santé manquent de matériels et dispositifs adéquats pour une bonne prise en charge de leur santé en cas d’urgence. Nous nous sommes levées pour sensibiliser les populations pour qu’elles cessent certaines pratiques néfastes à leur santé. D’ailleurs, à Mbacké, on nous signale qu’au niveau du centre de santé, il n’y pas ni échographie, ni bloc opératoire. De sorte qu’en l’absence de ces dispositifs, les femmes éprouvent énormément de difficultés, surtout si elles sont en complication et qu’elles doivent être évacuées au plus vite, et parfois dans des routes chaotiques genre Bakel – Tambacounda ou Ourossogui (particulièrement à Sinthiou Bamambé dans la région de Matam). Les protéger, les sensibiliser et les orienter restent donc un défi pour nous autres techniciens et agents de santé. C’est ainsi que l’on comprend le rôle et l’importance qu’il faut apporter pour davantage d’informations et de communications afin de réussir un changement de comportement et de mentalité.
Comment se passe la sensibilisation ? Est-ce avec les religieux ?
Pour mieux porter la sensibilisation, on se fait accompagner des religieux qui devront prendre en compte la position de l’Islam sur des sujets tels que la planification familiale, les mesures de protection sanitaire, et leur clarifier sur le plan technique les objectifs, les méthodes et la manière d’utiliser la PF, ses conséquences et les effets secondaires. C’était donc ces deux sortes de sensibilisation (technique et côté religieux) qu’il convenait d’asseoir pour réussir la sensibilisation qui est d’une importance capitale.
Comment les populations apprécient-elles votre venue dans ces localités ?
Très contentes. D’ailleurs, elles ont fait des propositions, car elles estiment que le temps passé avec elles était très court. Elles ont suggéré notre repassage pour qu’elles puissent mobiliser, à leur tour, l’ensemble des organisations religieuses pour partager ces moments de sensibilisation.
Combien de jours a duré cette tournée ?
Cela nous a pris beaucoup de jours. Du jeudi au lundi, on était sur le terrain. On a quand même pu sensibiliser le maximum de personnes notamment les femmes et d’ailleurs, je profite pour préciser qu’on a pu faire quelques visites de proximité. On était jusqu’à Ourossogui en passant par des villages tels que Ngith, Nguer et autres localités et même à Kaolack, Touba et autres où on a pu rencontrer nos frères et sœurs pour mieux réussir certains aspects de la sensibilisation. Et même certains qui ne faisaient pas partie du programme ont pu en bénéficier des conseils.
Quel rôle a joué le CRSD dans cette tournée ?
Comme vous le savez, le CRSD regroupe l’ensemble des chefs religieux et c’est à lui qu’il faut retourner l’initiative. Ils ont compris très tôt que l’Islam n’interdit pas la PF, ils ont aussi compris leur rôle, en tant que chefs religieux qui doivent porter la sensibilisation et du coup, ils participent ainsi au développement du pays. Pour cela, il faut assurer une santé de fer aux femmes et aux jeunes en période de reproduction. Nous décernons un satisfécit au CRSD car, en tant qu’agent de santé, j’ai beaucoup appris de notre collaboration. Des choses essentielles qui touchent les activités liées à mon travail jusqu’à ma manière d’opérer dans ma religion. J’en suis reconnaissante et tout ceci c’est grâce à leur dévouement.
Propos recueillis par Mohamed Wagué et Youssouf NDIONGUE