SENTV : Autrefois, elles occupaient les rues et avenues de la capitale pour vendre leur charme aux hommes en quête de sensation forte pour vivre leur fantasme. De belles demoiselles de tous âges qui opéraient la nuit s’adonnaient au plus vieux métier de la planète : la prostitution.
Aujourd’hui, cette stratégie de séduction est révolue. Elles se sont adaptées à l’évolution des technologies de la communication pour adopter la prostitution digitalisée : Facebook et groupes WhatsApp. Des pseudos incitateurs, provocateurs, jouissifs, orgasmiques … sont proposés pour attirer des hommes qui veulent satisfaire leur libido moyennant une somme tarifée selon le client et la prostituée. Un business qui fait nourrir des familles entières, qui fait voyager des parents dans les lieux Saints, … trop de secrets. Dans ce reportage, Dakaractu vous plonge dans l’univers du sexe à la découverte de différentes planètes de plaisir avec les sautillements et séismes orgasmiques jamais vécus et jamais contés…
Nord Foire, Ouest Foire, entre autres quartiers dakarois réputés calmes, résidentiels avec de belles villas qui n’ont rien à envier aux quartiers huppés, sont en train de devenir des repaires pour la prostitution digitalisée. « Je viens d’emménager à Ouest-Foire mais je ne savais que c’est une zone infestée de pu… », se plaignait un internaute dont la famille vient de déménager dans ce quartier se trouvant dans la partie Ouest de la capitale. Elles occupent des immeubles et logent dans des appartements parfois « jamais » ouverts. Elles occupent les balcons des appartements, le téléphone scotché à l’oreille pour guider le chercheur de plaisir charnel.
Mercredi soir. Nous sommes au quartier Ouest Foire. Du haut de la terrasse de l’immeuble où elle reçoit la clientèle, Oumy D…f l…f » répond à l’appel de Nioks. Ce dernier, jeune étudiant, après avoir terminé ses examens, n’ayant pas de copine pour des raisons inavouées, a scruté le ciel de l’univers de la prostitution sur les réseaux sociaux, « ame niary danou », taper les « Face » des « Book » pour se décompresser. Il nous a invités à l’accompagner dans le logement de « Oumy D…f l..f » rencontré dans les réseaux sociaux. Il prend son téléphone et appelle sa dulcinée du jour. « Salam Oumy, mane la Nioks. Gnary danou la beugue (Salut Oumy, c’est Nioks. Je veux deux coups). C’est combien ? » Il met son téléphone en haut-parleur. Elle se défoule sur le jeune homme. « Koula wakhni mane thiaga la ? Wakh ko sa Ya…(Qui t’a dit que je suis une fille de joie. Vas voir ta mè…) « Puis elle raccroche. Il avait été soufflé à l’oreille de ce réseau par un ami.
Ne désespérant pas, il prend son second numéro pour rappeler. Après avoir décroché, elle dit : « Foné ? magui ci kaw térasse bi (Tu te situes où ? Je suis sur la terrasse) » très souriant, il répond, « mangui ci taxi bi di gneuw (Je suis dans le taxi). Indique-moi la maison! » Elle répond par dire qu’arrivé à la … au 3ème … je t’aperçois. » Il dit « Ok, je suis dans les parages ».
Arrivée au lieu indiqué avant d’appeler, elle l’appelle pour lui demander « est-ce toi en chemise et chapeau sombre avec des chaussures de basket ? » Il répond par l’affirmative. Aussitôt, nous prenons congé de lui pour lui permettre de satisfaire sa libido. Pour entendre toute la discussion, nous l’avons appelé sans raccrocher le téléphone, il est allé rencontrer sa « Oumy ». De la chambre après les salamalecs d’usage, elle dit « danou 10.000f ». Il marchande pour 5.000f l’unité pour lui permettre d’avoir ses deux doses. Marché conclu, elle lui demande l’argent. Sans rechigner, il passe à la caisse et casque 10 000 francs séance tenante. Pendant que Nioks se soulageait, les téléphones ne cessaient de claironner…
Très futé, Nioks a pu soutirer quelques mots. Oumy semble être très curieuse. Elle a accepté la discussion créée par son hôte de quelques minutes. « La vie est très difficile. Je suis l’aînée de ma famille. Mon père est décédé depuis que j’ai 10 ans et ma mère vend des arachides au village. On m’a interdit les lourdes tâches. C’est pourquoi je n’ai trouvé autre chose que de pratiquer ce métier depuis 10 ans. Je gagne au moins 50.000 la nuitée » fait-elle savoir. À la question de savoir pourquoi « Facebook », elle répond : « il faut être au diapason. C’est nous qui avons révolutionné ce métier et envoyé les vieilles marmites à la retraite sexuelle. Nous connaissons les dangers avec les flics qui sont à notre recherche pour démanteler le réseau. Ils se fatiguent parce que beaucoup de filles le font. La plupart des immeubles de ce quartier sont logés par des filles qui s’adonnent à ce métier et chacun a sa stratégie pour appâter les clients », fait-elle savoir. « Pourquoi je dis que beaucoup de filles le font ? Les stories le prouvent. Elles vendent leurs corps avec des vidéos quasiment pornographiques. Elles exhibent presque tout. Les plus jeunes ne se cachent plus. Elles utilisent leur stories pour attirer les nandités », souffle-t-elle.
