L’approche est originale mais tout aussi pertinente. Depuis des mois, des organisations de la société civile réfléchissent sur la cartographie du conflit casamançais pour mieux appréhender cette crise qui perdure et orienter les uns et les autres vers une solution définitive.
Quelles sont les différentes étapes de la crise en Casamance, les différents acteurs qui interviennent dans le processus de paix, les initiatives qui ont été développées jusque-là ? La réponse à ces questions a mobilisé, pendant des mois, les experts du Forum civil et de la Coordination sous-régionale des organisations de la société civile pour la paix en Casamance. Le but de l’exercice est de produire un rapport qui servira de viatique pour avoir une compréhension pertinente de cette crise qui déchire cette partie sud du Sénégal depuis décembre 1982.
Il y a quelques semaines, un projet de rapport avait fait l’objet de discussions entre les membres de ces deux organisations, à l’origine de cette initiative qui vise à produire une cartographie des acteurs intervenant dans cette crise, mais aussi les différentes initiatives menées sur le terrain pour tenter d’apporter une solution durable. Avant-hier, le rapport a été présenté à Ziguinchor en présence de plusieurs acteurs, mais aussi des membres du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). Il s’est agi de procéder à une validation du rapport pour ensuite le partager au niveau de la base, dans les trois régions qui composent la Casamance naturelle (Ziguinchor, Sédhiou et Kolda).
Si l’on en croit le coordonnateur général du Forum civil qui a fait le déplacement à Ziguinchor pour les besoins de cet exercice, le document sera également partagé avec les différentes institutions du pays que sont l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental, le Haut conseil des collectivités territoriales, etc. Aussi, tous les Sénégalais seront invités à s’approprier cet outil de compréhension de cette crise qui concerne tout le monde, a promis Birahim Seck qui inclut, dans la démarche, les différentes factions extérieures du mouvement irrédentiste. Cela devra donc de permettre à tout le monde de comprendre les tenants et aboutissants de la crise casamançaise qui se joue sur le terrain. C’est d’ailleurs le premier intérêt de cette réflexion qui a découpé le conflit en quatre étapes : de 1982 à 1993, de 1993 à 2000, de 2000 à 2012 et de 2012 à nos jours. Pendant toutes ces étapes, des initiatives ont été menées par plusieurs acteurs, politiques, militaires, les religieux, les jeunes, les femmes, les organisations de la société civile, les organisations communautaires de base, les pays limitrophes, etc.
Mais, plus qu’une simple énumération, un diagnostic des forces et des faiblesses des différentes interventions doit être fait pour que le document soit pertinent, d’après Birahim Seck. Et à partir de cette compréhension globale et des ajustements qui peuvent être faits, ce dernier «pense que des solutions peuvent être trouvées pour aller finalement à la table des négociations». La rencontre a été une occasion pour inviter les différents protagonistes à aller rapidement à la table des négociations. Aussi, l’Etat est invité par le coordonnateur des organisations de la société civile pour la paix en Casamance, Henry Ndecky, à s’ouvrir à la société civile, à l’écouter pour une meilleure compréhension et un bon accompagnement du processus de paix.
Mamadou Papo MANE