Une semaine après avoir officialisé sa candidature à la présidentielle de mars pour un quatrième mandat qui le porterait au pouvoir jusqu’en 2024, le maître du Kremlin s’est livré à un exercice dont il raffole : devant plus de 1 600 journalistes, il a répondu pendant 3h40 à des questions sur la vie quotidienne, l’économie, les grands dossiers internationaux, et sa future campagne.
Le président russe en a dit un peu plus sur sa stratégie pour la campagne présidentielle. Il a annoncé par exemple qu’il se présenterait en candidat indépendant, qu’il allait donc s’affranchir du soutien du parti Russie unie, le parti majoritaire au Parlement. Vladimir Poutine souhaite ainsi apparaître comme un candidat se plaçant au-dessus des partis – et qui s’émancipe en outre d’une formation politique qui n’a pas vraiment la cote auprès de la population russe.
Très sûr de lui, Vladimir Poutine a énuméré ce qu’il a présenté comme les succès économiques de la Russie depuis son arrivée au pouvoir. « Les difficultés récentes issues des sanctions et de la chute des cours du brut sont derrière nous », a en outre affirmé le président russe.
Vladimir Poutine a été interrogé par des journalistes souvent conciliants, parfois même complaisants. A de rares exceptions près, et à une exception de taille, puisque Ksenia Sobtchak, elle-même candidate à la présidentielle, a été autorisée à poser une question en tant que journaliste accréditée. La question était très attendue et Ksenia Sobtchak en a profité pour parler d’Alexei Navalny, le porte-drapeau de l’opposition russe qui n’aura pas le droit de se présenter en raison de ses démêlés avec la justice. Vladimir Poutine a botté en touche refusant de nommer Alexei Navalny par son nom et le comparant à un militant radical qui chercherait à prendre le pouvoir par la force.
Si l’opposition est faible en Russie, explique Vladimir Poutine, c’est parce qu’elle ne parvient pas à faire des propositions concrètes pour améliorer la vie des Russes. « Ce n’est pas à moi de former mes opposants », a expliqué le président russe, visiblement peu sensible aux critiques sur les entraves imposées à l’opposition pour qu’elle puisse jouer un rôle réel dans la campagne et dans l’élection à venir.
Conforté par des sondages plus que flatteurs, Vladimir Poutine semble assuré de sa propre réélection, et n’a guère l’intention de laisser son principal opposant participer à un scrutin joué d’avance.
RFI