Le mariage, pas un barrage…
Partant de cette brèche offerte par Oumy qui a eu aussi la gentillesse de filer des contacts à son invité pour des amis, nous en avons profité pour tenter l’expérience. Un clin d’œil sur Instagram, un pseudo attire notre attention. D. L… une dame d’une beauté angélique, aux formes généreuses. Il s’appelle Oussou. Un ami de Nioks qui travaille dans une entreprise de la place. Il tente la même expérience que son ami. « Lorsque j’ai appelé, je suis tombé sur une voix suave et séduisante. Elle m’a indiqué son logement. Mais j’avoue qu’elle ne loge pas sur les lieux. De ce qu’elle m’a dit, elle est une femme mariée. Son époux est un chauffeur toujours en déplacement. Et pour subvenir aux besoins de sa famille, dit-elle, elle s’adonne à la prostitution digitalisée. Elle pratique son métier le jour. Elle dit recevoir ses clients la journée parce que la nuit elle est en famille et avec son mari », raconte notre interlocuteur que nous avons joint par téléphone. Ce qui l’intrigue dans l’histoire, c’est le fait que la dame travaille la journée sans que son mari ne soit au courant de ses activités peu catholiques. « Il est toujours en déplacement et je ne peux pas rester deux jours sans avoir de rapports. Quand il est là, j’éteint le téléphone que je laisse dans l’appartement ou je le confie aux filles. J’aime le sexe et mon mari le sait. Je lui dis que je suis femme de ménage de bureau. Je rentre parfois à la maison complètement fatiguée parfois j’ai du mal à marcher surtout quand je reçois des hommes endurants aux attributs dépassant la norme. Si j’en reçois quatre, j’arrête pour me reposer afin d’avoir de la force, si mon mari est là », fait-elle savoir.
Elles sont partout sur les réseaux sociaux. Elles poussent comme des champignons sur la toile. Beaucoup d’entre elles n’ont pas de carnets sanitaires et ne consultent pas un médecin. C’est le cas d’Oumy et de D… L… qui reconnaissent ne pas avoir de carnets de santé et ne sont jamais allés à l’hôpital pour une quelconque auscultation.
Les réseaux sociaux sont devenus des lieux de vente de corps. Nos deux interlocutrices déballent qu’il y a des groupes Whatsapp bien contrôlés qui existent. Ces groupes permettent aux clients de se donner des RV inbox. Cependant, c’est très compliqué d’adhérer à ces groupes. Zeyna est une dame toujours bien habillée. Elle squatte la place de l’indépendance. Ces clients travaillent en ville. « Ces groupes Whatsapp sont contrôlés par des hommes et femmes très influents. Les critères sont corsés : à part ton identité, tu donnes ton adresse normale. Un jour des gros bras atterriront chez toi pour te donner une fiche à remplir. Et dans cette fiche, est inscrit si tu dévoiles un membre ou le réseau, c’est ta famille qui sera décimée, … » raconte cette dame qui attendait l’appel d’un caïd du plateau.
