« Malgré qu’il soit haut cadre de l’administration, maire, député et Ministre, Emile Badiane passait ses vacances dans les champs de la verte Casamance », me disait mon papa. Pour lui, « Emile Badiane a marqué son époque non pas par les fonctions qu’il occupait, mais par sa simplicité, sa présence dans les champs et son attachement à sa culture ».
Né en 1915 à Tendiéme dans le département de Bignona, Emile Badiane a commencé sa carrière professionnelle comme instituteur et directeur d’école à Podor en 1943 avant d’être affecter en 1945 à l’Ecole Mathias Sambou Tendeng de Nyassia dans le département de Ziguinchor.
Sous le Sénégal indépendant, Emile avait occupé les postes de ministre de l’Enseignement technique et de la formation des cadres, puis celui de la Coopération jusqu’à sa mort survenue le 22 décembre 1972 des suites d’une courte maladie.
Après ce bref résumé sur son parcours, je vais revenir un peu sur son legs qui n’est autre que l’agriculture.
Permettez-moi de rendre hommage à ce grand homme politique qui avait marqué mon papa. Dans les champs de mon village natal Daroul-Khaïry dans la Commune de Kataba1, mon père ne cessait de me conter l’histoire de cet homme visionnaire qui descendait dans les rizières avec son « kadiando » pour labourer les périmètres paternels. Mon papa m’avait dit qu’ « Emile Badiane avait promis à son père de revenir chaque année labourer ses rizières durant les vacances et avait tenu sa promesse jusqu’à sa mort en 1972 ».
Toujours selon les dires de papa, « Emile était un grand ami de ton grand père Cheikh Shamsidine parce qu’il aimait l’agriculture. Avec sa disparition, le Sénégal a perdu l’un de ses plus valeureux fils ».
Le passage d’Emile Badiane à Nyassia ou au pays Bayott a été marqué par la réalisation d’un grand verger à Etomé chez Guy Maurice Sagna. Et j’ai eu la chance de goûter aux délicieux fruits de cette plantation grâce à mes deux camarades de classe à savoir Pascaline Gomis et son frère. En effet, leur grand-père avait en charge la gestion de ce grand verger. Pour votre information c’est à l’école de Nyassia que j’ai eu mon entrée en sixième.
Chers camarades politiques, Emile Badiane avait très tôt compris que le développement de notre pays ne peut se faire que « par nous pour nous ».
Oui une agriculture développée pour une bonne promotion du consommé local « par nous pour nous ». Raison pour laquelle, il descendait personnellement dans les champs durant les vacances gouvernementales sous l’ère du Président Léopold Sédar Senghor. Malheureusement c’est à la fleur de l’âge que la mort l’a arraché à notre affection.
Chers camarades politiques à l’instar de notre regretté Emile Badiane, je lance un appel à tous pour un retour à l’agriculture car la terre nourricière ne trahit pas.
Acceptons de suivre les traces d’Emile Badiane dans les champs, les rizières et les vergers pour l’agriculture ; les fleuves, bolongs et rivières pour la pêche ; les ranchs et troupeaux pour l’élevage. L’objectif est d’avoir un secteur primaire développé, seul gage pour un Sénégal émergent.
Comprenons que ce n’est pas dans les bureaux, dans les salles de conférence ou à travers les médias et réseaux sociaux que le Sénégal atteindra sa souveraineté alimentaire. Retournons à la grande agriculture.
Vive l’agriculture !
Vive la pêche !
Vive l’élevage !
Vive le Sénégal !
Par Talibouya AIDARA
Cadre Républicain Commune de Kataba1
Email : aidara.or.t@gmail.com