Des Étudiantes dans la danse
Toutefois, elles reconnaissent le danger qu’elles encourent. Même les étudiantes ne sont pas épargnées. Un samedi soir, Abdoulaye s’est rendu à la Cité Aline Sitoé Diatta dite « Cité Claudel » pour rendre visite à une de ses multiples copines. Au moment où il discutait avec elle, témoigne-t-il « j’ai entendu ses amies parler de création de compte Facebook. À entendre les pseudos proposés, je suis tombé des nues : Kha… bou Th… ; Le… bou No… ; Ma… k… » , dit-il, médusé. Il poursuit, quinze minutes plus tard, il a recherché ses pseudos qu’il a retrouvés. « J’entendais les gens le dire. Mais aujourd’hui, je le crois. Aussitôt j’ai harcelé ma copine avec des menaces parce que voir des étudiantes qui se prostituent, c’est grave à plus forte raison ses amies de chambre. Est-ce qu’elle n’est pas dans le lot ? » Et pour confirmer ses dires, Waly un ancien délégué retrouvé à la plage de Diamalaye en train de prendre un bain de soleil raconte. « La prostitution qui est à l’Ucad est extrême. Un samedi soir, je voulais satisfaire mon désir, je suis allé sur Facebook … Comme un conte de fée, l’ex délégué de l’Ucad souffle avoir fait la connaissance d’une étudiante qui avait payé le billet de La Mecque à son père. « J’avais une amie qui se prostituait. C’est après que je l’ai su. C’est en pratiquant ce métier qu’elle m’a dit qu’elle avait acheté un billet à son père pour aller à La Mecque. Elle dormait les matins et les nuits, personne ne pouvait la voir à l’université. Son téléphone était toujours éteint. Elle ne rentre que le matin. Elle logeait seul dans sa chambre », fait-il savoir
Lorsque j’ai appelé, je suis tombé sur une fille qui m’a donné rendez-vous dans un appartement où toutes les chambres sont occupées. Une fois dans le couloir, j’entendais les hommes gémir, d’autres criaient de plaisir. Je suis rentré dans la chambre, que j’ai vu nez à nez, la copine de mon meilleur ami. Aussitôt j’ai appelé Mansour qui m’a retrouvé sur les lieux. Sans vergogne, elle nous dit : ton ami ne peut me payer des cheveux naturels. C’est comme cela que nous avons quitté les lieux. Et ce qui a fait plus mal à Mansour, c’est le fait qu’ils soient ensemble pendant trois ans et elle lui fait croire qu’elle est vierge et quand elle a un client, elle lui ment. J’étais délégué, ce que j’ai vu à l’Ucad surtout dans les logements des filles, c’est du n’importe quoi. Des hommes passent la nuit avec elles dans leurs chambres… » rapporte notre interlocuteur.
« Pour payer le mouton de Tabaski »
Fatou Faye, est une bachelière non orientée. Lasse de dépendre de son oncle dans la banlieue dakaroise, et épuisée par l’attente d’une orientation qui ne lui sourit pas, elle s’est lancée dans ce business fructueux à travers une connaissance. Très digitale malgré son insularité, elle semble être au diapason d’internet. Elle a choisi un pseudo et une photo profil très classe sur instagram. Fatou est une demoiselle aux longs cheveux noirs bouclés et de grands yeux marron. Fine et de grande taille, elle aurait pu faire mannequinat mais elle choisit la prostitution pour subvenir, dit-elle, « aux besoins de mes parents restés au village. Depuis que je suis à Dakar, j’envoie la ration mensuelle. Les fêtes c’est moi. Le mouton de Tabaski, je l’achète ici ou j’envoie l’argent pour que mon père le paye pour la fête. Je le fais malgré moi. Quand je vois mes parents en face, je pleure parce qu’ils ne savent pas que je me prostitue pour les nourrir. Je me prostitue pour acheter le mouton de Tabaski » fait-elle savoir. Du haut de ses 25 ans, dit-elle, « c’est l’avènement du net. Parfois on discute avec les clients d’abord par messages. Les plus téméraires cherchent à avoir le numéro pour passer plus vite. Je vous dis, je reçois tout le monde. Des autorités de ce pays viennent me voir. Il y a quelqu’un qui m’avait proposé un appartement qu’il paie. Quand il a envie ou que sa femme voyage, il passe la nuit avec moi laissant ses enfants avec sa mère prétextant qu’il est à Mbour pour un séminaire », raconte la dame. Elle nous conte l’histoire d’une dame appelée « VIP » dans leur jargon. Elle dit : « VIP ne reçoit que les autorités. Elle voyage partout à travers le monde. Son danou au minimum c’est 500.000. Elle peut se retrouver avec des dizaines de millions. Elle voyage avec des autorités qui ne veulent pas se faire avoir ou ficher » nous souffle-t-elle.
*Les noms sont modifiés…
DAKARACTU